La filière des fruits et légumes se regroupe. Après six mois de concertation, les professionnels sont parvenus à un accord devant mener à l'organisation des groupes d'intérêt et leur intégration au sein d'un seul groupement. Il s'agit de la Fédération interprofessionnelle marocaine pour la production et l'export des fruits et légumes. Cette nouvelle structure qui porte désormais le nombre des interprofessions au Maroc à 12 groupements a tenu son assemblée générale constitutive le weekend dernier au chef du Souss. En présence de tous les collèges de la filière, il a été procédé à l'élection par unanimité de Lahoucine Adardour, actuel président de l'APEFEL, à la tête de cette nouvelle structure. «La création de la fédération s'inscrit dans le cadre du Plan Maroc Vert. Ce groupement traduit la volonté des différents maillons de la filière de s'impliquer dans les questions qui touchent le secteur, notamment la commercialisation, l'export, la distribution, la qualité et bien d'autres», explique Adardour. Le groupement est administré par un conseil national composé de 40 délégués et d'un bureau constitué de 15 membres. En fonction du poids économique de chaque association, les sièges ont été distribués sur la base d'une répartition équitable entre les collèges de la filière de la production, ceux de la valorisation et les membres associés. Les acteurs économiques engagés dans cette structure sont au nombre de 8 associations appartenant à trois pôles. Il s'agit de la filière de la production réunissant l'Association des producteurs et exportateurs des fruits et légumes (APEFEL), l'Association marocaine des producteurs de fraise (AMPF) et l'Association des producteurs exportateurs de maraîchage et primeurs au Maroc (ASPEM). Le pôle de la valorisation du produit se compose pour sa part de l'Association marocaine des conditionneurs maraîchers (AMCOM) et de l'Association marocaine des conditionneurs exportateurs de fraises (AMCF). Quant au 3e pôle, il est constitué des membres associés, notamment l'Association marocaine des conditionneurs maraîchers et les groupes Maroc Fruit Board et Fresh fruit Maroc. La création de cette fédération s'avère d'autant plus opportune au moment où le projet de loi 38.10 relatif aux instances interprofessionnelles d'agriculture et de pêche maritime a été approuvé en avril par le Conseil des ministres. Actuellement, le projet a été mis sur le circuit du vote parlementaire et il est en cours d'examen au sein de la deuxième Chambre. De l'avis de Ahmed Bentouhami, directeur du développement des filières de production au ministère de l'Agriculture, «ce groupement permettra d'avoir un seul interlocuteur de la filière afin d'atteindre les objectifs tracés dans le cadre du chantier de l'agrégation qui dispose certes d'autres programmes comme l'encouragement. L'interprofession va également œuvrer à la promotion du produit, la recherche scientifique et la formation». À noter par ailleurs que la filière des fruits et légumes a bénéficié dans le cadre de la déclinaison des actions du Plan Maroc Vert de la conclusion d'un contrat-programme entre le gouvernement et la filière des fruits et légumes. Celui-ci constitue une feuille de route pour mettre le secteur sur la voie de la croissance et du développement. Le projet de loi 39.10 sur l'agrégation permettra également d'accorder aux interprofessions les moyens à mettre en œuvre pour accompagner le gouvernement dans le cadre des contrats-programmes et de définir les engagements des professionnels et le ministère de tutelle pour développer le secteur. «Nous voulons que cette fédération reflète la représentation des intérêts collectifs de la filière»: Lahoucine Adardour, Président de la Fédération interprofessionnelle marocaine pour la production et l'export des fruits et légumes Les Echos quotidien : Comment cette fédération a-t-elle vu le jour ? Lahoucine Adardour : Nous avons entamé la phase des concertations avec l'ensemble des associations professionnelles il y a de cela six mois. Pour avoir plus de représentativité, nous avons créé l'Association marocaine des conditionneurs maraîchers (AMCOM) et l'Association marocaine agricole des pépinières maraîchères (AMAPEM). Durant cette assemblée constitutive, nous avons procédé à la création du conseil national composé de 40 sièges répartis équitablement entre la production (20 sièges) et la valorisation (20 autres). Dans un délai de 20 jours, nous procéderons à la création du bureau de la fédération. Quel sera l'apport de cette fédération pour la filière des fruits et légumes ? À l'issue de la création de ce groupement, les répercussions seront notables sur notre filière puisque la fédération sera le seul représentant des opérateurs économiques auprès des autorités publiques et des organismes internationaux et nationaux. Concrètement, l'objectif est de favoriser dans le cadre de l'interprofession la concertation entre les pôles de production, de la valorisation et des autres partenaires, mais aussi la définition des positions de la filière par rapport aux questions qui touchent le secteur, que ce soit sur le plan de l'export, la réglementation ou la commercialisation. De quelle façon cette nouvelle structure compte-t-elle accompagner le chantier de l'agrégation ? Ce regroupement s'inscrit dans le Plan Maroc Vert. Jusqu'à présent, deux projets accompagnent ce chantier de développement. Il s'agit de la loi sur l'agrégation et celle régissant l'interprofession. Ces deux textes permettront d'accorder aux interprofessions les outils à mettre en œuvre pour accompagner l'Etat dans le cadre du contrat-programme signé avec la filière et de définir les engagements de l'ensemble des opérateurs pour développer les différentes filières. Comment cette fédération contribuera-t-elle à défendre les intérêts des producteurs exportateurs ? Nous voulons que cette fédération reflète la représentation des intérêts collectifs de la filière et la défense de ses intérêts au niveau national et international par tous les moyens d'actions jugés nécessaires. Dans ce sens, nous comptons créer un groupe de lobbying au niveau de l'Europe pour accompagner l'effort du ministère de tutelle au niveau de l'étranger.