Le bras de fer entre le Maroc et l'Union européenne concernant les mesures de défense commerciale se poursuit. Le Maroc revient à la charge avec les résultats préliminaires de son enquête antidumping sur les importations d'insuline originaires du Danemark. Initié en décembre 2012, l'enquête a rendu son verdict en constatant l'existence d'un dommage et d'une marge de dumping importante. La Commission de surveillance des importations a prévu d'appliquer un droit antidumping provisoire de l'ordre de 17,12% sur les importations d'insuline en flacon de 10 ml originaires du Danemark. Une nouvelle mesure qui rejoint une panoplie de décisions récemment prononcées par les autorités marocaines dont celles sur le papier A4 originaire du Portugal et de la tôle laminée importée de l'UE et de la Turquie (cf:www.leseco.ma). Une délivrance pour les laboratoires marocains, notamment Sothema. L'industriel avait déposé une plainte concernant le dumping exercé par le laboratoire danois de Novo Nordisk concernant les marchés publics. Sothema soutenait que l'entreprise danoise soumissionnait aux appels d'offres sur l'insuline avec un prix très bas. S'exprimant sur nos colonnes en septembre dernier (cf:www.leseco.ma), Lamia Tazi, DG de Sothema affirmait que «le laboratoire dispose d'un volume de production tel qu'il lui permet des économies d'échelle considérables, et donc il est rentable pour lui d'écouler une partie de sa production à un prix inférieur au prix de revient». L'étude provisoire que vient de mener le département du Commerce extérieur a permis de conforter la position de l'industriel marocain. «À chaque fois que l'exportateur soumissionne aux appels d'offres du ministère de la Santé à des prix anormalement bas, considérés comme étant des prix de dumping, l'activité de l'industrie nationale d'insuline se dégrade d'une manière importante», souligne le département de Mohamed Abbou. L'étude a permis de confirmer l'existence d'un dommage important et l'existence d'un lien de causalité entre les importations en dumping et le dommage constaté chez la production nationale. Dans le détail, la marge de dumping constatée dans le cadre de la mesure provisoire contre le Danemark a été obtenue par la comparaison entre la valeur normale construite pour l'exportateur et ses prix d'exportation vers le Maroc. La valeur normale construite a été calculée sur la base du coût de production de l'insuline en flacon de 10 ml, fourni par l'exportateur, majoré d'un taux de profit pour l'activité diabète estimé à partir des données globales de l'exportateur publiées dans son rapport annuel. Le ministère affirme que pour un résultat équitable, ses services ont procédé à un ajustement des prix en vue de disposer d'un prix «sortie usine». Des ajustements qui ont principalement concerné les frais du transport international et ceux liés aux coûts des crédits accordés pour les délais de paiement. Malgré cette pondération, la marge de dumping établie a été de l'ordre de 17,12%. Rappelons que le Maroc a été souvent critiqué par l'Union européenne pour sa méthodologie peu rigoureuse dans le cadre des enquêtes de défense commerciale. Les responsables du Commerce extérieur marocain affirment pour leur part être en complète compatibilité avec les normes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il est à noter qu'il ne s'agit ici que d'une enquête préliminaire et que les deux parties sont aujourd'hui invitées à faire part de leurs remarques et commentaires avant l'adoption d'une décision finale. De surcroît, le département du Commerce extérieur peut organiser, à la demande des parties intéressées, une audition publique.