«CMT dans l'uranium ? Ce n'était pas la nouvelle à laquelle s'attendait le marché». Tel était, en substance, l'écho dominant chez plusieurs professionnels de la place financière, suite à la nouvelle opération d'envergure de la Compagnie minière de Touissit. Celle-ci va bientôt créer une filiale en Mauritanie, destinée à l'exploration et l'exploitation de mines d'uranium. Le projet se fera en partenariat avec la maison mère de CMT, Osead France, ainsi qu'un opérateur local, le groupe Azizi. Il faut dire qu'au moment de la publication des derniers résultats annuels, le management de la CMT avait manifesté un certain intérêt pour l'uranium. Mais la communauté financière était beaucoup plus dans l'attente d'une autre annonce, celle de l'acquisition d'une mine aurifère. Un projet déjà annoncé par Driss Traki, PDG de la Compagnie, lors de l'émission en 2009 d'un emprunt obligataire de 250 millions de DH. Les prospections concernaient notamment des pays cibles comme la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Mali ou l'Algérie. Et à ce sujet, Driss Traki reste serein. «Nous travaillons sur plusieurs projets en parallèle. Les acquisitions sont en cours et viendront au fur et à mesure, en fonction de la maturation de chaque projet. Celui de l'exploitation de l'uranium en Mauritanie était plus avancé». Du chemin à faire avant l'exploitation En effet, toujours selon le PDG de CMT, le groupe Azizi avait un permis minier pour l'exploitation de l'uranium et cherchait des partenaires pour concrétiser le projet. C'est à cette étape du projet que Osead et CMT ont intervenu. «Maintenant, c'est une deuxième phase qui se prépare, et qui devrait nous mener à l'étude de faisabilité et à l'exploitation. Elle devrait coûter dans les 100 millions de DH», souligne Traki. Un travail de longue haleine, l'opération s'inscrivant dans le long terme. De l'avis de certains analystes, l'étude de faisabilité, la construction de la mine et le début de l'exploitation devraient se faire dans un délai de deux à trois ans. Alors que pour la mine aurifère, «le projet portait sur l'acquisition de mines déjà existantes et opérationnelles, et qui auraient pu dégager du cash dans l'immédiat», commente un professionnel du marché. À ce sujet, Traki se veut rassurant. «Concernant la mine aurifère, il y en a bien une sur laquelle les discussions sont bien avancées, mais il est encore un peu prématuré d'en parler». Une future ruée vers l'uranium ? La filiale mauritanienne demeure une aubaine pour la CMT et sa maison mère puisque, selon plusieurs experts, l'uranium, en tant que minerai essentiel pour l'énergie nucléaire civile, est en train de revenir au devant de la scène. La future mine produira du concentré d'uranium, qui sera par la suite exporté aux sociétés spécialisées dans son traitement. «Comme il y a une tension sur les prix de l'uranium, CMT devrait pouvoir profiter de cette tendance», prédit-on sur le marché. Une fois l'exploitation entamée, les prix du minerai devraient probablement atteindre un pic. En effet, à court terme, les prix de l'oxyde d'uranium devraient tourner autour des 60 $ courant 2010. Certains spécialistes tablent même sur 250 $ et plus sur le long terme. Quant aux autres perspectives internationales, la CMT, outre la mine aurifère, tablerait sur le Burkina Faso pour une exploitation de zinc. Des objectifs ambitieux, pour lesquels les 250 millions de DH de l'émission obligataire ne suffiront peut-être pas. Un second emprunt de 150 millions de DH serait prévu pour l'année en cours.