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Le choix de l'escalade
Publié dans L'observateur du Maroc le 10 - 12 - 2010

La réaction marocaine ne s'est pas fait attendre, la révision de l'ensemble des relations entre les deux pays est à l'ordre du jour. Or ces relations ont la profondeur stratégique qu'impose la situation géographique. Le Maroc joue le gendarme en ce qui concerne l'émigration clandestine et le trafic international de stupéfiants. Cette coopération est coûteuse, mais surtout crée au Maroc un nouveau problème, celui des candidats subsahariens à l'émigration vers l'Europe qui s'installent définitivement au Maroc.
La coopération économique est largement en faveur de l'Espagne. Le marché marocain a permis aux PME espagnoles de maintenir la tête hors de l'eau, malgré la crise profonde que traverse l'économie ibérique. Alors pourquoi est-ce que la classe partisane espagnole s'est permis ce coup de Trafalgar ? L'explication relève plus de la psychologie que de la politique. En effet, un sentiment de défiance vis-à-vis des Marocains est charrié par la société espagnole depuis la nuit des temps. Les politiques jouent souvent dessus pour s'attirer les faveurs de l'électorat.
Ainsi la crise actuelle trouve son origine dans les événements de Melilia, bien avant le 8 novembre 2010 et les émeutes de Laâyoune. C'est parce que la revendication juste de la marocanité de Sebta et Melilia a été réitérée que l'anti-marocanisme a refleuri. Les événements de Laâyoune ont permis à la presse espagnole de montrer l'étendue de sa haine envers notre pays. Le PSOE, longtemps réservé, a fini par suivre le mouvement. Une fois le calme revenu, il faudra à la démocratie espagnole beaucoup de courage pour se débarrasser des tendances franquistes qui la minent de manière transversale. Une presse qui chasse en meute et des partis sans nuances ne sont pas l'expression d'une bonne santé démocratique.
Ces pathologies espagnoles, nous ne pouvons pas les guérir. Bien entendu, il est hors de question d'en faire les frais à l'approche de chaque élection. Le gouvernement marocain a raison de vouloir imposer de nouveaux rapports avec l'Espagne. Le plus méprisable dans l'attitude ibérique est son aspect colonialiste, anachronique, inacceptable. La souveraineté du Maroc n'étant pas monnayable. Les intérêts économiques, réels ou supposés, ne comptent plus en pareille situation.
Ayant fait le choix de l'escalade, la classe partisane espagnole doit en assumer les conséquences, c'est-à-dire une tension accrue et une coopération suspendue, y compris sur le plan sécuritaire. Et ce n'est pas le Maroc qui y perd le plus.
Parti Populaire espagnol
Entre corruption et coups d'Etat
HAKIM ARIF
La grave crise de l'immobilier en Espagne a sans nul doute été nourrie de pratiques obscures. Corruption en tête. De grands pontes de l'arène politique espagnole, comme Francisco Corra, de son surnom Don Vito, tant ce cacique tient à ressembler au patriarche mafieux de la saga du «Parrain», ont été éclaboussés par une sombre affaire de dessous de table, mise à nu par le magistrat madrilène Baltazar Garzon. A ses côtés, dans le box des accusés, Francisco Alvarez-Cascos, l'ancien ministre de l'Equipement, et Alejandro Agag, le gendre de l'ancien chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar. Mais aussi,17 membres du Parti Populaire. L'accusation principale qui pèse à leur encontre est d'avoir perçu des pots-de-vin, d'une valeur estimée à 5,5 millions d'euros, en échange de marchés attribués à de grands entrepreneurs. Le juge le plus médiatisé du royaume de Juan Carlos a ainsi révélé un système de corruption animé par des entrepreneurs proches de la droite et des élus locaux du PP. La police suspecte même des notables plus hauts placés, jusqu'au sein du Parlement, de s'être fait graisser la patte. Dès lors, la dernière motion votée par les Cortès contre le Maroc peut avoir des motifs autres que ceux qui apparaissent de prime abord. Plus loin de Madrid, mais toujours proche de la catégorie «coups montés», le Parti populaire a participé activement à une tentative de coup d'Etat contre le président bolivien en 2007. C'est Evo Morales lui-même qui a tout révélé lors d'une conférence de presse à Madrid, le 18 mai 2010. Principale accusée, la fondation IbéroAmérique Europe (FIE). Succursale de la formation phalangiste de Mariano Rajoy, la fondation a été dirigée par la politicienne Ana Botella de 1994 à 1999. Le mari de cette dernière n'est autre que José Maria Aznar, l'ancien chef du gouvernement. Selon Evo Morales, c'est la fondation qui a financé ce coup d'Etat avorté. D'après le journaliste et chercheur allemand Ingo Niebel, le ministère public bolivien possédait la preuve que des mercenaires ont reçu 250.000 euros de la fondation de la femme d'Aznar pour renverser Morales. Le président de la FIE est l'ex-député du PP, Pablo Izquierdo, qui entretient toujours des liens étroits avec le PP et avec l'ex-chef du gouvernement espagnol José María Aznar (1994-2006). Selon l'expert germanique, entre 1999 et 2008, la fondation concernée a ainsi reçu des subventions publiques pour un montant de 4,3 millions d'euros, dont 990.000 euros ont été destinés à son travail en Bolivie. «En novembre 2008, la FIE a reçu un autre million d'euros, cette fois de la Communauté autonome de Madrid, gouvernée par une autre politicienne du PP, Esperanza Aguirre», précise Ingo Niebel. El País, le quotidien espagnol porte-parole de la droite populaire, a révélé d'autres montants mais pas pour fustiger le PP. Bien au contraire. Selon cet organe, lui-même chaînon de cette «spanish connection», 750.000 euros allaient au «développement des secteurs les plus défavorisés de la Bolivie». Le coup d'Etat était donc bien emballé. Mais Evo Morales avait visiblement encore des années au compteur. Une fois qu'on connaît le Parti populaire des Aznar et de Rajoy, on ne s'étonne plus de son ingérence dans des affaires purement marocaines.
