Ismail Douiri Directeur général en charge du Pôle finances, technologie et opérations Les ECO : Comment évaluez-vous les résultats financiers du Groupe Attijariwafa bank au titre de l'exercice 2014 ? Ismail Douiri : 2014 était une très bonne année pour nous, en matière de croissance du produit net bancaire (PNB), puisque nous avons affiché une croissance de 8,8%, atteignant un niveau de 19,4 MMDH. C'est un exercice qui a été marqué par une très bonne performance des activités de marchés, notamment dans un contexte de baisse des taux obligataire, grâce à une meilleure discipline budgétaire de la part de l'Etat, et grâce aussi à un certains nombre d'efforts de la part de la Banque centrale pour accompagner les banques et améliorer leur liquidité. Il y a eu toutefois une montée du coût du risque qui est normale en période de ralentissement économique, en tout cas non agricole. Globalement, nous avons quand même réussi à avoir une augmentation significative du résultat net part du groupe (RNPG), puisqu'il a augmenté de 5,2%, atteignant 4,4 MMDH. Pour nous, dans un environnement économique relativement mitigé, il s'agit d'une très bonne performance qui prouve la solidité du modèle de la banque, basé sur la diversification. À chaque instant, l'une de nos activités permet de maintenir une croissance relativement régulière. Ensuite, cette croissance est aussi reversée aux actionnaires en matière de dividendes, puisque le Conseil d'administration a proposé à l'Assemblée générale de relever le dividende d'à peu près 5% (à 10 DH par action), soit le même niveau de croissance des bénéfices. Le groupe donne l'impression de ralentir volontairement ses activités à l'international. Est-ce en raison de la montée du risque en Afrique ? Je ne dirai pas qu'il y a une décision volontaire de ralentir. Il y a une rigueur qui reste constante dans la manière dont les risques sont évalués et dont les crédits sont distribués. Bien évidemment, il y a un certain nombre de déclassements qui ont eu lieu, conformément aux réglementations locales, et c'est peut-être cela qui donne cette impression de croissance relativement lente des crédits, puisqu'au moment du bilan, vous voyez des crédits qui sont nets de provisions. Il y a donc eu des renforcements des provisions, mais l'activité commerciale se poursuit toujours avec la même rigueur et la même politique des risques. Qu'en est-il de l'activité de distribution de crédits, qui a également connu un ralentissement en 2014 ? Ce ralentissement n'est pas le résultat d'une politique de la banque. C'est le résultat de la demande. Il est vrai qu'en 2014, nous avons souffert du ralentissement simultané de la demande de crédits des entreprises et des particuliers. Ce qu'il faut voir, c'est qu'au niveau de toute la place, le stock de crédits aux entreprises a baissé de 2% en glissement annuel, à fin décembre 2014. Il s'agit réellement d'une prudence accrue, d'un ralentissement de l'investissement de la part des entreprises. Il s'agit aussi, au niveau des particuliers, d'un ralentissement des deux compartiments, à savoir le crédit à la consommation et le crédit immobilier. Nous voyons une accélération du crédit aux particuliers, depuis la deuxième moitié de 2014, et nous attendons toujours des signes de reprise de la part des entreprises. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes engagés aux côtés de la Banque centrale pour accompagner l'accélération de la croissance économique, et qu'il ne s'agit nullement d'une politique de restriction des crédits, bien au contraire. Suite à la baisse du taux directeur, et si la reprise économique se confirmait, devrait-on s'attendre à une croissance plus soutenue des revenus de la banque en 2015 ? L'exercice 2015 se présente très positivement par certains aspects. Il sera moins important que l'année dernière en matière de revenus sur les activités des marchés, puisque la baisse significative des taux qui a eu lieu en 2014 va peut-être se poursuivre sur l'exercice 2015. C'est d'ailleurs le cas en ce début d'exercice, mais plus lentement. En revanche, cette année devrait être nettement meilleure en matière de demande de crédits, puisqu'on voit une accélération du PIB non agricole depuis déjà 1 an et demi. En effet, depuis fin 2013, nous sommes en phase d'accélération, portés en cela aussi par l'amélioration des conditions de nos clients en Europe occidentale. Nous avons aussi de bonnes perspectives en matière de croissance des commissions, et probablement une amélioration du coût du risque. Nous restons positifs concernant l'année 2015, et nous vous donnons rendez-vous à la publication de nos résultats semestriels.