85% de cette enveloppe, à savoir 17 MMDH, assurée par les bailleurs de fonds historiques. Le Fonds pour les technologies propres y a consacré 175 millions d'euros sous forme de dons. Le plan solaire marocain qui vise une capacité de 2.000 MW à l'horizon 2020 prend son envol. Alors qu'on croyait qu'il avait du plomb dans les ailes, le voilà ragaillardi par un appel d'air financier de grande envergure. Vendredi dernier, constituera une date symbole pour Masen (Moroccan agency for solar energy) qui a réussi la levée de 1,5 milliard d'euros, soit près de 17 MMDH. Une somme inhabituelle comme l'ont qualifiée Ali Fassi Fihri, président du Conseil de surveillance de Masen et DG de l'ONEE (acheteur unique de l'électricité produite) et Mohamed Boussaid, ministre des Finances. Les deux ont pris part à la cérémonie de signature des conventions de financement entre Masen, l'Etat et les différents bailleurs de fonds au titre de la 2e phase du complexe solaire de Ouarzazate portant sur les projets Noor II et Noor III. Sachant que le coût global de ces deux centrales solaires est de 20 MMDH, comme l'affirme Mustapha Bakkoury, président du directoire de Masen, l'opération séduction s'avère une réussite, étant donné que 85% du montant ont été mobilisés grâce aux bailleurs de fonds (BM, BAD, BEI, AFD, KfW, UE). Ces conventions interviennent une semaine seulement après la signature d'un contrat de dons de 90 millions d'euros octroyés par l'UE à travers son initiative de Facilité d'investissement pour le voisinage (FIV), dispatchés à raison de 40 millions d'euros pour Noor II et 50 millions pour Noor III. Fait marquant, le Fonds pour les technologies propres, par le biais de deux organes d'exécution que sont la BAD et la BM, a consacré 175 millions d'euros à cette deuxième phase avec 100 millions d'euros pour Noor II et 75 millions pour Noor III. C'est plus que la moitié du budget pour toute la région MENA. La banque allemande KfW Bankengruppe a contribué, via des contrats de financement des coûts de développement des deux centrales, pour un montant de 654 millions d'euros. L'AFD est aussi de la partie dans le cadre d'une convention de crédit pour 50 millions d'euros, la Banque africaine de développement (100 millions d'euros), la Banque européenne d'investissement avec 150 millions d'euros et la Banque mondiale pour 300 millions d'euros. Contrairement donc aux doutes colportés ici et là, les institutions financières mondiales partenaires ont toutes répondu présent pour soutenir le rêve marocain de devenir un pays pionnier dans les énergies renouvelables. En effet, la dynamique est enclenchée. Le processus est assez long, mais les réalisations se font selon l'agenda établi malgré les incertitudes du départ, explique Bakkoury. «Nous avons privilégié une mise en œuvre déterminée, mais progressive pour éviter les erreurs», concéda-t-il. Pas de réalisations à minima donc. La preuve, comme il ne manquera pas de le dire, «c'est que les infrastructures de Noor I ont résisté aux dernières pluies». Et Bakkoury d'annoncer le maintien de la date de la mise en service de Noor I au 12 octobre 2015. Masen n'a pas attendu le démarrage de Noor I pour lancer deux projets simultanément. Et pas des moindres. Noor II aura une capacité de production de 200 MW via la technologie thermosolaire à capteurs cylindro-paraboliques comme d'ailleurs Noor I. Toutefois, sa capacité de stockage, devra être meilleure avec plus de 3 heures et devra utiliser moins d'eau grâce à la technologie du refroidissement à sec. Quant à Noor III, il introduira une nouvelle sous-technologie dite CSP Tour pour une capacité de production de 150 MW avec stockage également. Dans quelques jours devrait être connu le développeur des projets qui sera chargé des travaux devant durer une trentaine de mois. Après le choix de l'adjudicataire, il va falloir 8 à 10 semaines pour le closing juridique. Il s'agit d'un schéma de production indépendante IPP (Independent Power Producer) pour une durée de 25 ans. Et pour boucler la boucle du complexe solaire d'Ouarzazate, un Noor IV sera mis en branle dès début 2015 et sera entièrement tourné vers le photovoltaïque avec une capacité de 50 MW. Une technologie chère au ministre de l'Energie qui croit fermement en la réduction de 15% la dépendance énergétique du Maroc à l'horizon 2025. Abdelkader Amara qui, il y a quelques jours à peine, a lancé le Plan gazier national qui nécessitera un investissement de 4,6 MM$, est enthousiaste quant au rythme de promotion des ER qui dans 10 ans représenteront 15% dans le mix énergétique et 42% dans la capacité installée. Quid de l'intégration industrielle ? La question de l'intégration industrielle se pose avec acuité pour des projets d'une telle envergure. À plus forte raison que le Maroc cherche à développer une expertise locale exportable aux pays partenaires d'Afrique. Mustapha Bakkoury a montré de bons signes à ce niveau tout en insistant sur les critères de sélection qui doivent être respectés pour ce genre de projets de haute technicité. Les PME marocaines auront, bien évidemment, leur part du gâteau. En atteste, le taux d'intégration pour Noor I qui doit être autour de 30%. Ce qui n'est pas négligeable. Par ailleurs, ces projets sont pourvoyeurs de postes de travail, 1.800 pour Noor I dont 1.400 marocains et la moitié originaire de Ouarzazate. Le modèle est donc déjà là pour donner de l'espoir à l'émergence d'un tissu industriel marocain spécialisé dans les énergies renouvelables.