La tenue du XVe Sommet de la francophonie à Dakar a permis de relancer le débat sur la création d'un espace économique solidaire entre pays membres. Des voix appellent à la création d'un espace de libre-échange francophone. Au-delà de l'élection de la Canadienne Michaëlle Jean, qui devient la nouvelle secrétaire générale de l'OIF, le XVe Sommet de la francophonie, tenu ce week-end à Dakar, a été l'occasion pour l'ensemble des pays membres de cet espace, qui compte désormais 80 Etats, de se rendre compte de la nécessité d'axer leur coopération sur le développement économique. Cette urgence à d'ailleurs été évoquée par certains chefs d'Etat lors de leur allocution. Le président gabonais Ali Bongo Ondima est même allé jusqu'à appeler à la création d'un espace de libre-échange francophone. «C'est la condition indispensable pour garantir le dynamisme de nos pays, pour que notre jeunesse, les opérateurs culturels et économiques, soient à même de tirer le meilleur avantage de l'ouverture des sociétés africaines aux flux du monde», a-t-il indiqué samedi dernier, devant ses pairs venus des quatre coins du monde. Car aujourd'hui, force est de constater que le cadre de coopération purement culturel tend de plus en plus à devenir caduc. Malgré les «performances» dont se gargarise l'OIF en termes de progrès du français, on se rend compte que cette langue est bien loin de pouvoir se comparer à certaines langues «internationales» comme l'anglais. Le français n'est que la 5e langue la plus parlée du monde. Elle peine à s'imposer comme la langue du business à travers le monde. 16% du PIB mondial En Afrique, où se concentre la majorité des pays francophones du monde (on parle même de 6 francophones sur 10), l'espace anglophone continue de damer le pion aux Etats où le français est langue officielle. Sur le plan économique, les indicateurs sont beaucoup plus positifs du côté des pays ayant adopté la langue de Shakespeare que ceux ayant hérité de la langue de Molière par le biais du système colonial. Globalement, le poids économique des pays membres de l'OIF n'est pas négligeable, mais il reste faible par rapport à l'espace Commonwealth. En effet, les pays membres de l'OIF représentent 274 millions d'habitants, soit environ 4% de la population mondiale, pèsent 16% du PIB mondial et abritent 15% des réserves en matières premières. À l'horizon 2060, on estime que les locuteurs francophones seront au nombre de 767 millions, dont 85% en Afrique. Croissance Pour autant, le potentiel de commerce entre les pays francophones reste considérable. C'est la conviction de l'économiste Jacques Attali, auteur d'un rapport sur le sujet. Si les pays membres de l'OIF parvenaient à mettre sur pied un partenariat économique durable et dans une logique «gagnant-gagnant», cela contribuerait considérablement à la croissance de leurs économies. En tout cas, c'est le point de vue de Jacques Attali, qui rappelle que «les gens qui parlent la même langue font 70% d'affaires de plus entre eux que des gens qui ne parlent pas la même langue». Ce constat semble corroboré par la présence marocaine en Afrique subsaharienne. En effet, le label Maroc se retrouve plutôt dans les pays francophones qu'anglophones.