La Fédération du transport de la CGEM (FT/CGEM) met le gouvernement devant le fait accompli. Elle décide, de façon unilatérale, de réviser les tarifs contractuels de transport routier. Ainsi, ces prix connaîtront désormais soit une hausse, soit une baisse à la fin de chaque mois. Pour calculer ses tarifs, la FT/CGEM introduit son propre coefficient d'indexation. Il est établi en fonction de l'évolution des prix du gasoil à la pompe à Casablanca et de celle du montant du SMIG, en plus des charges sociales. Jeudi 6 mars, la Fédération a fait savoir que cette révision aura lieu chaque fois que ce coefficient variera de 2% ou plus par rapport au dernier réajustement des tarifs et interviendra à la fin du mois qui suit l'enregistrement de cette variation. Cette révision fait suite à l'instauration par le gouvernement du système d'indexation des produits pétroliers. Aux niveaux des transporteurs, on estime à 54% le poids des charges relatives aux variations du prix du gasoil, de l'entretien ainsi que de la réparation, et à 16% le poids des charges sociales. La FT/CGEM invite l'ensemble des professionnels impliqués dans le transport routier, à savoir les donneurs d‘ordre, les chargeurs ou encore les commissionnaires «à prendre en considération cette formule d'indexation» qui ne concerne pour le moment que le transport de marchandises. «Concernant le transport public routier en commun de personnes par autocar, des concertations entre les pouvoirs publics et la profession sont en cours pour définir les dispositions adéquates à prendre», est-il indiqué. Décision sans impact? La Fédération du transport justifie sa décision par «l'absence de concrétisation» des mesures consignées dans le PV de la réunion du 18 septembre 2013 tenue avec plusieurs départements ministériels. Au cours de cette rencontre, le gouvernement s'était engagé à introduire des «mesures d'accompagnement» comme l'instauration du gasoil professionnel, consistant à restituer aux transporteurs une partie de la taxe intérieure de consommation du carburant (TIC) qui s'élève à 2,42 DH/le litre. De même, rappelle la FT/CGEM, il avait été décidé d'introduire dans la loi de finances 2014 une révision du taux de la TVA sur le gasoil de 10 à 20%, ainsi que l'instauration d'un indice permettant la répercussion automatique et légale des variations sur le prix intérieur du gasoil. Face à ces promesses non tenues, la fédération a décidé de passer à l'acte. «C'est une manière de pousser le gouvernement à réagir. Mais cette décision risque de ne pas avoir d'impact, car elle n'a aucune force juridique. La FT/CGEM ne peut pas l'imposer aux autres opérateurs», commente Abderrahim Chennaoui, président du Centre professionnel pour le développement de la sécurité et du transport (CPDST).