Les professionnels de l'immobilier et le gouvernement étudient une nouvelle série de mesures pour relancer la croissance d'un secteur immobilier à bout de souffle. La problématique du financement bancaire, la garantie des crédits destinés au logement social, la simplification des procédures et le renforcement et la diversification de l'offre d'habitat ont été les points débattus entre le gouvernement et la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), le 20 février dernier. Cette rencontre a été consacrée à «l'étude des mesures à prendre pour impulser une dynamique nouvelle au secteur de l'immobilier et aux modalités permettant au pouvoir public d'accompagner les professionnels et d'appuyer leurs actions en matière d'investissements immobiliers», peut-on lire dans le communiqué final publié à l'issue de cette rencontre. Locatif et logement social Cette réunion a été marquée par une forte mobilisation des pouvoirs publics. Une délégation gouvernementale composée du ministre de l'Habitat de la politique de la ville, du ministre de l'Intérieur, du ministre de l'Economie et des finances et du ministre de l'Urbanisme et de l'aménagement du territoire national a rencontré le président de la FNPI, accompagné de représentants du secteur. La rencontre gouvernement-promoteurs a été marquée par «un climat positif» et de «confiance mutuelle», selon les deux parties. Plusieurs questions ont été abordées dans la perspective d'apporter les réponses et les mesures adéquates aux problématiques du secteur. Les professionnels ont plaidé pour des mesures «urgentes» afin d'assurer le financement du secteur, lesquelles permettront de promouvoir la demande, renforcer l'offre d'habitat et encourager les investissements immobiliers. Concrètement, les promoteurs immobiliers souhaitent un accompagnement «efficace» du secteur bancaire en matière de financement et de mobilisation des liquidités nécessaires. Cette réunion s'est également intéressée à l'étude des modalités efficientes de mobilisation du stock en habitat constitué de milliers d'unités d'habitat disponibles et non utilisées. L'accent a été mis sur la nécessité de promouvoir le secteur locatif et d'encourager les investissements dans ce domaine à travers une série de mesures et d'accompagnements tout en préservant l'équilibre souhaité entre investissement public et privé. Par ailleurs, les participants ont débattu des voies susceptibles de renforcer l'offre d'habitat à travers une plus grande implication des promoteurs immobiliers dans la réalisation des projets d'habitat destinés à la classe moyenne, ainsi que de permettre aux couches sociales à revenus limités d'accéder au financement à travers une forte implication des banques dans ce domaine et en apportant les garanties nécessaires à l'élargissement de l'assiette des bénéficiaires des crédits au logement, notamment le Fogarim et le Fogaloge. Les participants ont également abordé la simplification des procédures administratives relatives à la délivrance des autorisations et des documents administratifs et d'en réduire les délais, notamment par l'application saine des dispositions du nouveau règlement général de la construction. Des questions relatives à la qualité des constructions et à l'amélioration du paysage urbain ont également été discutées. À l'issue de cette réunion, le gouvernement et les représentants de la FNPI ont convenu de mettre en place une «commission de haut niveau pour l'élaboration des solutions appropriées». Cette commission de suivi est constituée des secrétaires généraux des ministères participants et des représentants de la FNPI. Cette commission est chargée d'étudier les différents dossiers abordés et de proposer les mesures à prendre permettant de donner une impulsion forte au secteur. Youssef Benmansour Président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) «Notre modèle est pérenne» Les ECO : Les mesures incitatives pour le secteur ont-elles toujours raison d'être au Maroc ? Youssef Benmansour : La défiscalisation du secteur de la promotion immobilière destinée au logement social est un dispositif prévu jusqu'en 2020. Ces mesures ont donné des résultats. Ce modèle pensé et réfléchi a connu un succès en matière de production de logements. Au Maroc, cette production a battu des records depuis les dix dernières années, donc remettre le bien fondé de ce dispositif en question est allé trop vite en besogne. Cette niche fiscale a pour but de faire émerger un secteur économique national. Peut-être que par moments des insuffisances sont apparues, mais c'est grâce à ces mesures que le Maroc a connu l'émergence du secteur de la promotion immobilière destinée au logement social. Cette aide accordée par l'Etat est balancée par une construction de logements sociaux, de l'investissement et de la création d'emploi. Nous avons un bon modèle qui peut rencontrer des difficultés conjoncturelles, mais il demeure que ce modèle est toujours d'actualité. Quelles sont ces difficultés que rencontre le secteur ? Un des piliers de ce modèle est la solvabilisation de la demande par des fonds de garanties (Fogarim, Fogaloge, etc), ce volet pose un certain nombre de problèmes. Concrètement, quels sont ces problèmes ? Certaines banques ne distribuent plus de crédit dans le cadre de ce dispositif. Ces établissements estiment que le coût de traitement des dossiers est élevé ou que ces crédits comportent un risque de créances en souffrance. Donc, il y a certains établissements qui continuent de soutenir ces instruments et d'autres qui ont fait marche arrière depuis deux ou trois ans. À plusieurs reprises, les promoteurs immobiliers ont reproché à l'administration fiscale des retards dans le remboursement de la TVA. Comment se déroule cette opération cette année ? Je précise que cette mesure profite aux acquéreurs. Par moments, l'Etat rembourse rapidement la TVA, mais à d'autres périodes et pour différentes raisons, cette opération prend plus de temps que prévu. Donc, il y a des périodes où ça se fait plus difficilement et d'autres où ça se passe normalement. Les autorisations en repli La production en habitat durant l'année 2014 (lots et logements) s'élève à 170.439 dont 140.88 unités d'habitat économiques et sociales soit une diminution de 1,1% en nombre d'unités sociales et économiques. Les mises en chantier enregistrent également une baisse de 6,7% pour les unités sociales et économiques. C'est ainsi que la consommation du ciment a enregistré un recul de 5,4% par rapport à 2013. Les autorisations pour les logements sociaux ont connu une forte chute l'année précédente avec un repli de 44%. Les mécanismes de garantie des crédits (Fogarim et Fogaloge) se sont mieux comportés en 2014. Avec 16.670 prêts contre 13.075, Fogarim enregistre une augmentation de 27% en termes de nombre de dossiers. Fogaloge a enregistré un nombre de 5.577 prêts contre 4.336 prêts en 2013, soit une augmentation de 29% en termes de nombre de dossiers. L'encours des crédits immobiliers enregistre un léger accroissement de 2,7% par rapport à fin 2013. La création de l'emploi a stagné avec une création annuelle de 4.000 emplois en 2014. Le secteur emploie 988.000 personnes au Maroc.