Le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans en France signe la fin du legs de l'ère Mitterrand et de son seuil emblématique des 60 ans. C'est la mesure phare du projet de réforme présenté mercredi par le gouvernement, un projet qui promet d'effacer les déficits du système de retraite à l'horizon 2018. Le projet dévoilé mercredi n'est pas une version définitive. Le président français Nicolas Sarkozy a demandé à Woerth de «recueillir» les remarques et suggestions des partenaires sociaux d'ici vendredi. Détails des mesures Le sort de la retraite à 60 ans était scellé depuis longtemps, l'Exécutif ayant tout juste laissé filtrer des hésitations entre un curseur porté à 62 ou 63 ans, ce que des sources syndicales ont interprété comme une mise en scène, au terme d'une concertation au pas de charge. Le recul sera progressif, à raison de quatre mois par an : les assurés nés après le 1er juillet 1951, premiers touchés, devront ainsi attendre d'avoir 60 ans et quatre mois pour liquider leur pension.L'âge du taux plein, qui permet à un assuré de partir à la retraite sans décote même sans la durée de cotisation nécessaire, sera lui aussi décalé de deux ans, à 67 ans. Tous les âges de référence seront aussi repoussés de deux ans dans la Fonction publique et les régimes spéciaux, à compter de 2017 pour ces derniers.Quant à la durée de cotisation pour une retraite pleine -paramètre que le Parti socialiste accepte de voir évoluer, contrairement à l'âge légal- elle passera, selon le projet, à 41 ans et trois mois à partir de 2013 et pourrait continuer à évoluer jusqu'à 41,5 ans en 2020, comme l'envisageait la précédente réforme de 2003. «La France n'est pas un réservoir d'impôts» Pour le ministre du Travail, Eric Woerth, à la manœuvre pour cette réforme, «relever l'âge légal à 62 ans en 2018 est une position à la fois raisonnable et efficace». Financièrement, c'est en tous cas la pierre angulaire du projet, avec des économies espérées de 19 milliards d'euros en 2018, année du retour prévu à l'équilibre, alors que le Conseil d'orientation des retraites a évalué entre 40 et 49 milliards les besoins de financement à l'horizon 2020. La France n'est pas «un gigantesque réservoir d'impôts nouveaux», a lancé Woerth, répliquant par avance aux critiques syndicales et de l'opposition, qui demandaient de chercher des recettes nouvelles, du côté du capital notamment, et de ne pas solliciter uniquement les salariés.L'Exécutif a tout de même prévu de nouvelles ressources, comme un prélèvement de 1% de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, écornant pour la cause le bouclier fiscal. Plusieurs taxes sur le capital seront aussi relevées (plus-values mobilières et immobilières, dividendes et intérêts, et stocks options). Un coup de rabot sera aussi porté aux allégements de charges des employeurs et certaines retraites seront davantage taxées. Au total, ces mesures doivent apporter 3,7 milliards dès 2011, et 4,4 milliards en 2018. Le gouvernement compte aussi à terme sur un transfert des cotisations chômage vers les retraites. En attendant le «déficit zéro» promis pour 2018, les trous accumulés seront financés par le Fonds de réserve des retraites (FRR), qui ne devait à l'origine servir qu'après 2020.La convergence public-privé, l'un des enjeux de la réforme, se traduira essentiellement par un alignement sur 10 ans du taux des cotisations retraite des fonctionnaires sur celui du privé (soit une hausse de 3 points environ).Parmi les contreparties prévues au recul de l'âge légal, le gouvernement prévoit que les salariés ayant une incapacité physique «avérée» au moment de la retraite d'au moins 20% garderont le droit à la retraite à 60 ans.