Les agences de voyage ne vont pas oublier de sitôt l'opération «Omra» de cette année. Non seulement elles n'ont pas pu récupérer leurs acomptes, versés auprès des prestataires saoudiens, mais elles se sont surtout retrouvées à rembourser les clients qui n'ont pas pu effectuer le petit pèlerinage aux lieux saints de l'Islam lors du ramadan passé. Khalil Majdi, le président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM) parle ainsi de «compromis à perte» pour les voyagistes impliqués dans le business de la Omra. «Les pèlerins mécontents se sont retournés contre les agences de voyage. Cela a créé des problèmes. Il fallait donc trouver les moyens de les rembourser. La plupart des agences ont pu le faire», indique le président de la FNAVM. Toutefois, la tâche n'a pas toujours été facile pour certaines structures. D'ailleurs, on fait cas de quelques expériences qui ont failli mal tourner entre clients et voyagistes, notamment à Tanger et à Casablanca. À ce jour, la fédération n'est pas encore parvenue à estimer le montant exact du «manque à gagner», ou plutôt des «pertes» subies par les agences de voyages. À ce propos, «un recensement est toujours en cours pour estimer ces dommages, et voir quelles agences ont été concernées», renseigne Khalil Majdi. Il fait également savoir que les résultats de ce recensement devraient être connus «dans les prochains jours». Le ministère du Tourisme a convoqué un comité technique consultatif le 10 septembre pour faire avancer ce dossier, avec la participation d'une vingtaine d'agences. Cette question avait tellement défrayé la chronique avant ramadan qu'elle avait poussé le chef du gouvernement à intervenir. La convocation de ce comité technique consultatif entre dans le cadre de la résolution du problème. Comment s'annonce le Hajj ? Des problèmes subsistent, mais sur une autre grosse opération, celle du Hajj. Si le président de la FNAVM affirme que «les préparatifs se déroulent très bien», des interrogations persistent encore sur le choix à faire pour la répartition du nombre de pèlerins. Au niveau de la FNAVM, les réunions se poursuivent avec les institutions publiques en charge de l'organisation du Hajj, notamment le ministère des Habbous et des affaires islamiques. La réduction de 20% du nombre des pèlerins, imposée par les autorités saoudiennes en raison des gigantesques travaux en cours à la Mecque et à Médine, n'en finit pas de compliquer l'équation. Après la décision du département des Habbous de privilégier les personnes âgées, l'heure est à la répartition des futurs pèlerins entre les agences de voyages afin d'atteindre le quota minimum (45 par agence) exigé par l'Arabie saoudite. Sur ce point, précise Khalil Majdi, «nous avons compensé avec les quotas accordés aux parlementaires pour atteindre au moins 43 voyageurs par agences». En d'autres termes, la réduction des 20% empêchait aux agences d'atteindre ce nombre minimum (elles en étaient à 38). À présent, elles pourront récupérer 4 pèlerins sur la liste accordée aux parlementaires. Toutefois, cela ne résout pas le problème, car les services saoudiens exigent au moins 45 voyageurs par agence. «Nous attendrons de voir si l'Arabie saoudite va accepter ce nombre ou pas», se résigne-t-on du côté de la FNAVM. Diversification Une chose est sûre : cette année, le business du Hajj et de la Omra a été moins lucratif pour les voyagistes. Cette donne risque de durer jusqu'à ce que les travaux en cours en Arabie prennent fin, ce qui ne devrait pas arriver avant au moins deux ans; d'où la nécessité, pour les agences spécialisées dans l'organisation des pèlerinages, d'activer la stratégie de la diversification. Cette nouvelle orientation, à entendre les professionnels, ne serait pas encore à l'ordre du jour: selon le président de la FNAVM, «il n'y a pas encore de mesures concrètes prises dans ce sens».