Les marins pêcheurs de la zone Sud multiplient leurs sorties et accentuent leur pression sur le ministère de tutelle. Cette fois-ci, c'est après la signature de la convention relative au programme de mise à niveau de la pêche côtière et artisanale « Ibhar II » que les professionnels ont choisi une nouvelle fois de protester à travers une marche. Ce sont ainsi près de 4.000 marins pêcheurs qui se sont mobilisés, mardi matin à Agadir, pour faire entendre leur voix et exprimer leurs doléances. Ils ont prévu de marcher vers la wilaya d'Agadir à travers le boulevard Mohammed V avant que les forces de l'ordre ne parviennent à les disperser puisqu'ils ne disposaient pas d'autorisation. Venant des principaux ports du Sud, notamment de Dakhla, Laâyoune, Tan-Tan et Sidi Ifni, les marins pêcheurs appartenant au segment côtier ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis du ministère de tutelle estimant qu'il «n'a pas pris en considération leurs requêtes». Dans ce bras de fer, qui a débuté en janvier dernier et qui s'est transformé par la suite en grève illimitée, des lobbies s'activent selon plusieurs intervenants pour maintenir la pression. Rien que pour cette semaine, une autre grève a été menée le jeudi 12 mai, devant la wilaya d'Agadir avec des slogans scandant les mêmes revendications que celles exprimées mardi matin. Il s'agit en l'occurrence des dernières mesures prises par le département de la Pêche maritime, à savoir le principe du zoning qui a limité, selon les professionnels, leur périmètre d'intervention alors qu'ils étaient libres en termes de traque des poissons. L'autre mesure contestée par les pêcheurs est celle du cahier des charges relatif à l'utilisation des caisses en plastique pour le débarquement des captures. Les professionnels ont aussi réclamé le redémarrage des pompes de débarquement de poisson industriel destinées à extraire la farine de poisson au port d'Agadir, mais encore, la lutte contre la pêche illicite, l'arrêt de l'octroi de licences des navires dépassant le seuil de 150 tonnes et l'annulation de 24 autorisations de pêche attribuées en 2004 à des bateaux dépassant 30 mètres au long. Du social aussi sur la liste Des doléances d'ordre social ne sont pas en reste. Il s'agit de l'atténuation de la précarité des marins pêcheurs, leur déclaration à la CNSS et l'amélioration des services afférents à la couverture sanitaire et le régime d'assurance. Dans ce climat tendu, une réunion a été tenue en début de semaine à Rabat au sujet des conditions d'accès aux ressources des petits pélagiques au niveau de la zone «C» (entre Boujdour et Cap Blanc, à proximité des frontières avec la Mauritanie). À l'issue de ce meeting qui a précédé la marche d'une journée, il a été convenu de l'autorisation de l'activité des navires opérant actuellement dans la zone de Dakhla jusqu'à la fin de l'année à hauteur de 50 à 70 bateaux. S'agissant de l'accès à la zone «C», les navires côtiers senneurs (qui disposent de plus de 150 tonneaux et qui pêchent au-delà de 6 miles) seront autorisés à franchir cet espace via une licence annuelle avec un système de rotation d'un effectif de navires entre 50 et 70 par an, en fonction des capacités du port de Dakhla et du quota attribué à cette flotte. Selon le PV de la réunion dont nous détenons copie, les navires autorisés à accéder à cette zone ne pourront opérer dans les autres zones de pêche pour une période d'une année. Le nombre de navires qui seront ainsi introduits à la zone a été fixé et les armateurs disposant de cinq bateaux pourront engager trois navires par an dans cette zone. Pour ceux qui disposent de 4 ou 5 navires, ils peuvent engager 2 navires. Quant à ceux qui possèdent 3 navires au moins, ils peuvent engager un navire par an. À noter que chaque année une opération d'inscription sera organisée aux mois de novembre et décembre au profit des opérateurs intéressés en vue d'établir la liste des navires senneurs autorisés à accéder à la zone « C» après un tirage au sort. Au total, la liste comprendra 50 à 70 bateaux. Il a également été convenu de tenir des réunions de concertation avec l'INRH pour appliquer les conditions de la pêche, notamment les miles et le pourcentage de la «fausse pêche». Toutefois et en vertu de cette réunion, les participants (les Chambres des pêches maritimes, la Confédération de la pêche côtière et d'autres fédérations) se sont accordés à reprendre leur activité le jour même de la tenue de cette réunion, à savoir le lundi. Mais si une partie de la profession a tiré bénéfice de cette rencontre, une autre réclame toujours le maintien de la grève.