Les sociétés d'exploitation et de commercialisation du lait et de ses produits dérivés ont-elles enfreint les règles d'une concurrence loyale ? En s'entendant implicitement sur une tarification et sur l'augmentation des prix du lait, ces sociétés sont aujourd'hui pointées du doigt et même accusées de position monopolistique. Cette patate chaude lancée au Conseil de la concurrence constituera donc une rentrée remarquée pour l'équipe de Benamour, qui devra répondre à une demande de l'Exécutif, avant que ce dernier ne prenne position par rapport à cette augmentation, rejetée par l'opinion publique. Cependant, il y a lieu de rappeler que le secteur laitier est libéralisé... sous conditions. Les prix sont fixés en fonction de l'offre et de la demande, en plus des conditions d'approvisionnement des exploitants, mais tombent sous le coup de la justice si des ententes sont relevées pour tenir le marché en laisse par les sociétés du secteur. Il faut dire que c'est la Centrale Laitière qui a pris les devants en appliquant l'augmentation, avant que ses «concurrents» ne suivent. Elle qui s'accapare près de 70% de la part du marché n'avait jamais franchi ce pas quand elle était dans le giron de la holding royale. Serait-ce donc le revers de la médaille de ce désengagement ? Dans ce contexte, le gouvernement Benkirane se trouve embarrassé par une situation qui lui est imposée, car il a subi la décision comme tous les citoyens. En revanche, l'Exécutif dispose d'outils régulateurs qui lui permettent de rappeler les sociétés concernées à l'ordre, notamment en matière de pratiques monopolistiques. C'est ce qui explique les sorties, tardives il faut le reconnaître, d'Akhannouch et de Boulif. Ces derniers devraient interpeller ces sociétés sur les marges de gain qu'elles réalisent, notamment dans les dérivés du lait, dépassant parfois 40% et qui sont étayées par le niveau très élevé des bénéfices réalisés chaque année. C'est peut être là l'occasion pour taper sur la table et dire : BASTA !