À elle seule, l'attitude des visiteurs du Smap Immo 2010 (le salon de l'immobilier marocain tenu dernièrement à Paris) résume bien la température de la demande étrangère adressée au secteur de l'immobilier national : intéressés, mais on ne concrétisera pas pour autant. Intéressés, car à l'échelle du Smap, l'affluence était bien au rendez-vous, tout comme à l'échelle nationale la clientèle étrangère continue à manifester de l'intérêt pour l'acquisition de biens immobiliers au Maroc. «Certes, la baisse de régime est réelle par rapport au boom d'il y a 3 ans, mais nous réceptionnons toujours des demandes de la part de MRE et d'une clientèle étrangère», précise-t-on dans les agences immobilières. Et même qu'on s'oriente vers un retour à la normale, puisqu'en termes de requêtes, 2010 est déjà mieux orientée que 2009. Eloges pour l'offre marocaine C'est que l'actuelle offre marocaine ne manque pas d'atouts. D'ailleurs, des articles parus sur la presse française, à l'occasion du Smap Immo n'ont pas tari d'éloge sur l'offre immobilière marocaine. Qui du Figaro évoque «des offres attractives à moins de 3 heures d'avions» ou du Nouvel Observateur qui assimile le Maroc à un «nouvel Eldorado immobilier». Et ce sont les prix qui constituent le principal attrait de l'immobilier marocain. Spécifiquement, le haut de gamme qui figure comme produit de prédilection pour la clientèle étrangère, après la flambée de 2007-2008, accuse le coup d'une désertion de la demande européenne. Les promoteurs ont donc corrigé les prix. De fait, aujourd'hui, les tarifs sont très abordables et la flambée n'est pas anticipée avant 5 ans. Une baisse que reflète, d'ailleurs, quantitativement le baromètre de l'immobilier publié par Bank Al-Maghrib. L'indicateur fait ressortir un repli des prix des appartements de 3,6% au 1er trimestre 2010 après les hausses de 1,5% et de 1,4% respectivement au 3ème et au 4ème trimestre 2009. De même, après la hausse de 1,8% le trimestre précédent, les prix des maisons ont baissé de 2,9% au 1er trimestre 2010 notamment dans les villes de Meknès, de Casablanca, de Marrakech et d'El Jadida. Enfin, les prix des villas se sont contractés de 6% d'un trimestre à l'autre. Déceptions et promesses non tenues Mais alors pourquoi la demande étrangère tarde-t-elle à concrétiser. «On n'est intéressé mais les ventes sont très longues à se réaliser car les acheteurs veulent être rassurés sur tous les plans», résume simplement un professionnel. Conjoncture oblige on est plus regardant sur la dépense. Mais il n'y a pas que cela. Un message récurent lors du Smap faisait état de déceptions, formulées essentiellement par une clientèle de MRE, par rapport aux promesses et aux commandes antérieures. L'offre marocaine commencerait elle à avoir mauvaise presse ? Le ministre de l'habitat, Taoufiq Hejira, en a été informé directement puisqu'il a été accosté à plusieurs reprises par les visiteurs du Smap qui se plaignaient de soucis avec les promoteurs dans le cadre de transactions récentes. En tout les cas, le Maroc ne pourrait se permettre de perdre une clientèle aussi volontaire. Selon une étude réalisée par le Haut Commissariat au Plan (HCP), en 2008, les MRE consacrent l'essentiel de leurs investissements, dont les deux tiers ont été réalisés au Maroc, à l'immobilier (81,4%). Les retombées en termes d'investissements directs étrangers (IDE). Entre 2007 et 2008 les seuls IDE profitant au secteur immobilier national se sont inscrits en hausse de 17,5% à 8,93 milliards de dirhams.