Aznar pense que Rajoy est un incapable
Hakim Arif
Les révélations de Wikileaks risquent de faire sauter le Parti populaire (PP) espagnol. Elles montrent bien que l'ancien chef du gouvernement José Maria Aznar n'avait aucune confiance en son successeur à la tête du parti, Mariano Rajoy. Selon les révélations, Aznar doutait que Rajoy soit l'homme adéquat pour mener le Partido popular au pouvoir. Aznar avait même confié en 2007 à l'ambassadeur des Etats-Unis de l'époque, Eduardo Aguirre, que s'il voyait l'Espagne désespérer, il reviendrait à la politique. Oubliant peut-être que l'Espagne n'a jamais été aussi désespérée que lorsqu'il était chef du gouvernement. En tout cas, nous avons un témoignage d'un chef du PP lui-même. On comprend ainsi pourquoi ce parti a commis tant d'impairs. Il a mené les relations maroco-espagnoles au bord du gouffre, sans savoir que ces relations offrent de grandes opportunités pour les entreprises espagnoles qui vivent grâce au marché marocain et offrent par la même des emplois aux Espagnols. En tout cas, Aznar n'était pas le seul à avoir cette certitude. Le maire de Madrid, Alberto Ruiz-Gallardon, avait affirmé à l'ambassadeur US qu'il pourrait, avec Esperanza Aguirre, prendre le contrôle du parti même si cela pousserait celui-ci à son implosion. En conséquence de ces «confidences», l'ambassade US à Madrid a conclu que la longévité de Mariano Rajoy à la tête du parti n'est due qu'à l'inexistence d'un successeur crédible. Plusieurs membres du PP ont affirmé à l'ambassadeur que Rajoy manquait de charisme. Une de ces nombreuses gaffes : il a blâmé tout le monde suite à l'échec aux élections législatives, sauf lui-même. Et cela c'est le responsable des affaires étrangères du parti, un certain Gustavo Aristegui qui l'a dit. L'hypocrisie à l'intérieur du Parti populaire n'attend que quelques étincelles pour exploser au visage de ses dirigeants. Les Marocains comprennent par conséquent pourquoi le PP déploie le peu d'énergie qui lui reste dans une guerre contre le Maroc. Il n'a aucun programme à présenter aux Espagnols, mais essaie de les occuper avec le problème du Sahara. Pour le moment, il n'y a pas de gros dégâts, tout le monde sait ce que valent Rajoy et Aznar, mais qui sait, le Maroc pourrait ne pas tolérer de dépasser certaines limites. Dans l'immédiat, le fait que le PP finance et arme le polisario n'est plus un secret pour personne. Leur pays étant l'ancienne force occupante du Sahara, les Espagnols pro polisario veulent revenir dans la région. Le polisario paraît ainsi comme leur création. L'Algérie s'occupe de fournir le terrain et les autres sources de financement nécessaires. Les Espagnols du PP, ainsi que d'autres formations politiques, insignifiantes, pensent qu'ils ont besoin du Sahara pour protéger les Iles Canaries. Au lieu de proposer un programme économique pour sortir les Espagnols de la crise dans laquelle ils sont embourbés, et dont les causes peuvent être imputées à la politique libérale de José Maria Aznar, le PP veut tout de même occuper la scène à la veille des élections prochaines. Comme Aznar qui a mené le PP à l'échec, Mariano Rajoy devra demain répondre aux questions des Espagnols qui attendent des solutions à leurs problèmes économiques.
