Depuis plusieurs années, un chantier en remplace un autre, faisant de Casablanca un grand chantier à ciel ouvert. Programmes de développement urbains (voierie et mobilité, espaces verts, équipements publics), infrastructures, villes nouvelles, réhabilitation de l'ancienne médina, habitat, environnement, tout y passe. Pour faire le point sur l'avancée de ces projets, tout le gotha du grand Casablanca s'est réuni (ndlr : sauf Mohamed Sajid, maire de la ville, grand absent de cette messe) le temps d'une conférence pour présenter à une audience d'opérateurs économiques, acteurs sociaux, parlementaires ainsi que conseillers régionaux et communaux les projets structurants de la région. C'est sans doute une manière de démontrer que les désagréments vécus par les Casablancais et les Casablancaises sont pour la bonne cause puisque Casablanca change de visage. Les autorités de la ville promettent que c'est pour le mieux. C'est notamment le cas des chantiers relatifs aux infrastructures de transport. En effet, si les projets de création d'une marina, de Casa Finance City et autres, monopolisent les intérêts des opérateurs économiques, ce sont bel et bien les chantiers d'infrastructures de transport qui semblent être le plus une gêne pour les citoyens de la capitale économique. L'expérience vécue lors de la mise en œuvre des lignes du tramway n'en est que le parfait exemple. Pourtant, dès l'achèvement des travaux de ce projet, aucun ne niait le plus qu'il a apporté à une métropole dont les moyens de transport étaient mis à mal. C'est particulièrement ce cas qui est mis en avant aujourd'hui par les autorités de la ville afin de convaincre ses habitants de faire preuve de patience, le temps que les différents chantiers entamés ou en projet, soient achevés. L'échangeur de Sidi Maârouf, le lancement prochain des travaux du métro aérien, la trémie Dakar (rond-point chimicolor) et celle de l'Oasis, ou encore la rocade sud... Autant de chantiers qui sont actuellement dans le pipe et qui risquent de rendre la vie dure aux Casablancais pour quelques années encore. Ceci dit, la maîtrise des délais de réalisation de ces chantiers est donc un facteur important. À quelques exceptions près, à l'exemple du projet de rénovation de Casa-Port, l'avancement des grands projets se fait globalement dans les délais initialement prévus. C'est du moins ce pourquoi les différents intervenants ont essayé de convaincre. En tout, plusieurs dizaines de MMDH sont engagés dans la ville de Casablanca, dont une partie du financement est déjà assuré, soit par autofinancement, soit à travers l'intervention de partenaires étrangers. Il y a tout de même lieu de préciser que tous les projets ne sont pas logés à la même enseigne. Des projets de transport comme celui de la mise en place d'un RER Mohammédia - aéroport Mohammed V et les trois autres lignes de tramway sont pour l'heure en suspens, le temps que la question du financement soit justement résolue. Pour le cas du RER, les négociations sont actuellement en cours pour le montage financier et institutionnel entre l'Etat, notamment les ministères de l'Intérieur et de l'Economie et des finances, la région, la commune urbaine, l'ONCF et d'autres partenaires, particulièrement la CDG. Pour les autres lignes prévues du tramway, les autorités de la ville reconnaissent que la problématique financière est importante et qu'il est nécessaire de conjuguer les efforts pour la mise en place d'un fonds de financement de systèmes de transport durables et pérennes. Mohamed Brija, Vice-président du Conseil de la ville de Casablanca. Les ECO : Les projets présentés nécessitent plusieurs MMDH pour leur réalisation. Avez-vous assuré les sources de financement pour tous ces projets ? Mohamed Brija : Les études financières de tous les projets que nous avons présentés sont ficelées, et comme vous le savez, nous avons à notre disposition deux types de financement. L'autofinancement et le financement extérieur, qui peut être national comme international. Pour le projet de l'Oued Bouskoura, par exemple, qui nécessite un investissement de 1,5 MMDH, 900 MDH sont déjà assurés. Un autre exemple est celui du tramway qui demande un investissement de 8 MMDH. Plusieurs entreprises et même des