Le projet d'acquisition d'un bien immobilier en Espagne tombe à l'eau pour de nombreux Marocains ayant bercé le rêve de devenir propriétaire sur le sol ibérique tout en décochant un titre de séjour européen. Le gouvernement de Mariano Rajoy a, certes, ratifié la loi permettant l'obtention de la carte de séjour à tout acquéreur d'un bien immobilier, mais, contrairement à l'annonce faite en novembre 2012, la valeur du bien en question a été revue à la hausse. La loi stipule que l'acquisition immobilière doit dépasser la somme de 500.000 euros, alors que le montant avancé au début était beaucoup plus bas. À cette époque, les pronostics évoquaient une valeur de 250.000 euros et on a même avancé le montant de 160.000 euros. Des pressions de Bruxelles ? C'est certain, le gouvernement de Rajoy a été acculé à aligner son offre sur celle du Portugal et de l'Irlande. De ce fait, ce relèvement réduit la liste des nationalités intéressées et concentre la concurrence entre les Chinois et les Russes. C'est d'ailleurs cette clientèle que vise le gouvernement de Rajoy, comme l'avait bien indiqué le secrétaire d'Etat au commerce quand il a dévoilé l'existence de ce projet. À l'époque, cette annonce a fait miroiter de belles opportunités à certains clients marocains. «J'étais fortement sollicité par de potentiels clients dès que cette nouvelle s'est ébruitée», résume cet agent immobilier marocain basé en Espagne. Avant l'annonce de cette bonification aux futurs acquéreurs, de nombreux concitoyens ont commencé à étudier, avec intérêt, le marché immobilier ibérique, après la baisse des prix suite à l'éclatement de la bulle immobilière. « Au début de la crise espagnole, des clients ont manifesté de l'intérêt, mais il s'est estompé au fil des jours», ajoute-t-il. Le rappel à l'ordre de l'Office des changes, lequel a mis en garde, dans un communiqué, contre «l'acquisition de biens immobiliers dans des pays étrangers» sans son consentement a calmé aussi les ardeurs. De plus, les contrôles douaniers se sont durcis aux frontières, spécialement terrestres. Mais titre de séjour ou pas, les nationaux ont toujours été attitrés par le marché immobilier ibérique, réputé pour son bon rapport qualité/prix, particulièrement en cette période de bonnes affaires. Contrairement aux «précurseurs», les nouveaux acheteurs marocains sont des chasseurs d'opportunités et guettent les acquisitions ne dépassant pas la valeur de 100.000 euros, souligne cet agent. Toutefois, les Marocains ne représentent qu'une infime partie du marché ibérique, en comparaison avec la clientèle anglaise ou allemande par exemple. Outre la pierre, le gouvernement de Madrid offre aussi un titre de séjour contre un investissement d'au-delà de 2 millions d'euros dans les bons du Trésor public espagnol. Et ce n'est pas tout. Madrid promet des monts et merveilles à tout porteur de projet étranger dont l'activité est en mesure de créer de l'emploi et à l'entrepreneur qui investit dans un projet d'intérêt général. De la sorte, ce futur entrepreneur «hautement qualifié», aura droit à des abattements fiscaux et en guise de bienvenue, à un titre de séjour européen.