Le Maroc dans la crise espagnole
H. A.
En 2009, le déficit public de l'Espagne a atteint 11% du PIB. Le pays est très loin du plafond des 3% fixé comme seuil de tolérance par les pays de la zone euro. La situation est en fait alarmante. La croissance est en panne, seulement 0,1% au premier trimestre 2010, ce qui a fait grimper le chômage en flèche. Avec un taux de plus de 20%, le pays doit trouver du travail à près de 4,6 millions de chômeurs, soit 2 millions de plus qu'au deuxième trimestre 2007. Responsable de cette bérézina, la crise qui a frappé le pays en 2008. Celle-ci est partie du secteur immobilier, qui compte à l'heure actuelle près de 2 millions de logements invendus, dont une majorité a été reprise par les banques face à l'incapacité des acheteurs et des promoteurs d'honorer leurs dettes. Les Espagnols ne doivent certainement pas être contents, d'autant plus que le plan d'austérité imposé par le Fonds monétaire international n'arrangera pas les choses dans l'immédiat. Le plan présenté par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero à ses élus a été avalisé avec une seule voix de différence, soit 159 contre 158 et 13 abstentions. Zapatero croyait l'avoir échappé belle. A tort. Le dirigeant espagnol a dû faire face aussitôt à une vague de contestation, les contrôleurs aériens succédant aux cheminots.
Le gouvernement, sans autre alternative économique et contraint de se maintenir dans le cadre des réformes imposées par le FMI, a alors décrété l'état d'urgence et menacé les grévistes de 8 ans de prison, alors que l'armée a pris possession des tours de contrôle. La décision du gouvernement Zapatero de réduire drastiquement les dépenses publiques a également provoqué un grand mécontentement social. Les fonctionnaires espagnols ont ainsi appris que leurs salaires vont être réduits de 5%, mesure effective à partir de juin 2010, puis gelés en 2011. Les retraités, eux, ne percevront pas un euro de plus des caisses de l'Etat, tandis que parallèlement, l'âge de la retraite a été repoussé à 67 ans au lieu de 65. En outre, la TVA grimpera d'un taux de 16 à 18%, frappant de plein fouet le panier de la ménagère. Mais ce qui irrite le plus les syndicats ibères, c'est la réforme du marché du travail. Le gouvernement veut en effet assouplir les conditions de licenciement, notamment en réduisant de manière draconienne les indemnités à payer par les employeurs qui décident de se séparer de leurs salariés. Les entreprises devraient ainsi être encouragées à investir, mais d'abord et surtout à maintenir leur activité. Une urgence évidente au moment où l'Espagne n'a plus aucun moteur de croissance et que le plan d'austérité ampute l'investissement public de quelque 6 milliards d'euros.
L'Espagne, qui reçoit chaque année une aide de l'Union Européenne de 100 milliards d'euros, cherche néanmoins d'autres niches de réduction de son déficit. L'aide à la naissance de 2.500 euros disparaîtra ainsi à partir de 2011, et l'aide au développement sera réduite de 600 millions d'euros. Les régions ont quant à elles été appelées à réaliser des économies de l'ordre de 1,2 milliard d'euros. Le but est d'économiser une cinquantaine de milliards d'euros sur 3 ans. La Commission européenne exige, pour sa part, que le déficit public espagnol soit ramené à 3% en 2013. Le plan mis en place par le gouvernement Zapatero a sauvé l'Espagne d'une crise politique certaine. Le chef du gouvernement socialiste avait aussi sous la main l'option politique de dissoudre le parlement et d'organiser des élections législatives avant terme. De son côté, le parti d'opposition, «El Partido popular», que dirige Mariano Rajoy depuis la défaite de José Maria Aznar en 2004, fait monter la pression, même s'il sait pertinemment que rien d'autre ne pourrait sauver l'économie du pays d'un naufrage inéluctable. Preuve de son incompétence dans le domaine, le PP n'a présenté aucune autre solution, mais il a quand même tenu à faire la une en «travaillant» ardemment sur le Maroc. D'où ses menées «humanitaristes» pour la libération du «peuple opprimé du Sahara occidental». La formation de Mariano Rajoy persiste à se faire l'avocate d'une cause à laquelle les dernières révélations de Wikileaks ont pourtant apporté des informations judicieuses, démentant les allégations de la cabale indépendantiste. La majorité des Sahraouis veut en effet l'autonomie proposée par le Maroc dans le cadre de la souveraineté nationale. Le Parti populaire s'acharne malgré tout à clamer le contraire, aidé dans sa croisade anti-marocaine par quelques médias acquis à sa cause, sachant que le peuple espagnol, meurtri par la crise, ne pense, lui, qu'à la manière de s'en sortir.