pays veulent y contribuer. Il s'agit de la France, de l'Italie, de la Turquie, de la Belgique et de l'Espagne. Au cours de cette année, le Japon a également exprimé son intérêt pour ce projet. Peut-on connaître le montant des engagements de la ville de Casablanca ? Notre contribution varie d'un projet à un autre. À titre d'exemple, sur les 6 MMDH nécessaires à la réalisation du tramway, nous avons déboursé 800 MDH. Bien évidemment, le reste est financé par des emprunts et des contributions de l'Etat. L'Etat reste notre principal garant. Casablanca est un chantier à ciel ouvert. Tous les Casablancais se demandent quand tous ces grands chantiers prendront fin. Je ne pense pas qu'ils se termineront de sitôt ! Casablanca est un grand chantier où il y a beaucoup à faire. Il y a beaucoup de défis à relever. Même en 2030 ou 2040, la ville de Casablanca continuera à voir des chantiers se terminer et d'autres se lancer. Les remous que connaît le Conseil de la ville de Casablanca ne déteignent-ils pas sur la bonne marche des chantiers. La seule chose que je peux vous assurer, c'est que le développement du Grand Casablanca est sur la bonne voie. Nous devons juger la gestion de la ville sur la base des investissements qui s'y font. C'est le plus important ! Dans un contexte économique pareil, Casablanca bouge alors que sous d'autres cieux, la machine est à l'arrêt. Où en sont les grands chantiers ? Le métro aérien opérationnel en 2018 Depuis la mise en service de la première ligne de tramway en décembre 2012, les débats se sont axés sur le déploiement du reste du réseau imaginé pour la capitale économique. «La phase prioritaire actuellement est le métro aérien de 15 kms qui devra desservir les quartiers Moulay Rachid, Sidi Othmane, Sbata, Derb Soltane, la Gironde, Maârif et Bourgogne», explique Hicham Kirtassi, chef de département à Casa transport. Ce tracé passe par un bassin de 2 millions d'habitants desservi avec des prévisions de trafic de 400.000 utilisateurs par jour. Un projet ambitieux qui nécessite la somme de 8 MMDH d'investissements pour sa réalisation. «Une partie sera financée par la région, la commune et l'Etat. L'autre partie se fera via un emprunt garanti par l'Etat et la commune urbaine», explique notre source. D'ailleurs, plusieurs pays seraient intéressés par ce projet. Les instances de la ville semblent bien avancées pour démarrer le chantier en 2014. «Les études de faisabilité ont été réalisées en 2012. Les levées géotechniques, topographiques et le recollement des réseaux sont actuellement en cours, en même temps que le démarrage des études APS», indique Hicham Kirtassi. Tout est fait pour que la mise en service soit faite en 2018. 2014 : coup d'envoi des travaux pour le grand théâtre de Casablanca La capitale économique aura bientôt un espace culturel à sa hauteur. En effet le démarrage des travaux est prévu pour 2014 avec comme date de livraison 2016. Cet édifice qui se composera d'une salle de spectacles de 1.800 places, d'une salle de théâtre de 600 places, d'une salle des musiques actuelles de 300 places debout, ainsi que de salles de réunion et de commerces aura suscité beaucoup de débats avant la finalisation de ses études. En effet, la société civile s'était mobilisée contre la destruction de la fontaine de la place Mohammed V. Depuis, le projet intègre son réaménagement. «Les études techniques et architecturales de conception sont finalisées pour le sous-ouvrage du théâtre», explique-t-on auprès de Casa aménagement. Et d'ajouter : «le lancement des appels d'offres pour la construction en corps d'état séparés se fera à partir de septembre 2013, le 1er AO concernera les gros oeuvres, la charpente métallique et l'étanchéité». Alors que les travaux de démolition ont été à 100% finalisés, ceux de transplantation sont achevés à hauteur de 75%. Les travaux de déviation des réseaux sont en cours. Par ailleurs, l'étude sur la stratégie de gestion et d'exploitation du théâtre est en cours également. Pour rappel, ce projet nécessite un investissement de 1,44 MMDH. Le parc Sindibad retardé à cause du foncier L'ouverture de ce chantier qui mobilise un investissement de 492 MDH a été faite en décembre 2012. Les travaux préparatoires, à savoir la démolition