La déprime se poursuit chez les industriels marocains. Les résultats de l'enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib (BAM) concernant l'industrie pour le mois de juillet qui viennent d'être publiés font état de la détérioration de la situation, en comparaison avec son niveau du mois précédent. Dans l'ensemble, un industriel sur deux déclare une baisse de la production après avoir indiqué cette dernière en hausse au cours du mois de juin. En glissement annuel, la production aurait diminué selon 57% des entreprises, ramenant le taux d'utilisation des capacités à 69% après 72% le mois précédent. Ces résultats témoignent de la difficulté conjoncturelle que traversent les industriels à l'entame du deuxième semestre de l'année. Il faut relever que, dans le même temps, les ventes auraient cependant augmenté pour 44% des industriels et baissé selon 37% d'eux. Au mois de juin dernier, les réponses étaient respectivement de 54% et 29%. Les perspectives pour les prochains mois s'annoncent également peu reluisantes puisque les nouvelles commandes connaissent une stagnation pour 45% des enquêtés alors qu'elles ont baissé pour 36% d'entre eux. Le niveau des carnets de commandes est jugé normal selon 46% des sondés, et inférieur à la normal selon 33% d'entre eux. Perspectives à court terme Selon les résultats de l'enquête de conjoncture, l'optimisme constaté les premiers mois de l'année s'effrite de plus en plus. Alors que certaines données plaident pour une relative embellie pour le second semestre avec la détente que connaît l'économie mondiale -notamment en Europe- les industriels marocains ne s'attendent pas à une sensible amélioration de la situation à court terme. Ainsi, pour les trois prochains mois, 53% des entreprises anticipent une stagnation de la production et 28% une hausse alors que pour les ventes, 46% des industriels s'attendent à une hausse et 37% à une stagnation. Autant dire que la situation risque de poursuivre sur sa tendance au repli, ce qui contraste avec l'optimisme du gouvernement. La situation est plus préoccupante dans les détails de l'enquête de conjoncture. Par branche d'activité, la production aurait baissé dans les industries agro-alimentaires (52%), chimiques para-chimiques (54%) et mécaniques et métallurgiques (61%) et aurait augmenté dans les industries électriques et électroniques (56%). Les industriels du secteur «textile, habillement et cuir» font état d'une situation plus mitigée puisque les entreprises dudit secteur sont partagées entre une stagnation (43%) et une hausse (36%) de la production. Selon les conclusions tirées par BAM, ces conditions engendreront un baisse du taux d'utilisation des capacités à hauteur de 69% dans les industries agro-alimentaires, de même que pour celles du secteur chimique et para-chimiques et les industries mécaniques et métallurgiques dans, sensiblement, les mêmes proportions. En revanche, tempère la note, il s'est accru à 77% dans la branche «électriques et électroniques» et à 70% dans celle «textile et cuir». Ces derniers résultats constituent un relatif motif d'espoir puisqu'elles s'inscrivent dans la droite ligne du comportement que connaît ces secteurs ces derniers mois. De même, l'état d'esprit des industriels ne fait que refléter la baisse de régime que connaît le secteur depuis le début de l'année. Selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), le secteur industriel a affiché un sensible ralentissement au début de l'année, ce qui s'est répercuté sur le début du second semestre. Les principaux indicateurs en la matière confirment cette tendance puisque l'Indice de la production industrielle (IPC), la consommation de l'énergie destinée au secteur et le taux d'utilisation des capacités de production ont accusé des reculs parfois significatifs. Déprime généralisée Les perspectives pour le secteur industriel s'assombrissent, donc. En plus de la situation au niveau international, le contexte interne ne plaide pas en faveur de l'optimisme. La situation politique pleine d'incertitude, conjuguée à la situation critique que traverse l'économie nationale, complique davantage la donne pour les industriels. De ce fait, la déprime qui caractérise le moral des industriels n'est pas sans évoquer l'état de la situation globale des principaux acteurs économiques. En plus des patrons, les ménages aussi sont dans la tourmente (voir leseco.ma). Selon l'Indice de confiance des ménages (ICM) du HCP, la confiance a connu une détérioration de 1,6 point au cours du deuxième trimestre de 2013 par rapport au premier, et de 6,5 points par rapport à son niveau une année auparavant.