Wikileaks n'arrange rien entre voisins
mouna izddine
Préjugés et préjudices
Wikileaks n'a cure des vexations entre voisins. Julian Paul Assange a ainsi mis en ligne des documents embarrassants pour les diplomaties du Maroc et d'Algérie sur son célèbre réseau d'informations. Pas de scoops majeurs, loin de là. Mais une pincée de vérités fanées pour les gouvernants, une poignée de secrets de polichinelle pour la presse professionnelle, quelques cuillerées de lieux communs pour les opinions publiques des deux bords. Jetées en pâture aux internautes et à certains médias en mal de «couv'», ces informations sans véritable importance se sont muées en autant d'armes d'attaque contre son voisin, par la «magie noire» destructrice du web. Car ce n'est pas tant la fraîcheur des informations éditées qui intéresse l'opinion publique, que la source présumée de ces dernières. En l'occurrence des ambassadeurs de l'Oncle Sam, première puissance politique, économique et militaire mondiale, reprenant les propos des dirigeants marocains et algériens qui leur ont été confiés entre quatre murs. Ou fournissant des rapports détaillés autour des liens entre les deux pays au département d'Etat à Washington. Une source américaine jugée impartiale et infaillible, et qui, par conséquent, aux yeux de tous ces lecteurs oisifs, confirme ce qu'ils ont toujours discuté avec désinvolture, cigarette au bec, entre un thé oranais et un «noss-noss» casablancais. Résultat des courses : Algériens et Marocains, profitant de l'anonymat du net, s'insultent copieusement, se traitant respectivement d'«hypocrites obséquieux alliés des impérialistes et des sionistes» et de «miséreux sauvages sanguinaires à la solde des généraux». Entre autres noms d'oiseaux.
Alger ne veut pas de la France au Sahara.
Mais qu'est-ce qui a pu donc déclencher ce torrent de haine irrépressible? Si la presse marocaine a été peu bavarde sur «les secrets des câble», jugeant probablement chétive la teneur des renseignements édités par Wikileaks, et s'est montrée dubitative quant au désir de transparence» de Julian Assange, les médias algériens, eux, s'en sont donnés à cœur joie. Entre autres «scoop» : le peu d'amitié porté par Abdelaziz Bouteflika au Roi Mohammed VI. L'opinion publique algérienne, qui apprend par Wikileaks que son dirigeant est né à Oujda, et non à Tlemcen comme le font apparaître les biographies officielles, découvre par la même occasion la position du Palais El Mouradia quant à la place de la France dans le dossier du Sahara marocain. A.Bouteflika aurait ainsi confié, lors d'une audience accordée en mai 2007 à la conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité, que «les Français, du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit». Ou encore que «la France n'a jamais vraiment accepté l'indépendance algérienne» et que l'Elysée tenterait de «régler ses comptes avec l'Algérie en appuyant le Maro». Aux yeux de Bouteflika, qui soutient mordicus et sans surprise le référendum d'autodétermination des Sahraouis qu'il compare aux Palestiniens, la solution au conflit ne peut être trouvée que par le Maroc et le Polisario, avec l'aide des Américains. Ne citant à aucun moment les intérêts géostratégiques et économiques d'Alger dans un conflit trentenaire, Bouteflika préfère se dédouaner et jeter la pierre à des Marocains «maladroits», voulant «un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït», alors qu'ils «auraient pu obtenir ce qu'ils voulaient» en acceptant une indépendance du Sahara occidental» sous leur contrôle.
Un pays très riche, un peuple malheureux
Dans un tout autre registre, Wikileaks dévoile l'appréciation de Washington pour les efforts du Maroc en matière de droits de l'homme et d'avancées démocratiques, notamment dans les Provinces du Sud, tout en critiquant son voisin. L'Algérie y est décrite comme «un pays immensément riche» (110 milliards de dollars de réserves de change), mais au peuple pauvre et «malheureux», en proie au chômage, à l'inflation, au mal-logement. Un «vivier de recrues pour Al Qaïda», mais des services paranoïaques» et pas pressés de collaborer avec le FBI dans la lutte antiterroriste. Enfin, pour couronner le tout, des dirigeants peu visionnaires, incapables de décider si l'Algérie doit intégrer l'économie de marché mondiale, ou continuer à laisser l'Etat gérer l'économie du pays. En somme un tableau bien sombre, loin des encouragements enthousiastes des Américains pour le Royaume. Est-ce cela qui a fait sortir les médias algériens de leurs gonds ? Une chose est sûre : en pleine crise de Laâyoune, ni Rabat ni Alger n'avaient besoin de ces «pseudo scoops» vénéneux. Encore moins les dizaines de familles qui, des deux côtés de Zouj Bghal, continuent à prier depuis 14 ans pour une ouverture des frontières demandée depuis plusieurs années par le Maroc.


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