des bâtiments vides du parc, les travaux de curage du réseau hydraulique sur l'ensemble du parc et les travaux de transplantation sont totalement finalisés. Les travaux de terrassements généraux ne sont qu'à 30 %. L'ouverture de ce pôle de loisirs qui s'étale sur une superficie de 34 hectares est prévue pour décembre 2014. Cependant, le projet rencontrerait quelques petites mésaventures à cause du foncier. En effet, les initiateurs du projet auraient du mal à libérer une partie du foncier à cause de certains occupants qui refuseraient de libérer les lieux. Casa Port livrée en décembre La gare de casa-port sera livrée avant décembre prochain. À l'heure actuelle, les autorités de la ville évaluent le taux de réalisation du projet de rénovation de la gare à 86% et ceci en se basant sur les bilans des travaux réalisés à fin juin 2013. La partie la plus avancée du projet est celle relative à la construction d'un immeuble de six étages devant abriter un siège de l'ONCF et des bureaux, tandis que le revêtement du bâtiment voyageur n'est réalisé qu'à hauteur de 40%. Notons que selon les responsables du projet, le retard accumulé jusque-là sur la réalisation de la nouvelle gare est principalement dû à la défaillance de l'entreprise portugaise Conduril, ce qui a poussé à la résiliation du marché et sa réattribution à l'entreprise marocaine TGCC. Les pluies exceptionnelles qu'a connues la zone pendant la période hivernale 2010, causant ainsi une perturbation et l'arrêt des travaux ainsi que la nature du sol composé de schiste fracturé, sont autant de justificatifs qui sont présentés pour expliquer le retard enregistré jusque-là. Lydec : près de 5,5 MMDH investis La Lydec est sur plusieurs fronts à la fois. Plusieurs projets structurants sont sous son contrôle notamment en matière de dépollution, d'assainissement et de lutte contre les inondations. Deux projets d'un investissement global de 1,78 MMDH sont portés par le délégataire. Le premier concerne le projet de dépollution de la zone est de Casablanca. «Ce projet qui existait et dont la réalisation ne devait se faire qu'entre 2012-2017 a été anticipé en 2010 sous la demande du roi», explique Nicolas Barbe, directeur technique à la Lydec. Et d'ajouter : «la finalisation des travaux est prévue pour 2014 par la mise en eau de l'ensemble du dispositif, à savoir un réseau d'interception des eaux usées d'un peu plus de 20 kms, 3 stations de pompage, une station de prétraitement de 11 m3/s, un traitement de présablage et un refoulement en mer». Ce dispositif permettra de dépolluer l'ensemble des plages entre Casablanca et Mohammédia. La zone ouest de Casablanca n'est pas en reste, elle bénéficie d'un projet d'assainissement nécessitant un montant de 335 MDH. Il s'agit du transfert des eaux usées de la commune de Dar Bouazza vers le réseau de Casablanca sur 9 kms pour les raccorder à la station de prétraitement existante d'El Hank, et de la collecte des eaux pluviales afin de les évacuer en mer via 8 points de rejet. Par ailleurs, à l'horizon 2030, «nous devons résoudre le problème des inondations. Pour cela trois grands chantiers sont prévus pour un investissement de plus de 3,7 MMDH», explique Nicolas Barbe. Casa Anfa sur les rails S'il y a un projet à Casablanca qui semble avancer à grands pas, c'est bien celui du développement de Casa Anfa. Les travaux d'aménagement de la première tranche du projet sont en effet déjà achevés et le chantier, incluant Casa Finance City est déjà entré dans la phase de commercialisation des premiers lots pour les institutions financières nationales, dont BMCE Bank. Les premières opérations de développement d'unités immobilières, devant abriter à la fois des logements et des locaux de bureaux sont également déjà engagés. La prochaine étape du projet consistera, selon les responsables de l'AUDA, agence en charge du projet, à l'attribution sur appels d'offres des lots de la première tranche pour que les travaux de développement soient entamés dès 2014. Pour rappel, le projet de développement de la zone Casa Anfa consiste en la réalisation d'un pôle urbain sur une superficie de 350 hectares, lequel devrait permettre à la métropole de se positionner sur l'échiquier des villes à vocation internationale.