On parle généralement de politique politicienne. Mais au Maroc, nous avons désormais une économie politicienne, manipulée par certains partis. L'occasion de ces propos est suscitée par la qualité du débat autour de la déclaration du Premier ministre. Nous n'allons pas revenir sur les tenants et les aboutissants de ce gouvernement, chacun en connaît les limites, les points forts et les zones de faiblesse. Nous focaliserons ce débat sur la déclaration de Hakim Benchemmas, président du groupe du PAM à la Chambre des conseillers, dans laquelle il se dit «étonné de voir que les chantiers lancés par le Roi sont mis en avant dans la déclaration du Premier ministre comme étant l'œuvre du travail du gouvernement» ! Il y a de quoi s'étonner de cet étonnement. Primo, parce qu'une telle déclaration insinuerait que les initiatives royales sont dissociées du gouvernement de Sa Majesté. Secundo, parce que ces propos remettraient en cause la synergie de l'action de l'Etat d'une manière générale. Or, dans la pratique, il y a une équipe gouvernementale restreinte, qui travaille, en amont et en aval, de concert avec le Cabinet royal sur l'ensemble des mégaprojets du pays et sur Hautes instructions du Roi. C'est la première fois qu'un parti ou un organisme essaye, par des propos on ne peut plus clairs, de créer l'amalgame sur la gestion, le suivi et le lancement des projets structurants du pays. Pour quelle raison, sinon des motifs proprement politiciens, dont la volonté de synergie et la solidarité du front intérieur se passeraient ? Le consensus des Marocains autour du dynamisme royal et du suivi personnel par le Roi des grands chantiers n'est plus à démontrer. Et le Maroc gagne beaucoup dans cette synergie monarchie/gouvernement. Et si demain, le PAM prenait les rênes du gouvernement, nous répéterions la même chose car il s'agit de l'intérêt de tout un pays, abstraction faite des guéguerres partisanes.