Ni euphorique ni pessimiste, le discours royal était plutôt réaliste. Le souverain a bien voulu poser les vraies questions, qui interpellent tous les Marocains. Ainsi, il précise que la Banque mondiale a classé le Maroc dans l'étude de mesure de la richesse globale «dans les premiers rangs à l'échelle africaine...». Cela n'a pas empêché le roi Mohammed VI de s'interroger avec les Marocains, non sans étonnement : «Où est cette richesse ? Est-ce que tous les Marocains en ont profité ou seulement quelques catégories ?». Et de répondre sans détour : «La réalité confirme que cette richesse ne profite pas à tous les citoyens». C'est une suprême autocritique, osée et orientée. Devant une telle prise de position, nos gouvernants à tous les niveaux, doivent aujourd'hui «procéder à un examen de conscience... en toute franchise, sincérité et objectivité». Les propos du souverain ne supportent aucune interprétation, ni même aucune analyse, tellement leur teneur est sans équivoque. Le rapport recommandé par le roi au CESE et à BAM doit disséquer les vraies causes d'une telle situation, quoique l'original des dysfonctionnements qui ont conduit à un déséquilibre dans la répartition de la richesse remonte à bien avant 1999, qui a marqué l'avènement du nouveau règne. En effet, un bon balisage de l'origine de l'anomalie permet d'augmenter les chances de prescrire le meilleur remède. Aujourd'hui, après ce discours sans précédent, le Maroc ne peut plus se permettre de se tromper de recette.