Samir Benmakhlouf, DG de Microsoft Maroc Les ECO : Quelle est aujourd'hui la stratégie Microsoft en direction de l'entreprise marocaine ? Samir Benmakhlouf : La stratégie de l'entreprise est issue d'une stratégie mondiale qui consiste aujourd'hui à offrir un service Cloud que ce soit de datacenters Microsoft ou carrément dans l'entreprise, ou encore une solution hybride. Un autre service peut provenir de ce qu'on appelle un cloud national. Il y a des entreprises marocaines qui sont en train de monter des clouds publics pour servir des personnes et des sociétés marocaines, mais aussi pour exporter leurs services surtout pour l'Afrique francophone et au-delà. Il y a trois types de services. D'abord, le software, à savoir des services de messagerie qui visent l'espace numérique de travail et la gestion de documents, la vidéoconférence sur internet et les services de CRM (gestion de clients). Ensuite, il y a ce qu'on appelle l'infrastructure, à savoir les serveurs virtuels où les entreprises peuvent installer leurs propres applications. Enfin, la plateforme comme service permet d'avoir des espaces de stockage, d'archivage, des bases de données prêtes, des sites web prêts à l'emploi que l'on peut héberger dans des clouds privés ou publics. Qu'en est-il de la demande du marché pour ce genre de services ? La demande ne fait que commencer car plusieurs entreprises utilisent une technologie qui a 12 ans. Lorsqu'on a recensé les ordinateurs qui marchent sur notre plateforme, nous avons constaté que plus de 80% fonctionnaient, sous windows xp, qui arrivera en fin de vie en avril 2014. Il ne reste plus que quelques mois et la plupart des entreprises n'ont pas encore commencé à migrer vers de nouvelles technologies, de nouveaux processeurs, des tablettes et mobile phones. Aujourd'hui, il y a une multitude de périphériques et de devices qu'on utilise chaque jour et qui sont autant d'outils de productivité. Il faut donc que ces outils soient sécurisés, flexibles et faciles à l'emploi. Dans ce contexte, Microsoft a toujours été une plateforme qui évolue dans ce sens. Comment faites-vous alors pour attirer l'attention des entreprises pour les faire migrer vers ces nouvelles technologies ? Aujourd'hui, tout le monde sait que les réseaux sociaux sont un moyen très efficace de communication pour l'entreprise. La tendance, c'est de mettre en avant les adresses facebook, twitter, qui sont autant de moyens d'interaction, au lieu des sites web. Quelles sont vos ambitions pour le Maroc en termes de part de marché et de chiffre d'affaires en 2013 ? Chez nous, on résonne plutôt en termes de croissance. Notre ambition est de croître de 20% et nous considérons que le marché des tablettes est en train de grandir. Il y a des tablettes sous windows 8, que ce soit chez Dell, HP, Samsung ou même Microsoft qui commencent à s'établir sur le marché. C'est un gain important dans la mesure où les gens veulent un outil facile à utiliser. Au-delà de l'entreprise, quelle est l'approche Microsoft de l'administration marocaine ? Nous avons lancé une initiative en Afrique qui se traduit aussi au Maroc par trois axes. Le premier a trait aux compétences, notamment en ce qui concerne la formation dans les écoles, les universités et la formation professionnelle. Nous avons aussi mis en place des certifications Microsoft au profit des formateurs dans les universités et à l'OFPPT. Ce dernier a déjà certifié 6.000 personnes, ce qui nous donne une capacité humaine pour le marché de l'emploi. Le deuxième axe porte sur l'accès, à savoir vulgariser l'internet broadband (haut débit). Enfin, au niveau de l'innovation, nous travaillons avec l'entreprise, le gouvernement et les étudiants pour créer des applications en un temps record entre 15 jours et un mois, qui sont stockées sur le cloud microsoft et que l'on peut télécharger. Pour illustration, un jeune marocain a créé une application qui vous guide directement vers la pharmacie de garde la plus proche. Quelle est la place de Microsoft dans le chantier de l'e-gov au Maroc ? Aujourd'hui, pratiquement toutes les administrations sont à un niveau d'informatisation avancé, ce qui manque au Maroc, c'est de lier ces silos d'informations car le citoyen et l'entreprise font toujours le coursier entre différentes administrations pour avoir des documents. Ceci dit, la plupart des administrations marocaines sont sur la plateforme Microsoft. Je donne l'exemple du passeport biométrique, de Ramed, de la quasi-totalité de la messagerie du gouvernement, etc. Quel est le menu de la convention signée avec CGLU à Rabat ? On vient de lancer une initiative mondiale qui s'appelle CityNext et qui développe des solutions pour les villes car la tendance aujourd'hui est que tous les gouvernements du monde se décentralisent au profit des communes qui gèrent leurs propres finances. Le maire de la ville peut ainsi disposer d'un tableau de bord pour mesurer les différentes problématiques liées au transport, à la santé, à l'habitat, à l'éducation, etc. Nous avons donc signé une convention avec CGLU pour toute l'Afrique, mais notre savoir-faire à ce niveau va au-delà.