Quel Conseil de la presse ? Après plus d'une année de concertations, de débats et surtout d'observation, l'instance en charge de mener le dialogue national «Médias et société» avait présenté dans le cadre de ses recommandations l'institution d'un Conseil de la presse. Une initiative louable, mais qui, dans les faits, est loin d'être une mince affaire. Dans un cadre professionnel qui a du mal à s'organiser, quel rôle ce Conseil serait-il en mesure de tenir ? Conseil de la presse, oui, mais de quelle presse parle-t-on ? Qui y siègera et comment ces personnes seront-elles désignées ? Autant de questions auxquelles l'instance n'aura pas apporté de réponses en dépit des nombreuses journées de travail organisées pour comprendre les tenants et les aboutissants du secteur. Ce sont du coup d'autres tables rondes et journées de concertation avec les professionnels qui sont organisées pour trouver la bonne combinaison. C'est ce qu'a fait la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMJE), en fin de semaine dernière, dans le cadre d'un séminaire sur les perspectives du secteur. Les professionnels se concertent Abordant, en première partie, la question des peines privatives de liberté qui s'appliquent aux professionnels de l'information, le débat a rapidement tourné les projecteurs en direction du fameux Conseil. Pour les uns, «le Conseil doit être le garant d'une bonne gouvernance dans le secteur». Concrètement, celui-ci devrait compter «tous les types de presse écrite, électronique ou même audiovisuelle». À ce titre, certains se demandent si ce Conseil n'interférerait pas avec d'autres organismes déjà présents, en l'occurrence la HACA, le SNPM ou encore la Fédération elle-même. C'est dans ce cadre qu'il advient de se demander clairement quelles serait les fonctions de ce Conseil censé servir de passerelle entre les professionnels (et les organismes qui les représentent, précise le juriste) et le gouvernement. N'est-ce pas finalement le rôle du ministère de la Communication ? Au cours du débat, les propositions et les suggestions fusent, mais les affirmations se font rares. Pour Bouthayna Iraki, députée RNI et membre de l'instance du dialogue, «le Conseil doit être en mesure de répondre à des questions structurelles pour développer le secteur» et de donner comme exemple la définition de la notion de service public». Si le dialogue aura plusieurs fois révélé le rôle des médias en tant que «service public», répondant au droit à l'information du citoyen, il convient pour la parlementaire de définir dans quelle mesure se traduit ce service. Délégué, représentant, porte-parole, conseil décisionnel, observateur, les étiquettes que l'on colle déjà à ce Conseil –encore à l'état de proposition- créent le flou et ne semblent pas apporter de solutions concrètes aux problématiques du secteur. Problématiques que le ministère de tutelle, lui-même, a récemment révélées dans le cadre d'une étude de terrain : manque de lectorat, déficit financier, flou juridique, qualité de la formation et absence de formation continue, arrivée des nouvelles technologies de l'information... Une coquille vide ? Si le Conseil de la presse n'a pas pour mission de trouver des solutions claires et précises à de telles lacunes, il convient donc de se demander en quoi le regroupement d'acteurs médiatiques, politiques, juridiques (et autres) sous la coupole du Conseil sera-t-il pertinent pour le secteur ? Finalement, la proposition de l'instance donne une certaine impression de coquille vide que l'on tenterait après coup de remplir.