Après avoir décliné sa nouvelle stratégie de développement économique, baptisée «Plan Sénégal émergent», l'Etat sénégalais s'apprête à se lancer dans la production de pétrole, suite à l'annonce de la découverte de réserves d'or noir au large du pays. L'annonce récente, par la compagnie britannique Cairn Energy, d'une découverte de pétrole sur l'offshore sénégalais a été qualifiée de «bonne nouvelle» du côté de Dakar. Ce pays-carrefour de la région ouest-africaine se voit, en effet, déjà producteur de pétrole au cours des prochaines années. Les premières estimations des réserves font état de 250 millions de barils de pétrole, avec une probabilité de 90%, et à 2,5 milliards de barils, avec une probabilité de 10%. Il pourrait s'agir d'un tournant pour l'économie sénégalaise qui souffre, entre autres maux, de l'absence de richesses naturelles considérables dans le pays. La manne pétrolière sénégalaise pourrait servir d'appoint dans l'équilibre des comptes globaux de ce pays quasi-dépendant de l'aide extérieure et des transferts de sa diaspora éparpillée aux quatre coins du monde. Le principal enjeu consisterait à bien tirer profit de cette nouvelle richesse, et à éviter le piège qui retarde encore de nombreux Etats africains exportateurs de pétrole, incapables jusque-là d'assurer la prospérité de leurs populations. Financer le PSE Le Sénégal, qui vient tout juste de lancer son plan d'émergence, dénommé «Plan Sénégal émergent (PSE)», semble désormais offrir plus de visibilité aussi bien aux investisseurs étrangers qu'à ses propres acteurs économiques. Le PSE vise à assurer un essor économique du pays en dotant le pays d'infrastructures et d'une logistique aux standards internationaux, mais aussi en assurant le développement de l'agriculture. En résumé, selon le gouvernement, la vision consiste à construire «un Sénégal émergent en 2035 avec une société solidaire dans un Etat de droit». En termes de coût, le PSE est évalué à 9.685,7 milliards de FCFA (1DH=65 FCFA). Selon l'Etat sénégalais, son financement est acquis pour 5.737,6 milliards de FCFA, soit 59,2%. La mise en œuvre diligente des réformes clés et des projets «permettra d'atteindre un taux de croissance annuel moyen de 7,1% sur la période 2014-2018» fait-on savoir du côté de Dakar. De plus, le déficit budgétaire devrait être réduit, passant de 5,4% en 2013 à 3,9% en 2018. Quant au déficit du compte courant, il pourrait également être ramené sous la barre des 6% en 2018, alors que le taux de l'inflation, mesuré par le déflateur du PIB, resterait en dessous du seuil communautaire fixé à 3%. Telles sont les ambitions déclinées; il reste à les concrétiser sur le terrain.