«Je suis ému et plein d'espoir. Emu de voir partir les musées vers une autre instance, mais confiant, car ils sont entre de bonnes mains avec la Fondation nationale des musées». Tels auront été les premiers mots du ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi , afin d'annoncer officiellement la passation de 14 musées du ministère à la Fondation nationale des musées. «Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sinon à applaudir. Je suis heureux que depuis que je fais partie de la Fondation et que depuis que Mohamed Sbihi est ministre, nous avons travaillé ensemble pour que ce jour de passation puisse arriver. Je voudrais aussi remercier les différents services du ministère qui ont beaucoup travaillé et les conservateurs des musées présents avec nous», intervient Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées, qui se dit confiant et enthousiaste. «J'insiste sur ces passerelles créées entre la fondation et le ministère, car nous n'avons qu'un but : servir le patrimoine et servir le Maroc». Ce patrimoine se voit offrir une cure de jouvence et une initiative qui devrait donner un nouveau souffle à une culture du musée encore inexistante au Maroc. «Malgré la richesse des collections muséales qui témoigne d'une composante historique et d'une créativité de notre patrimoine culturel, le Maroc ne dispose que de 30 musées. Il n'y a pas de cadre réglementaire qui définit réellement ce qu'est un musée à part ceux qui sont recensés par le ministère. On y a inclus les musées d'autres départements ministériels. Les procédures pour la classification sont lourdes, ce sera un chantier sur lequel le ministère et la Fondation travailleront ensemble», continue le ministre de la Culture, qui en profite pour annoncer l'ouverture du tant attendu Musée national des arts modernes de Rabat au milieu d'année. «Il faut savoir que les musées recensés ont tous été créés à l'époque du protectorat et qu'ils sont concentrés sur les villes dites impériales. L'idée est de bénéficier d'un musée propre à chaque région». Plus de musées certes, mais qu'en est-il de l'accessibilité de ces derniers? Est-ce que le Marocain a la culture du musée et sinon comment la lui inculquer ? Ce sont des questions auxquelles Mehdi Qotbi a tenté de répondre : «Je pense que démocratiser, c'est donner l'accessibilité. Nous avons le souci d'inviter des jeunes enfants de l'école et les enfants ramènent des enfants. Nous discutons avec le ministère de l'éventualité de créer 2 jours de gratuité : le vendredi et le samedi pour inciter les Marocains à visiter les musées. J'ai d'ailleurs été reçu par le roi il y a de cela 15 jours. Il a utilisé le mot démocratiser et a insisté sur l'accessibilité». De ce fait, la Fondation nationale des musées est consciente du travail qu'il reste à faire dans la conscience culturelle du Marocain. Elle se dit consciente du chemin à parcourir, mais reste convaincue que c'était la meilleure chose à faire pour la culture au Maroc. Une culture qui se monnaie pour ne pas être trop chère... «Il est évident qu'il y a un nouveau souffle pour la culture et j'en suis ravi. Nous avons parlé de la participation du privé, on ne peut pas compter uniquement sur l'Etat. D'ailleurs, lors de mon entretien avec le roi, il a insisté sur ce cadre juridique pour que ce mot de musée ne soit plus galvaudé. On a pensé à une appellation : les amis du Musée, où les instances privées pourraient participer au développement du projet», explique Mehdi Qotbi. En somme, si le projet ne s'essouffle pas et que la passion du patrimoine l'emporte, le ministère aura marqué un bon point en misant sur le musée...Reste à faire fructifier la mise, pour la faire vivre et la laisser grandir le plus longtemps possible.