«Le Maroc joue un rôle avant-gardiste en matière d'aménagement linguistique sur le plan régional» Le Maroc joue un rôle avant-gardiste au niveau régional en matière d'aménagement linguistique, grâce aux acquis engrangés par le Royaume en ce qui a trait à sa gestion des affaires linguistiques et culturelles nationales, a affirmé le recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), Ahmed Boukous. Dans un entretien accordé à la MAP à l'occasion du 11ème anniversaire du discours royal d'Ajdir, M. Boukous a noté que le bilan du Maroc en matière de consécration de la langue amazighe est devenu une référence au niveau des pays de la région, rappelant , dans ce sens, l'adoption du Tifinagh et les recherches linguistiques, artistiques et littéraires. Il a également relevé que des chercheurs maghrébins sollicitent l'aide de l'IRCAM afin de tirer profit des recherches et manuscrits de l'Institut. Les efforts de l'IRCAM se poursuivront en vue de l'élaboration de dictionnaires dédiés à la langue amazighe, et de l'encouragement de la recherche relative aux expressions littéraires et artistiques (théâtre, cinéma...), a dit le recteur de l'Institut, soulignant que l'action académique de l'IRCAM se focalisera sur la didactique et la pédagogie ainsi que sur la traduction d'oeuvres littéraires mondiales vers l'amazigh. S'agissant de l'officialisation de la langue amazigh, M. Boukous a relevé que la mise en œuvre des dispositions y afférentes de la constitution est liée à des délais fixés par le gouvernement et le parlement, à savoir décembre 2013, soulignant que l'IRCAM assurera le suivi d'une véritable mise en œuvre de l'article 5 de la Loi fondamentale. M. Boukous a formé le vœu de voir le Conseil national des langues et de la culture, dont la création est prévue par la constitution, mettre en place une stratégie relative à la gestion de la diversité culturelle et linguistique au Maroc, notamment en ce qui concerne la politique linguistique adoptée dans le système de l'enseignement, notant que ce Conseil devra être doté d'une autonomie financière, administrative et décisionnnelle. Concernant l'enseignement de l'amazigh, il a fait remarquer que le processus d'intégration de l'amazigh dans le milieu scolaire a été très lent lors du mandat du précédent gouvernement, qui, selon M. Boukous, a gelé ce processus en termes de postes budgétaires dédiés à cette opération, de formation et de désengagement de la convention de partenariat liant le ministère à l'IRCAM. M. Boukous a rappelé la volonté affichée par le gouvernement actuel de renforcer le processus d'intégration de l'amazigh dans le système d'enseignement, précisant que le nombre d'élèves qui bénéficieront de cours de l'amazigh au titre de l'année scolaire 2012-2013 s'élève à un million. S'agissant de l'intégration des recherches amazighes dans le cursus universitaire, le recteur de l'IRCAM a relevé certaines lacunes, dont la faiblesse des ressources humaines (le nombre de postes budgétaires prévus par le ministère de l'enseignement supérieur ne dépasse pas 4 postes), outre un sentiment de déception qui prévaut parmi les professeurs encadrants dont la majorité sont des bénévoles. M. Boukous a appelé à cet égard à renforcer les ressources humaines en charge de l'enseignement de l'amazigh, à respecter les termes de la convention de partenariat signée avec l'IRCAM, et à encourager et inciter les académies régionales et les délégations de l'enseignement à adhérer au chantier de l'enseignement de l'amazigh. Evaluant la performance de la chaîne de TV Tamazight, il a estimé que cette chaîne a réussi sa mission, eu égard aux ressources qui lui ont été allouées, appelant à enrichir l'effectif de cette chaîne et à assurer des stages de formation continue à son personnel tout en la dotant de toutes les ressources matérielles et logistiques nécessaires. M. Boukous a appelé dans ce sens à donner à l'amazigh la place qui lui échoit sur la scène médiatique et à améliorer la qualité de la production audiovisuelle amazigh.