Le rapport de l'Agence de notation Fitch Ratings constitue une première note pour le gouvernement et pour la notation souveraine du Maroc. La bonne note obtenue par les principales banques marocaines s'appuie, en effet, sur la bonne notation souveraine du pays. En novembre dernier lors de sa dernière notation pays, le Maroc s'est vu confirmer les notations de défaut émetteur, Issuer Default Rating (IDR) à long terme en devises et en monnaie locale, respectivement à BBB- et BBB avec une perspective stable. Dans son dernier rapport sur l'état des lieux et les perspectives du secteur bancaire marocain, Fitch n'a pas manqué d'alerter sur les risques qui pèsent sur certaines banques marocaines en cas de perte de cette confiance. C'est le cas par exemple d'Attijariwafa bank, qui court le risque de voir sa notation amoindrie en cas d'abaissement de la note souveraine du pays. «Tout abaissement de la note souveraine du Maroc, actuellement à BBB-/stable, ou une réduction des liquidités pourrait conduire à une dégradation de la note d'AWB», a averti l'agence de notation qui s'appuie notamment sur les besoins en financement à court terme de la banque, ainsi que sur les liquidités disponibles. Cette perspective est de mauvaise augure pour les banques marocaines puisqu'au regard de la situation économique caractérisée par une dégradation des principaux indicateurs macroéconomiques, certains analystes n'écartent plus l'éventualité d'une dégradation de la notation souveraine du pays au cours des prochains examens attendus d'ici quelques mois. Cependant, il convient de tempérer ce risque par certains facteurs importants, notamment le maintien de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI en juillet dernier, ainsi que les perspectives de croissance du PIB (autour de 4,5%). Fitch Ratings, qui s'est basé sur la stabilité politique dont bénéficie le pays, comparé à ses voisins, et cela même au plus fort des troubles sociopolitiques des dernières années, ainsi que sur la bonne performance macroéconomique du pays, a anticipé pour 2013 une réduction des déficits budgétaires et du compte courant grâce aux mesures annoncées par le gouvernement. Sauf qu'il s'agit, entre autres, de la réforme du système des subventions publiques toujours en stand by, ainsi que du rebond de la croissance économique grâce à la contribution du secteur agricole. L'agence a également anticipé sur une amélioration de la situation économique dans la zone euro, qui s'accompagnera d'une baisse des cours du baril de pétrole et d'une progression des exportations marocaines, ce qui devrait à terme déboucher sur un allègement progressif du déficit courant, en plus d'une stabilisation des réserves internationales du Maroc. L'agence a même prévu une amélioration progressive de la note souveraine du Maroc en se basant sur les réformes politiques et économiques annoncées par le gouvernement, lesquelles se traduiraient par un impact positif sur les principaux indicateurs socioéconomiques du Maroc. AWB plus exposée que SGMA et BMCI Selon l'évaluation de Fitch Ratings, quatre des principales institutions financières marocaines ont obtenu de bonnes notes, ce qui constitue un critère important, notamment pour leur sortie à l'international. La Société générale du Maroc (SGMA) et la BMCI ont été classées dans la catégorie AAA/ avec des perspectives stables sur le long terme en raison notamment du soutien de leurs maisons-mères, respectivement la Société générale des banques et le groupe BNP-Paribas. De son côté, Attijariwafa Bank a été évaluée AA-/avec des perspectives stables et la société de crédit Eqdom, filiale du SGMA a été classée AA/ stable. Selon Fitch Ratings, la notation d'Attijariwafa Bank (AWB), l'un des acteurs majeurs du secteur bancaire marocain avec une part de marché de 28%, s'explique largement par l'absence d'actionnaire extérieur. La banque s'appuie donc sur la position plus exposée de la première banque marocaine comparée à celle de la SGMA et de BMCI. De plus, AWB est active dans toute l'Afrique francophone où les risques sont les plus importants, notamment en raison du contexte sociopolitique de ces pays. Ainsi, 6% des prêts d'AWB sont accordés à la Tunisie, un pays qui traverse une période d'instabilité, tandis que 12% des prêts vont en Afrique subsaharienne. Fitch considère que «l'augmentation du volume des prêts dans cette dernière région constitue un risque».