La question a réuni les acteurs des deux secteurs en fin de semaine. Dans le cadre du dialogue national «Médias et société», artistes et représentants du ministère de la Culture ont échangé leurs points de vue sur le rôle des médias dans la valorisation et la démocratisation de la culture. Obligation de promotion Ainsi, si certains s'accordent à dire que l'amélioration de l'action politique et le développement économique d'un Etat sont tributaires d'une société du savoir, le rôle des médias dans cette optique reste encore à définir. Les professionnels doivent-ils garder leur objectivité face à la production culturelle nationale qui a parfois du mal à sortir de la médiocrité ou, au contraire, faut-il favoriser la promotion à tout prix ? Selon le ministre de la Culture, Bensalem Himmich, «les médias ne constituent plus un support neutre de la culture, mais un pilier de la production culturelle et une base des stratégies de savoir». Pour le haut représentant de la culture au Maroc, les professionnels des médias ont la mission d'œuvrer pour la démocratisation de la culture, dans la mesure où celle-ci «permet de forger l'identité nationale des citoyens et de consacrer ses valeurs authentiques». Un rôle que le secteur audiovisuel est déjà censé remplir. En effet, les cahiers des charges de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HACA) sont clairs : «La production audiovisuelle nationale représente un minimum de 9h30min par jour en première diffusion, en moyenne annuelle» pour les chaînes de la SNRT, et 4h pour 2M. Cette dernière a une obligation «d'au moins 150h d'œuvres audiovisuelles marocaines inédites» par an. Soit 15 téléfilms, 4 séries ou feuilletons, 10 pièces de théâtre et 10 documentaires. S'agissant de la production cinématographique, les deux chaînes doivent (co)produire ou acheter les droits de diffusion «d'au moins 20 longs-métrages et 20 courts-métrages marocains» par an pour la SNRT et d'au moins 10 productions pour 2M. Les radios ne sont pas épargnées Publiques ou privées, les stations radio ont aussi pour mission de contribuer «à la création musicale nationale». Selon les directives de la HACA, «Rabat chaîne inter», par exemple, doit consacrer «une part minimale de 20% en volume horaire de sa programmation musicale aux œuvres marocaines ou aux artistes d'origine marocaine, notamment les plus jeunes». Côté privées, les pourcentages vont de 25% (Aswat) (qui passe à 40% en 2011), jusqu'à 40% (Hit Radio, Med Radio, Luxe Radio...). Des chiffres qui témoignent d'une volonté de mettre en avant une culture souvent relayée au second plan. Mais dans les faits, il est légitime de se demander comment ces pourcentages se traduisent à l'écran ou à la radio. S'il est question de quotas, comment valorise-t-on la qualité des produits culturels ? Jusqu'à quel point la course à l'audimat oriente-t-elle le choix des productions marocaines mises en avant par les médias ? Et ce ne sont pas «des mécanismes de coordination entre les chaînes du pôle public», comme le suggère le critique Mustafa Al Masnaoui, qui répondront à ces problématiques.