Face à la concurrence des entreprises privées de messagerie et d'Internet, les services postaux africains ne cessent de perdre du terrain. Pour se rattraper, les professionnels entendent profiter des opportunités du Net, en misant sur le e-commerce. La poste africaine fait face à des défis immenses. Les responsables en charge de ces établissements publics l'ont bien compris et ont tenté une nouvelle fois, lors du forum postal africain tenu les 4 et 5 décembre, d'y apporter des solutions. Cet événement est l'occasion pour les différents directeurs généraux africains des postes de tenir leur conclave, baptisé «Forum CEO Coopération Sud-Sud». Cette année, il a été question, entre autres thématiques majeures, des opportunités à tirer du e-commerce, ou encore des enjeux du développement de la compétence postale. Unanimement, les acteurs du milieu reconnaissent qu'avec «les mutations technologiques accélérées, le e-commerce s'impose comme un véritable levier de croissance que les postes africaines doivent saisir». Pistes de relance Dans cette optique, plusieurs idées ont été émises. En plus de satisfaire aux attentes des internautes en termes de garantie des délais, de la compétitivité des prix, de la livraison à domicile, et de faciliter les paiements en ligne, les professionnels tentent également d'explorer des solutions adaptées aux PME. Sur ce dernier point, il est notamment question d'héberger les sites marchands des PME et des coopératives. Sur un autre plan, les postiers voient la nécessité de mettre à niveau «l'élément humain» afin d'accompagner ce processus de transformation. «Cela constitue la pierre angulaire de la réforme postale», indiquent les professionnels du secteur. Faut-il le rappeler, face à la concurrence des sociétés privées de messagerie, les postes publiques semblent battre de l'aile, comme le confirment les données de l'UPU. 2,3 envois par habitant En 2011 par exemple, les revenus des services postaux ont connu des baisses significatives par rapport à 2010. «Les revenus tirés des services financiers postaux ne représentent que 11,5% du montant total des revenus des opérateurs désignés en Afrique, malgré les énormes potentialités». Par ailleurs, le volume du courrier intérieur a connu une baisse de -3%, contre -6,8% pour celui des courriers internationaux. En Afrique, le nombre d'envois postaux déposés par habitant par an n'est que de 2,3, soit bien en deçà de la moyenne mondiale (52,3). Les statistiques de l'UPU précisent en outre que le trafic des colis postaux reste très faible en Afrique, soit seulement 0,1% des estimations mondiales. C'est pour faire face à cette chute vertigineuse des indicateurs que l'UPU a lancé un Plan de développement régional pour l'Afrique sur la période 2013-2016. Celui-ci est en cours d'exécution mais fait face à de nombreux défis, comme le faible taux d'électrification sur le continent. Amin Benjelloun Touimi Directeur général de Barid Al-Maghrib Ces temps sont marqués par une transformation inéluctable du secteur postal, qui est confronté à de grands défis. La remise en question du modèle postal classique a poussé les pouvoirs publics, dans beaucoup de pays, à revoir le modèle économique et à réformer le secteur dans l'optique d'une libéralisation progressive. Cette orientation a été accompagnée en général par la mise en place de structures de régulation. Celles-ci garantissent la viabilité économique de l'opérateur postal et le renforcement de son rôle comme plateforme visant le soutien au développement humain du pays, qui est une mission importante pour le développement local. Je pense que, pour nous tous, le moment est venu de place la Responsabilité sociale et environnementale (RSE) au cœur de nos stratégies et de la partager au sein de notre région. Concernant Barid Al-Maghrib, elle a accéléré son rythme de transformation, avec notamment sa transformation en société anonyme en 2010 pour lui donner l'agilité nécessaire pour son développement. Ensuite, le transfert des services financiers à Al Barid Bank, filiale bancaire du groupe lancée en juin 2010, et qui a su très rapidement s'imposer comme acteur majeur dans l'accélération de la bancarisation de nos concitoyens. Par ailleurs, les activités sous concurrence au niveau de l'activité Courrier (courrier hybride et marketing direct, etc..) -qui sont, d'ailleurs, des activités à valeur ajoutée- ont été transférées à la nouvelle filiale, Barid Media, en 2013.