C'est une histoire d'amour qui est en train de naître entre le Maroc et la Chine. Depuis hier, Abdellatif Maâzouz, reçoit son homologue, le ministre du Commerce de la République populaire de Chine, Chen Deming, pour une visite de deux jours où seront étudiés les moyens de coopération entre les deux pays. «Cette visite sera l'occasion pour les deux parties de poursuivre les discussions qu'elles ont engagées au cours de leur rencontre à Pékin en octobre 2009, afin de renforcer les échanges commerciaux et le partenariat entre les deux pays », explique-t-on au sein du cabinet du ministre du Commerce extérieur. Il faut dire que l'enjeu est grand. En l'espace de quelques années, la Chine est en effet devenue le troisième partenaire économique du Maroc, avec notamment des échanges représentant 6% du commerce extérieur du Maroc. À noter également que les relations commerciales bilatérales entre les deux pays sont régies par l'accord commercial et économique signé le 28 mars 1995. Important déficit commercial Cela dit, il est aujourd'hui clair que le Maroc n'est pas vraiment la partie gagnante du deal. La facture des importations du Maroc en provenance de Chine est évaluée, selon le département de Maâzouz, à 25 milliards de dirhams. En revanche, le Maroc n'exporte aujourd'hui que 1,8 milliard de dirhams vers l'empire du milieu. C'est dire l'importance du déficit commercial accusé par le Maroc de ses échanges avec la Chine, et nos officiels en ont bien conscience. En janvier déjà, lors de la visite du vice-ministre chinois du Commerce, Fu Ziying, les deux parties ont fait part de leur volonté de lutter contre ce déficit. Cette volonté devrait se concrétiser petit à petit si l'on en croit les principaux protagonistes. Des conventions devront être signées dans ce sens aujourd'hui entre les deux partenaires et viseront d'un côté à ouvrir davantage les portes du Maroc aux produits chinois, et d'un autre à renforcer la présence des produits marocains en Chine. Priorité, attirer les investisseurs chinois Cependant, le Maroc a-t-il réellement le potentiel pour s'imposer dans un marché tel que celui de la Chine ? De toute évidence, les exportations d'agrumes devraient ouvrir la porte aux opérateurs nationaux. D'ailleurs, une première expérience pilote a été menée ces dernières semaines dans ce sens et les résultats ont semble-t-il été concluants. Cela dit, si cette rencontre entre les deux ministres est un signal clair du souhait des deux parties d'instaurer des bases d'un partenariat commercial «mutuellement profitable», il sera difficile pour le royaume de combler son déficit au niveau commercial en ne se basant que sur les exportations d'agrumes. L'alternative ne viendrait donc pas des échanges commerciaux en eux-mêmes, mais sera plutôt orientée vers l'attrait des investisseurs chinois. Cette hypothèse est d'autant plus justifiée que Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie et des nouvelles technologies, avait clairement déclaré, il y a moins d'un mois, que «nous invitons les entreprises chinoises à venir investir au Maroc». Et pour convaincre, la partie marocaine fait valoir les grands projets initiés par le royaume, notamment le plan solaire, mais surtout le rôle du Maroc en tant que plateforme vers un marché d'un milliard de consommateurs, via ses accords avec l'Europe et les Etats-Unis. De quoi attiser la convoitise d'un ogre chinois de plus en plus avide de nouvelles opportunités.