La nouvelle Constitution prévoit dans son article 5 la création d'un «Conseil national des langues et de la culture marocaines, chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d'inspiration contemporaine». Dès l'annonce de la mise en place de ce conseil, la sphère culturelle marocaine s'est réjouie de cette décision. «Plusieurs articles de la nouvelle Constitution visent à promouvoir la culture dans notre pays. La constitutionnalisation de la langue amazighe comme deuxième langue officielle du pays est un acquis considérable. La création du Conseil national des langues et de la culture marocaines vient également renforcer la diversité à travers la reconnaissance de la culture et des affluents hassanis, africains, hébraïques et andalous», nous explique le président de la Coalition marocaine de la culture et des arts, Hassan Neffali. Ce conseil, dont les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement seront déterminés par une loi organique, offrira, toujours selon Neffali, une occasion à nos créateurs de s'exprimer et de proposer au pouvoir législatif des lois susceptibles de redorer le blason de la culture dans notre pays. Faciliter l'accès des jeunes à la culture Outre l'article 5, d'autres articles de la nouvelle Constitution évoquent de manière claire les domaines de la culture et de l'art dans notre pays. C'est ainsi que l'article 25 précise que «sont garanties les libertés de pensée, d'opinion et d'expression sous toutes leurs formes. Sont garanties les libertés de création, de publication et d'exposition en matière littéraire et artistique et de recherche scientifique et technique». Dans le même sens, l'article 26 stipule, entre autres, que «les pouvoirs publics apportent, par des moyens appropriés, leur appui au développement de la création culturelle et artistique (...). Ils favorisent le développement et l'organisation de ces secteurs de manière indépendante et sur des bases démocratiques et professionnelles précises». Par ailleurs, l'article 31 précise que «l'Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à la mobilisation de tous les moyens à disposition pour faciliter l'égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir des droits (...) à la formation professionnelle et à l'éducation physique et artistique». Enfin, l'article 33 indique qu'il «incombe aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures appropriées en vue de (...) faciliter l'accès des jeunes à la culture...». À l'instar d'autres secteurs, les domaines de la culture et de l'art s'apprêtent à vivre une révolution qui contribuera certainement à les faire sortir de leur léthargie. «Il faut consolider davantage l'IRCAM»: M'hamed Sallou, Chef du département de communication de l'IRCAM Les Echos Quotidien : Quels seraient les rapports de l'IRCAM avec le futur Conseil national des langues et de la culture marocaine ? M'hamed Sallou : La mission principale du Conseil national des langues et de la culture marocaine sera de protéger les langues arabe et amazighe, ainsi que les diverses expressions culturelles marocaines. Il aura pour mission également d'élaborer une stratégie culturelle et linguistique de notre pays. Il se penchera certainement sur les moyens nécessaires qui doivent être mis en place pour que la langue amazighe puisse remplir sa tâche en tant que langue officielle du pays. Dans ce sens, l'IRCAM constitue un gain pour nous. Il faut donc consolider cette institution pour qu'elle puisse participer activement au développement de la langue amazighe. La nouvelle Constitution n'évoque pas expressément le tifinagh, est-ce que cela vous cause des inquiétudes quant à l'avenir de cette langue ? Depuis la mise en place de l'IRCAM, le Maroc a acquis une expérience conséquente qui lui a permis d'enseigner le tifinagh, reconnu au niveau international depuis 2004. Vous savez, selon le ministère de l'Enseignement et de l'éducation nationale, les élèves marocains n'ont pas trouvé de difficultés à saisir le tifinagh. Il y a donc des acquis que l'on ne peut pas négliger. Le tifinagh a sa place au Maroc. Comment imaginez-vous l'officialisation graduelle de la langue amazighe ? Comme je vous l'ai expliqué, la constitutionnalisation de la langue amazighe contribuera à sa protection, ce qui est très important à mon sens. Cette mission ne peut aboutir qu'à travers des étapes et des actes bien précis. Je pense qu'il faut, entre autres, renforcer le rôle que joue cette langue via les médias et l'enseignement.