La dernière édition du festival de Cannes l'a permis et le cinéma africain y a brillé ! On se rappelle de Un homme qui crie de Mahamat Haroun (Tchad) qui a remporté le prix du jury et, au-delà de cette consécration, de la présence africaine par le documentaire, sinon les décors et les histoires dans les écrans très selects de Cannes. Et puis viendra la première semaine de juin pour redorer le blason d'un cinéma d'auteur, d'intellectuels, si peu connu du public marocain. «Cette semaine s'inscrira donc dans le cadre du partage des cultures et de la participation à la promotion des films africains auprès des cinéphiles», note Naïma Slimi, initiatrice et chargée de la semaine du film africain au sein de la Villa des arts de Rabat. Au cœur de l'Afrique Depuis le 31 mai et jusqu'au 6 juin, le cinéma africain prend d'assaut jardins, enceintes et programmation de la belle Villa des arts. «Le film africain n'est pas tellement réputé au Maroc et pourtant !», explique Naïma Slimi. C'est elle qui a eu l'idée de la programmation d'une semaine dédiée au meilleur du film africain en concert avec le centre cinématographique marocain (CCM). «Malgré l'agenda chargé de Noureddine Saïl, il sera présent, ce vendredi 4 juin, pour nous parler de sa vision de cet art et également du rôle que joue le CCM dans sa promotion», détaille Slimi. Le lieu : salle Al Qantara à la Villa des arts, à 18h30. Presque une dizaine de longs métrages d'Afrique ou du Maghreb qui sont en projection ont été coproduits par le CCM. Faraw, une mère des sables de Abdoulaye Ascofaré (Mali) et Mooladé de Feu Ousman Sembene (Sénégal). Ce film avait décroché le grand Prix «Un certain regard» au festival international du film de Cannes en 2004. Tartina City de Serge Coello (Tchad), Aïd Milad Leila de Rashid Masharawi (Tunisie et Palestine) et Making off de Noury Bouzid (Tunisie), sont aussi présents. À savoir que Making off est une œuvre qui entame sans doute une nouvelle ère de maturité, de réflexion sur la proximité sociale et de récupération du propos politique par l'artiste dans un pays comme la Tunisie. En clôture de cette courte semaine, deux courts métrages marocains seront destinés au jeune public. Le renard et le corbeau de Nabil Rami, une adaptation en 3D de la fable de Jean de la Fontaine réalisée grâce à des techniques utilisées pour la première fois au Maroc. Le deuxième part À la rencontre de Brad Pitt. Le film réalisé par Younès Laghrari raconte l'histoire de Ali. À dix ans, Ali scrute longuement une annonce indiquant le tournage d'un long métrage américain à Casablanca avec Brad Pitt comme vedette. Il se précipite à la maison pour convaincre ses parents de l'inscrire dans le film et après quelques réticences, il y parvient. Ce qui déclenche naturellement la jalousie des camarades. Rendez-vous pour les deux projections dimanche 6 juin à 11h du matin. Hommage au disparu Parmi les temps forts de la semaine : Une couleur café de Feu Henry Duparc (Côte d'ivoire), décédé en 2006. Le cinéaste franco-guinéen, laisse un trou béant dans le paysage cinématographique du continent. Parmi les œuvres qui l'ont rendu célèbre : Bal Poussière (1988), Rue Princesse (1993) ou Une couleur café (1997). Des films où le réalisateur, qui s'est formé au septième art à l'Institut de la cinématographie de Belgrade et à l'Institut des hautes études cinématographiques de Paris, a développé la comédie pour aborder des sujets de société plus ou moins graves. Le réalisateur est retourné en Afrique fin 1967, en Côte d'Ivoire, qui deviendra sa patrie d'adoption. Il y a exercé, de 1967 à 1982, comme réalisateur pour la Société ivoirienne de cinéma. Son premier long métrage Abusuan (1972) a recueilli ça et là le prix Ocam (Organisation commune africaine et malgache) et une mention spéciale de l'Office catholique international du cinéma lors du Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) de 1973. Bal Poussière s'est vu gratifié de trois récompenses : le Prix de la meilleure réalisation au Festival du film francophone de Fort de France (Martinique), le grand Prix et prix de la critique du film d'humour de Chamrousse en 1989 (France) et le Prix de la critique au festival du film francophone de Namur (Belgique).