Comme chaque année, le festival Gnaoua d'Essaouira draine des milliers de festivaliers affluant d'un peu partout dans le monde. Bien que la foule ne soit pas aussi dense qu'à l'accoutumé, on ne regrettera pas le fait que, cette année, les festivaliers sont là pour la musique. Même les souiris le reconnaissent, «c'est vrai qu'il y a beaucoup moins de genre cette année, mais au moins il n'y a pratiquement plus de délinquants ou de voyous» confis un commerçant de la médina. Un constat qui est tout à l'honneur de l'événement qui, du coup, retrouve en quelque sorte ces lettres de noblesse. En veut pour preuve le concert inédit du deuxième jour du festival, réunissant le mâallem Hassan Boussou et le groupe de Jazz, Jazz Racine Haïti. Le début d'une grande histoire... de musique C'est comme trois frères qui se seraient retrouvés plusieurs années après avoir été séparés et menés des vies totalement différentes. C'est le sentiment qu'a évoqué le concert de la veille sur la scène de Moulay Hassan. Ce projet initié, il y a quelques mois, par le fameux jazzman Jacques Schwarz-Bart, célébrait hier la naissance d'une nouvelle création musicale qui mêle Jazz, musique Gnaoui et musique vodou. Un sacré concert qui en aura fait vibrée plus d'un, tant au niveau rythmique qu'émotionnelle. D'autant que pour les festivaliers qui les avaient rencontrés quelques heures plutôt à l'arbre à palabre (Conférence-débat organisé avec les artistes) l'alliance des genres et des styles - au-delà de la différence culturelle - sonne comme une évidence entre Hassan Boussou et Erold Josué, prêtre vodou et chanteur du groupe Haïtien. Véritable fusion des genres, qui reste encore marquée dans les mémoires des festivaliers, ce concert s'inscrit déjà comme un temps fort de la carrière des trois artistes. Dans une interview accordée aux Echos quotidien Jacques Schwarz-Bart, ne cachera d'ailleurs pas son projet de poursuivre sur cette voie avec la même équipe pour un véritable projet d'album. Pour le saxophoniste, «le concert d'hier était pour moi ce que j'appel une fusion, une véritable création. Ce n'est pas de la superposition de musiques... et c'est ce qui me donne envie de poursuivre et d'aller plus loin». C'est donc dans ce cadre que ce monsieur aux grandes lunettes retrouvera son –désormais- ami Hassan Boussou pour «discuter plus longuement du projet» confiera-t-il aux Echos quotidien. Qui aime bien charrie bien ? Arrivée hier, vendredi à Essaouira, celui que l'on surnomme le « Caruso Africain » se prête au jeu des questions/réponses avec les journalistes venus couvrir la 14e édition du festival Gnaoua et Musiques du monde d'Essaouira. Dans l'après midi du samedi, le chanteur malien, fait donc part de sa fierté et de sa grande satisfaction à se produire sur cette scène gnaoui connue à travers le monde entier. Une scène qu'il partagera d'ailleurs en fin de son concert avec des Mâallems Gnaouas pour une fusion qui promet de belles surprises. Malgré quelques interrogations pour le moins déplacées de certains représentants des médias nationaux, l'artiste reste fidèle à la réputation qu'on lui connait, un grand homme. «Etes vous marié ?», «Est-il facile de trouver une épouse au Mali lorsqu'on est albinos ?» «Arrivez-vous à vivre correctement de votre art et combien touchez-vous ?»... L'artiste fait fit des indiscrétions qu'on tente de lui soutirer et poursuit le dialogue en annonçant qu'il souhaitait réaliser un projet avec des Mâallems Gnaoui dans son prochain album. «Inchallah !» nuance Salif Keita qui ne cache toutefois pas son grand intérêt pour cette musique qui «lui parle» et de laquelle il se sent particulièrement proche. Reportages Photos de la première journée du festival Lire aussi : Essaouira, le pèlerinage musical