Après Argana, un deuxième drame frappe la ville ocre. Mercredi à 7 heures du matin, à l'aéroport de Marrakech Ménara, une explosion a causé la blessure d'une vingtaine d'individus, essentiellement des Marocains. Ces derniers ont été hospitalisés une heure après l'attentat, nous confient les familles des victimes. La déflagration a été suivie d'une opération de prise d'otages : 16 personnes ont été écrouées par les terroristes. Un témoin-clé est persuadé que d'après leur accent, les trois hommes cagoulés qui ont effectué l'opération appartiennent à un pays voisin. Une commission de négociation a été constituée dans les heures qui ont suivi, au centre de gestion de crise à l'aéroport de Marrakech. Cette dernière était composée de représentants de la Wilaya de Marrakech, du directeur des aéroports, de représentants de la gendarmerie royale, de la direction générale de la sûreté nationale, des Forces Royales Air, de la protection civile et des douanes. Les négociations ont duré jusqu'à midi. Vous y avez cru? C'était presque réel, mais il s'agissait -fort heureusement- de l'exercice de simulation en sûreté, organisé par l'ONDA pour tester et évaluer son dispositif en la matière. Pour Dalil Guendouz, le directeur général de l'Office, l'objectif était aussi celui de «rassurer les touristes étrangers quant à l'efficacité du dispositif de sécurité et aux compétences des équipes, notamment après l'attentat qu'a connu la ville ocre». Test, test... L'objectif de cet exercice, intervenu après ceux organisés successivement à Casablanca, Agadir, Fès et Tanger, consiste à évaluer le système de sûreté mis en place, dans la perspective de procéder, le cas échéant, au redressement des imperfections et des dysfonctionnements, explique le directeur de la navigation aérienne au sein de l'ONDA, Brahim Lakhlifi. En d'autres termes, cet exercice baptisé «Ménara 01» se propose de roder le dispositif, maintenir le personnel en alerte, et arrimer les équipements et les techniques d'intervention aux normes internationales, pour assurer la sécurité des passagers, des équipages, du personnel au sol, du public, des installations et des aéronefs, précise-t-il. Le scénario mis en œuvre est basé sur une série d'événements chronologiques «connus uniquement par deux personnes : Brahim Lakhlifi, le directeur de la navigation aérienne, et le chef de division de sûreté à l'ONDA qui a rédigé le scénario», nous explique un membre de l'équipe en charge de la préparation de l'événement. Cet exercice est ponctué par l'élaboration d'un rapport d'évaluation à même de concevoir un plan d'actions correctif. En effet, les résultats de l'exercice ne seront pas communiqués à l'Organisation d'aviation civile internationale (OACI). «C'est un exercice interne, qui vise à faire de l'auto-évaluation, pour toutes les cellules de l'aéroport. Par contre, il y a une forte probabilité qu'il soit suivi d'un audit de la part de l'OACI, pour les aéroports du Maroc», nous explique un observateur de la Direction de l'aviation civile (DAC) qui a participé à l'opération. Pour rappel, cet exercice de gestion de crise, prévu tous les deux ans, se déroule sous la supervision de la Direction de l'aviation civile, et conformément aux exigences du programme national pour la sûreté de l'aviation civile et aux recommandations de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), rappelle cet expert. Il se déroule en coordination avec les représentants des différents organismes concernés par la chaîne de sûreté, à savoir la Royal Air Maroc (RAM), la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), la Gendarmerie royale, les Forces Royales Air, la Protection civile et la Douane. D'ailleurs, la préparation de cet événement a duré plus de six mois et a demandé «un budget énorme, financé à 100% par l'ONDA», nous informe une source interne. Enfin, l'opération a été clôturée par une cérémonie de remise de certificats de formation et de trophées.