L'annonce a été faite à l'ouverture de la 5e édition du séminaire sur la gestion du risque crédit. L'événement regroupe 150 participants de 35 banques centrales et 40 experts. L'accès au financement pour les PME est une problématique mondiale à laquelle chaque pays essaie de répondre le mieux possible. Banques frileuses, crise économique, risque crédit élevé, manque d'informations fiables... la liste des inhibiteurs est longue et c'est le libre entrepreneuriat qui en pâtit sans parler de centaines de millions de personnes physiques qui évoluent hors orbite bancaire. La gestion du risque crédit est donc une problématique qui se pose toujours malgré toutes les évolutions technologiques et de partage d'informations. Dès lors les crédits-bureaux viennent à la rescousse d'un système bancaire en recherche d'informations plus fiables et recoupées sur les demandeurs de crédits. C'est aussi le thème de la 5e édition du séminaire mondial sur les infrastructures financières et la gestion du risque crédit, qui se tient du 22 au 25 septembre à Rabat. D'habitude, ce séminaire a lieu en Malaisie. Organisé par Bank Al-Maghrib en collaboration avec la SFI et le Fonds monétaire arabe, c'est la première fois qu'il jette l'ancre au Maroc. Il ne s'agit pas d'un choix fortuit car en matière d'information financière, le royaume est donné comme exemple en Afrique et dans la région. Dans son allocution introductive, Abdellatif Jouahri, wali de BAM, a souligné que le pacte de l'information financière, a constitué un enjeu majeur pour accroître la capacité de financement de l'économie et réussir les réformes bancaires, notamment celles liées à Bâle 2 et Bâle 3. Le Maroc est en effet parmi les 102 pays qui disposent de crédits-bureaux, dont on recense seulement 166 unités dans le monde. Le crédit-bureau marocain, en l'occurrence Experian services Maroc, a démarré en 2009 suite à un appel d'offres international de la Banque centrale. Selon Jouahri, il a permis de centraliser et d'améliorer l'information sur le crédit qu'il s'agisse de particuliers, de PME et TPE ou de bénéficiaires de microcrédits. Utilisant la base de données de BAM qui centralise l'information financière de toutes les banques commerciales, le crédit-bureau délivre chaque jour 6.000 consultations des rapports de solvabilité. Ainsi 42% de ces consultations proviennent des banques, 43% des sociétés de financement et 15% des associations de microcrédit. Pas moins de 5 millions de clients y sont enregistrés dont 200.000 entreprises et plus de 10 millions de contrats de crédits actifs et échus, soit 93% de l'encours global des crédits distribués. Par ailleurs, la consultation automatique est entrée dans les mœurs de plusieurs établissements de crédits. Quant au client, il a droit à un rapport de solvabilité gratuit par an, ce qui n'est pas le cas des banques qui doivent payer le service rendu par le crédit-bureau. Précision majeure, explique Khalid Zbir, responsable de la direction du réseau et des centres d'information à BAM, les banques ne peuvent avoir plus de 3% dans le tour de table d'un crédit-bureau. C'est un gage de transparence et d'indépendance qui renforce son rôle d'affinement de l'information financière. Capitalisant sur cette première expérience, jugée réussie, BAM vient d'attribuer une seconde licence à un nouveau crédit-bureau dont la mise en service débutera courant 2015. Objectif, diversifier l'offre de services et réduire le coût des prestations. À l'avenir, le Maroc veut aussi élargir le spectre de la population visée pour atteindre les non-bancarisés et ceux évoluant dans l'informel. Oscar Madeddu du programme Global Credit Reporting de la SFI, a donné plusieurs exemples de ces crédit-bureaux en Amérique latine ou en Asie qui se basent sur leurs rapports et sur des aspects pratiques comme la régularité de paiement des factures d'eau ou de téléphonie mobile. Pour lui, il est injuste de priver de crédits des personnes potentiellement solvables pour mieux maîtriser le risque lié à 5% seulement de mauvais payeurs. L'exigence systématique de garanties de type hypothèques de biens immobiliers est tout bonnement dépassé dans ce schéma-là. En effet, selon Joumana Cobein, chef du bureau Maghreb de la SFI, sur les marchés émergents, l'on estime entre 56 et 58% la part des TPE et PME qui n'ont pas accès au réseau bancaire traditionnel et à environ 500 millions le nombre des petites structures qui souhaiteraient bénéficier de solutions de crédit, ce qui équivaut, ajoute la responsable, à une opportunité pour les banques de 3.800 milliards de dollars. Que sont les crédits-bureaux ? Les crédits-bureaux ne sont pas des institutions financières, mais des entreprises de technologie de niche. Leurs activités sont réglementées et ils sont supervisés par les banques centrales, comme c'est le cas au Maroc ou par les autorités de protection des données personnelles. Un crédit-bureau assemble toutes les données des crédits réalisés, positives ou négatives, partagées par toutes les institutions de crédit(s) et concernant tous les clients. Ils traitent les données grâce à des techniques avancées en ajoutant la valeur prédictive et en créant d'autres services d'informations de crédit(s). Ils distribuent enfin ces informations sous la forme de rapports de solvabilité ou d'autres services à valeur ajoutée comme les bureaux scores ou les systèmes anti-fraude. Certains crédit-bureaux comme Lenddo permettent aux Philippins d'accéder au crédit grâce à leurs réputations sur les réseaux sociaux.