Rien ne va plus pour Mediaco! Au delà de ses difficultés financières, la société spécialisée dans le levage et la manutention vient d'entamer un nouveau chapitre, encore plus compromettant. Alors qu'en date du 24 juin 2013, la société Mediaco Maroc a tenu son assemblée générale ordinaire afin d'adopter la décision de révoquer tous les membres du Conseil d'administration, l'ancien PDG de la société alors congédié de la réunion demande à ce que toutes les décisions prises au titre de cet AG soient suspendues. Il s'agit bien évidemment de la révocation des membres du conseil d'administration. Au cours de l'AG du 24 juin, il a été également décidé de nommer de nouveaux administrateurs pour une durée de 6 ans. Il s'agit d'Alexandre Vernazza, de la société Afrique Levage représentée par Alexandre Vernazza, Hervé Tichadelle et Antonio Gomez -Tarilonte. L'assemblée a aussi décidé de ne pas approuver les comptes de la société Mediaco Maroc au titre de l'exercice 2012 et a refusé de se prononcer sur la résolution relative à l'arrêt de la cotation du titre à la Bourse de Casablanca, au motif que le point n'avait pas été inscrit à l'ordre du jour. Ces deux dernières décisions sont alors en contradiction avec celles établies en date de 21 mars dernier par le conseil d'administration qui s'était réuni pour approuver les comptes de l'exercice de 2012, d'adopter à l'unanimité la décision d'arrêter la cotation du titre sur la Bourse de Casablanca et de procéder par conséquent à toutes les modalités pour sortir la société de son compartiment de cotation. Contactés par Les ECO, aucune partie prenante dans cette affaire, à savoir Nicolas Mayet et Alexandre Vernazza n'a donné suite à nos questions. Cela dit, selon une source proche du dossier, l'ancienne direction sollicite la réparation du préjudice subi du fait des agissements fautifs commis par le cortège présidé alors par Alexandre Vernazza lors de l'AG du 24 juin dernier. Une affaire de cession de titres Suivant le jugement du 8 septembre 2011, le tribunal de commerce de Marseille a ouvert une procédure de liquidation judiciaire à l'encontre de la société Maghreb International (anciennement dénommée Mediaco International). Aussi, le 13 mai 2011, la société Maghreb International a cédé l'intégralité des titres de la société Afrique Levage. Selon l'avocat de Nicolas Mayet, cette cession a été acceptée par les cessionnaires, soit la société Arab Crane International LTD et Nicolas Mayet le 16 mai 2011. Selon notre source, cette cession est restée, en revanche, de par la volonté commune des parties, séquestrée entre les mains d'un tiers dépositaire. À l'égard de la société Maghreb International, la cession de parts sociales entraîne transfert de la propriété de celles-ci dès l'échange des consentements ou à la date convenue par les parties. Les cessions sont en effet soumises aux règles du droit commun de la vente et, sauf convention contraire, la propriété est acquise de droit par l'acquéreur à l'égard du cédant dès l'accord des parties sur la chose et sur le prix, même si le prix n'a pas été payé.Cette solution a d'ailleurs été consacrée par la Cour de cassation; rejetant l'argument d'un acquéreur de parts de SARL qui, pour échapper à la demande du cédant en paiement du prix, invoquait le fait que l'exigence d'un écrit constatant la cession des parts constitue une condition de validité de l'acte, la Cour a énoncé que, dans les rapports entre les parties, la cession des parts d'une SARL est parfaite dès l'accord des volontés. Pour ce qui est de l'opposabilité de la cession, les titres de la société Afrique Levage n'a fait, en revanche, l'objet d'aucune formalité. S'agissant d'une cession entre personnes relevant de droits nationaux distincts, le défaut d'accomplissement des formalités doit être appréhendé au regard des différentes législations. En droit français, le non accomplissement des formalités auprès du RCS rend la cession inopposable aux tiers, peu importe que ceux-ci en aient eu connaissance. Dans ce sens, à l'égard des tiers, le cédant conserve la qualité d'associé. Au volet, de l'opposabilité de la cession au Maroc, le défaut d'accomplissement des formalités auprès du greffe du tribunal de commerce de Tanger est sans incidence sur le transfert de propriété et sur la qualité d'actionnaire, suite à la cession des 13 et 16 mai 2011. Le transfert de propriété des parts cédées emporte transfert de la qualité d'associé ou d'actionnaire. «Dans les rapports entre les parties, la cession reste valable. Dans ce sens, et en l'état de ce qui précède, Maghreb International ne devrait pas être associée à la société Afrique Levage», affirme notre source. Bourse, Mediaco Maroc malmenée Introduite en Bourse en 2006, le parcours de Mediaco Maroc, filiale du groupe français Mediaco, spécialisée dans la location et la vente de nacelles, grues et matériels de levage, ne passe pas inaperçu. En clair, ces six années, 2 «profit warnings» ont été émis par la société, attestant de la conjoncture difficile qu'elle traverse. Il convient justement de revenir un peu en arrière, pour bien analyser la situation de la société. C'est en février 2011 que Mediaco avait publié son premier «profit warning», dans lequel elle prévoyait une baisse de ses indicateurs d'activité pour l'année 2010, touchés par la diminution du nombre des chantiers et l'arrivée de nombreux concurrents sur le marché national. Cependant, le management de la société restait confiant en l'avenir à moyen et long termes et sur sa capacité à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour tirer profit de la prochaine reprise. Une année plus tard, la situation n'avait pas changé, si ce n'est pour considérablement s'aggraver pour Mediaco. Une 2e annonce publiée en ce début d'année prévoyait un recul de 40% du chiffre d'affaires au titre de l'exercice 2011, ceci sans altérer pour autant l'optimisme des dirigeants de la société pour une reprise rapide de l'activité. En effet, face à cette situation délicate, la société tente de justifier ses mauvais jours, en se débattant pour honorer ses engagements financiers qui s'élèvent à 255 MDH, dont 50 MDH d'emprunt obligataire émis en 2007. Elle a ainsi décidé de recourir aux dispositions du Code du commerce, relatives au traitement des difficultés de l'entreprise. À cet égard, la demande de mise en redressement judiciaire de la société a été rejetée par les autorités compétentes. Résultat : les dirigeants ont négocié des accords amiables avec l'ensemble des créanciers. Depuis début 2008, le cours en Bourse Mediaco a perdu pas moins de 94,09% de sa valeur. Il se traite aujourd'hui autour de 27 DH.