La hache de guerre est déterrée entre la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (Cnops) et les médecins du secteur libéral. En cause, une opération de vérification des prises en charge lancée par la Caisse. Les quelque 80.000 assurés de la Cnops ont en effet reçu une correspondance leur demandant s'ils ont réellement bénéficié d'une prise en charge dans le cadre du tiers payant. Une opération qui a révélé plusieurs cas de fraudes, selon la Cnops. D'après les premiers résultats, quelques 30 assurés Cnops ont déclaré n'avoir pas bénéficié de la prise en charge déposée par les prestataires de soins et remboursée par la caisse. Le montant des prises en charge fictives atteint les 80.000 DH. L'annonce a suscité l'ire du Syndicat national des médecins du secteur libéral (Snmsl). La corporation s'indigne donc «des multiples sorties médiatiques inculpant les médecins d'être responsables du déficit budgétaire dont souffre la caisse». Le Syndicat s'interroge d'abord sur la démarche : «Si l'on compte le prix des courriers envoyés (5 DH pour 80.000 assurés), cela a dû coûter une fortune, dilapidant ainsi l'argent du contribuable». Autre point de discorde: la facturation. «Quant à la prétendue «surfacturation» que la Cnops ne cesse de marteler, à tel point qu'elle s'est permise de créer un portail pour recueillir les plaintes, le Snmsl rappelle que la médecine est une profession libérale comme le barreau, l'architecture... de ce fait, les honoraires sont libres, chaque prestataire estime ainsi ses honoraires selon sa compétence, sa technicité après des années d'études et de séances de perfectionnements», explique Badreddine Dassouli, président du Snmsl. Selon lui, la stratégie des gérants de la Cnops fait partie de la campagne de dénigrement engagée contre les médecins, qui tend à les discréditer afin de faire passer le projet de loi relatif à l'exercice de la médecine. Cette loi permet aux investisseurs et surtout aux patrons d'assurances de s'accaparer des cliniques. Après cet argumentaire, la profession passe à l'offensive en rappelant au directeur de la Cnops que le syndicat ne cesse de recevoir des plaintes : «d'une part, de nos patients, pour les retards et les montants des remboursements insignifiants par rapport aux frais de soins engagés, et pour refus de remboursements en se basant sur des prétextes futiles, d'autre part des médecins et des directeurs de cliniques se plaignant de défaut de remboursements pour causes obsolètes, de problèmes de recouvrement dont le délai est très long, pouvant atteindre une année, et de ristournes exigées par certains agents de la Cnops pour procéder au remboursement», fustige le président du syndicat. Le bras de fer entre la Cnops et les médecins du secteur libéral se poursuit depuis des années sur fond d'une réforme qui a du mal à passer.