Vendredi 20 mai, 11e étage du Twin center. Le gratin du marché financier marocain est présent en force au siège du Moroccan Financial Board (MFib). Ainsi, Othman Benjelloun, président du GPBM, Karim Hajji, directeur général de la Bourse de Casablanca, Hassan Boulknadel, directeur général du CDVM ou encore Nezha Lahraichi, fraîchement nommée à la tête du CNCE, sont de la partie. C'est que l'évènement vaut le détour puisqu'il s'agit de la signature d'un partenariat entre la Place financière de Casablanca et Singapour Cooperation Entreprise (SCE). Néanmoins, c'est surtout la sortie attendue de Saïd Ibrahimi qui a fait déplacer les plus illustres des cols blancs marocains. Une sortie attendue donc et qui a pour objectif de rassurer les opérateurs sur l'avancement du chantier de Casablanca Finance City. Exercice réussi par le président du MFib, surtout que la signature du partenariat, qui a ouvert l'évènement, renseigne sur la vision stratégique de futur hub financier marocain. Sur les traces de Singapour En effet, le choix de Singapour n'est pas anodin puisqu'à l'opposé d'une place comme la City de Londres, cette place asiatique accueille les institutions financières mais aussi le siège des multinationales. Un modèle souhaité par le patron de la nouvelle place casablancaise qui souligne par ailleurs l'attractivité de la métropole en tant que parc de sièges de multinationales pour la région. «Cette signature équivaut à une validation du projet», s'enthousiasme Saïd Ibrahimi avant d'être corroboré par son partenaire, Alphonsus Chia: «Nous engageons notre réputation dans ce genre de partenariat. Aussi, nous opérons une sélection minutieuse de nos partenaires». Il faut toutefois dire que l'apport de Singapour n'est pas sans contrepartie. «Il y a des frais, vu que l'expertise a un coût, c'est le cas pour les 40 places financières de par le monde avec lesquelles nous sommes en partenariat», explique le patron de SCE avant de tempérer : «Toutefois, ce n'est pas l'argent qui nous a attiré au Maroc, mais bien son potentiel». Un potentiel qui s'entend en matière financière, mais aussi économique. La place financière est en fait un truchement qui va ouvrir la voie à une collaboration plus élargie avec ce pays qui tient un rythme de croissance de 8% en moyenne et ce depuis 40 ans (Voire point de vue). Pour Ibrahimi, Singapour est un vrai modèle pour la place financière casablancaise en gestation. C'est aussi et surtout un chaperon qui guidera la partie marocaine sur la voie stratégique souhaitée. «L'Afrique du sud a développé une zone d'influence dans l'Afrique australe, l'Egypte, en tout cas le changement de régime, a développé la sienne sur l'Afrique de l'est. L'Afrique de l'ouest et en particulier francophone n'a pas de leadership défini». Le pendant de Johannesburg «L'objectif pour nous est donc de desservir cette zone à travers la nouvelle place financière marocaine», argue le patron du MfiB. Pour ce faire, le MfiB entend s'appuyer sur la forte présence des banques marocaines dans cette région. La vision stratégique de la nouvelle place est donc définie. Plus encore, le cadre réglementaire est d'ores et déjà établi tout comme la dimension légale liée au marché des capitaux et les éléments de la compétitivité. Cependant, pas question de «dévoiler les contours de notre offre», affirme Ibrahimi arborant un sourire complaisant. «Nous espérons faire le lancement de la place financière au cours de cette année», lâche-t-il en évitant soigneusement de donner une date pour le lancement ni même pour le road show qui devrait le précéder. Le contexte politique actuel, avec l'imminent changement de l'exécutif, n'y est sans doute pas étranger, même si Saïd Ibrahimi élude la question : «Ce projet représente une ambition nationale, il recueille un large consensus. Aussi, un changement de gouvernement n'influera pas sur le calendrier de son lancement vu que l'on a pas besoin de promulguer de nouveaux textes et donc nul besoin de passer par ce canal». Toujours est-il qu'il faudra attendre une fenêtre d'opportunité qui ne manquera pas de se présenter d'ici la fin 2011. En tout cas après des mois de silence radio, Saïd Ibrahimi a réussi l'exercice auquel il s'est astreint et a marqué les esprits par sa résolution à faire vite et bien dans l'optique d'un lancement en grande pompe de Casablanca Finance City pour en faire «le pendant continental de Johannesburg». A l'en croire, tout juste reste-t-il des choses à fignoler notamment en ce qui concerne la réglementation sur les banques d'affaires... Alphonsus Chia : Chief Exécutif Manager de Singapour Cooperation Entreprise. Nous sommes un petit pays et nous avons été invités pour partager notre expérience. Cela nous a pris du temps pour parvenir à la place que nous occupons aujourd'hui. Nous espérons que cela prendra beaucoup moins de temps pour Casablanca Finance City. Nous croyons au potentiel de la place casablancaise qui a des objectifs ambitieux. Or, pour réussir en la matière, il faut avoir une vision ambitieuse portée par des hommes qui y croient. Nous voulons aussi élargir la collaboration avec le Maroc à d'autres domaines. Les entreprises de Singapour ont développé leur expertise dans des domaines tels que l'aménagement du territoire, eu égard à la petite superficie de notre pays, les infrastructures ou encore le gouvernement numérique et surtout les banques. Nous pensons donc qu'il y a de bonnes opportunités pour nos entreprises dans le royaume, d'autant que le Maroc peut représenter un point d'accès vers l'Afrique et si nos entreprises viennent, nos banques suivront. Singapour peut se targuer d'avoir maintenu un rythme de croissance de 8% depuis 1965 et a culminé avec un taux de croissance de 14,5% en 2010. C'est le seul pays asiatique à pouvoir se targuer d'une notation AAA.