En 2010, les boissons alcoolisées coûteront plus cher. Les modifications apportées à l'article 5 de la loi de Finances 2010, portant sur la Taxe intérieure de consommation (TIC) semblent bien parties pour être applicables. «Cela fait près de 30 ans que la TIC sur les boissons alcoolisées n'a pas bougé, c'est anormal», lance Mohammed Najib Boulif du PJD. Selon lui, il était temps de surtaxer des produits qui ne sont pas de première nécessité. Concrètement, une augmentation d'environ 50% de la TIC à l'hectolitre est à prévoir, ce qui, évidemment, va se répercuter sur le prix de vente. Une hausse qui réjouit le PJD «C'est tant mieux», se félicite le député du PJD. Celui-ci précise que cette mesure a deux objectifs. Le premier étant d'assurer à l'Etat davantage de recettes fiscales, mais la dimension sociale est aussi très importante pour le parti de la lampe. «La hausse des prix de l'alcool engendrera forcément une baisse de la consommation, ça ne peut que réduire le taux de délinquance de même que les accidents de la route», explique Boulif. L'argument tient, car bon nombre d'accidents et d'agressions sont le fait de personnes en état d'ébriété avancée. Toutefois, une question se pose. Quel sera l'impact économique de cette hausse de la TIC sur les boissons alcoolisées et plus précisément sur l'activité de la Société des Brasseries du Maroc (SBM)? Pour son directeur général, Jean-Marie Grosbois, « une majoration de 50% engendrera une hausse des prix de l'ordre de 20%». Le DG de SBM prévoit, de fait, un repli des ventes de 15 à 20%. L'emploi touché Ces répercussions sur l'activité ne resteraient pas sans effet sur les ressources humaines de SBM. «La chute des ventes engendrera une baisse de la production dans les mêmes proportions. Cette mesure pourrait nous obliger à opérer une réduction du personnel de près de 20% », prévient Jean-Marie Grosbois. Il assure toutefois que «la direction du groupe n'a pas encore tranché à ce sujet, mais s'il est nécessaire de licencier, nous le ferons. Après tout, nous sommes souverains dans notre entreprise ». Pour mémoire, SBM avait déjà été confrontée à cette situation. La loi de finances 2005 prévoyait l'augmentation de la TIC dans les mêmes proportions, ce qui a provoqué une levée de boucliers chez Brasseries du Maroc. La direction avait annoncé la fermeture des unités de production de Tanger et Meknès si cette mesure était retenue. A l'époque, la majoration de la TIC avait été mise de côté, mais il semble que son application en 2010 soit entendue. Ce qui ravit Mohammed Najib Boulif du PJD : « Cela aurait dû être validé depuis longtemps, mais certains lobbies s'y sont opposés. Si la majoration de la TIC déstabilise à ce point Brasseries du Maroc, c'est qu'elle n'est plus compétitive et dans ce cas la société n'a qu'à se restructurer. L'Etat n'a pas à subventionner les entreprises défaillantes ». Pour le moment, la seule restructuration envisageable touchera au personnel. Une arme que l'entreprise pourrait bien brandir en espérant que le gouvernement fera machine arrière. Les alcools ne sont pas égaux Les vins mousseux et les boissons énergisantes (bien que non alcoolisées) sont les produits qui seront le plus surtaxés. La TIC à l'hectolitre passera de 300 à 600 DH pour les vins mousseux, et de 20 à 150 DH pour les boissons énergisantes. La TIC sur l'hectolitre de bière passera de 550 à 800 DH, celle sur les vins atteindra 390 DH pour les vins ordinaires et 450 DH pour les vins supérieurs (au lieu de respectivement 260 et 300 DH). Quant aux spiritueux, la TIC passera de 7 000 à 10 500 DH. Mais cette majoration ne concerne pas que les boissons alcoolisées. Ainsi, les boissons gazeuses verront la TIC à l'hectolitre passer de 20 à 30%. Pour Ahmed Zaidi de l'USFP, «cette taxation répond à un objectif précis, récupérer les subventions allouées par l'Etat». Le parlementaire estime que ce n'est que justice, les industriels n'ayant pas, par exemple, à profiter des tarifs subventionnés du sucre.