L'agriculture n'a rien à craindre Concernant le secteur agricole, les impacts les plus importants concernent le développement de la valeur ajoutée sectorielle des légumes et des fruits (de 4,0 %) et la diminution (de 2,7 %) du secteur des céréales et des cultures. Pour sa part, le secteur des huiles végétales, qui ne représenterait à la base que 0,1% de la valeur ajoutée totale, devrait augmenter de 3,3%. Il est à noter que le secteur des fruits et légumes demeure à ce jour protégé du libre-échange. La signature de l'ALECA suppose uniquement des réductions au niveau des mesures non tarifaires. Ceci n'est toutefois pas sans impact sur le commerce bilatéral, vu que cela entraînera une hausse des exportations marocaines en fruits en légumes de 15% vers l'Europe. En contrepartie, les exportations de l'UE devraient s'améliorer de 24%. L'étude rassure toutefois : le marché local des fruits et légumes continuera à être fourni, principalement par les producteurs nationaux. Les importations ne représentent qu'environ 6% du total du secteur. «Ainsi, l'effet global de la libéralisation des échanges sera bénéfique pour les légumes marocains et les producteurs de fruits», conclut l'étude. Hausse des importations en machines et appareils C'est un fait, l'importation des machines et autres appareils (dont la part en provenance de l'UE représente 56 %) fournit une part importante des moyens de production pour l'industrie domestique. La majeure partie de la production réalisée grâce à ces outils est ensuite vendue comme biens d'équipement sur le marché national, avec seulement 25% de la production exportée (principalement vers l'UE). Une fois les mesures non tarifaires réduites grâce à l'ALECA, nous assisterons sans doute à une baisse des prix des composantes et machines importés. Selon les prévisions d'Ecorys, les importations totales de ce secteur augmenteront de 13% avec le reste du monde. Avec l'UE, les importations connaîtront une augmentation de 24%. En conséquence, la part de l'UE dans les importations en machines au Maroc passera à 62%. L'étude souligne toutefois que la croissance des exportations marocaines dans ce secteur augmentera en parallèle, avec une hausse de 71% dans nos échanges globaux et de 76 % vers l'UE. Cela ne devrait pas causer trop de dégâts à notre balance commerciale. Cuir et TIC, en danger Le secteur du cuir devrait être la filière marocaine qui connaîtra la plus forte baisse (- 3,6 %) de sa valeur ajoutée. Cette baisse s'explique également par la réduction des mesures non tarifaires dans le commerce bilatéral avec l'UE. Dès lors, la part des produits en cuir importés constituera 31% de la consommation du pays, ce qui créera inévitablement une concurrence avec les producteurs locaux. L'UE est le principal exportateur de produits en cuir au Maroc avec aujourd'hui près de 92% du total des importations dans ce secteur. Les importations de produits en cuir en provenance de l'UE devraient augmenter de 20% avec l'entrée en vigueur de l'ALECA. La concurrence devrait également frapper de plein fouet le secteur des TIC. «Cela devrait se traduire par une perte de quelque 1,7% en rendement sur le long terme», souligne l'étude. Industrie : L'export grimpe...l'import aussi La plus importante augmentation des exportations marocaines est attendue au niveau des équipements de transport. Les exportations de ce secteur devraient connaître un bond de 89% sur le long terme. De manière générale, les exportations de tous les secteurs industriels devraient augmenter de manière significative. C'est le cas des autres machines et de l'automobile qui devraient connaître respectivement des hausses de 71 et 50 %. Il y a lieu de noter que le secteur des machines devrait connaître la plus forte hausse des exportations dans l'absolu (avec plus de 3,3 milliards d'euros sur le long terme). Même constat pour l'agriculture, dont tous les segments devraient connaître une hausse, notamment les huiles végétales (+41,8%). En revanche, le secteur des services, devrait connaître une baisse des exportations. Pendant ce temps, les importations devraient augmenter dans tous les secteurs (à l'exception de l'énergie primaire). Cette augmentation est comprise entre 5 et 15% pour la plupart des secteurs. La plus forte augmentation en pourcentage (+34 %) est prévue dans les viandes transformées, mais il s'agit d'un secteur qui ne pèse pas beaucoup sur la balance commerciale marocaine. Impacts sur les droits humains et sociaux En raison de l'indisponibilité de données «récentes et complètes» sur les ménages, aucune analyse quantitative sur les effets sociaux de l'ALECA n'a pu être effectuée. L'agence chargée de l'étude s'est contentée d'évaluer ces changements sociaux de manière plutôt qualitative. En revanche, l'étude prévoit un impact relatif sur les salaires et les prix à la consommation (voir infographie page 4). En ce qui concerne les normes du travail, l'étude souligne qu'«il existe diverses forces qui influent sur la situation actuelle, mais dans l'ensemble, la situation est susceptible de s'améliorer». En outre, l'étude n'a pas pu identifier d'impact significatif sur le régime de sécurité sociale. Sur le plan des droits humains, thématique qui tient particulièrement à cœur aux Européens, il est prévu que l'ALECA affecte principalement les droits économiques et sociaux. C'est le cas notamment de l'amélioration des droits à un niveau de vie suffisant. Toutefois, l'étude ne note pas d'impact significatif sur les droits culturels, civils ou politiques. L'étude conclut que «l'effet global de l'ALECA sur la situation des droits humains au Maroc est susceptible d'être positif et largement indirect».