Rabat, Le Parti Authenticité et Modernité (PAM) se positionne dans l'opposition au gouvernement considéré par le parti comme bloc homogène et solidaire, a indiqué, jeudi à Rabat, le secrétaire général du parti, M. Mohamed Cheikh Biadillah. Intervenant à l'ouverture d'une journée d'étude consacrée à l'examen du rapport de la Cour des comptes de l'année 2008, M. Biadillah a souligné que l'action du PAM "ne vise aucune composante en particulier ni un parti politique déterminé, tout en étant conscient que l'action des secteurs gouvernementaux obéi, dans notre approche, à la logique des priorités, selon leur importance, leur symbolique et le degré d'impact de cette action sur le quotidien des citoyens. Après avoir relevé que cette journée intervient à la veille de la présentation par le gouvernement de son bilan à mi-mandat, M. Biadillah a souligné que le contenu de la déclaration de politique générale du gouvernement, concernant particulièrement les dispositions juridiques relatives à la transparence et la concurrence en matière de marchés publics, est encore loin d'être mis en œuvre. Concernant le dernier rapport de la Cour des comptes, a-t-il dit, plusieurs questions restent posées dont les critères adoptés pour le choix des cas soumis au contrôle et à l'audit, le sort des observations faites aux autorités gouvernementales, l'abstention des sociétés de gestion déléguée de présenter leurs comptes depuis 2006, outre la hausse du nombre des dossiers qui n'ont pas encore reçu de quitus d'épurement et ceux qui ne remplissent pas les conditions pour être soumis à cette procédure. M. Biadillah a relevé que le chantier de la régionalisation lancé au Maroc interpelle la Cour des comptes, surtout au plan de sa carte judiciaire sur la base de laquelle elle travaille, l'intégration dans cette carte des dimensions de proximité, d'efficacité et de capacité des ressources humaines et financières, de façon à accompagner à l'avenir l'action des établissements régionaux et des conseils élus. Il a, dans ce sens, relevé que le nombre des juges et des fonctionnaires de la Cour au titre de 2008 n'a pas dépassé 432 personnes dont 259 juges alors que le budget n'a été que de 115 millions dh. Le secrétaire général du PAM a annoncé que son parti auditionnera ses membres sur les observations contenues dans le rapport de la Cour des comptes, conformément au référentiel du parti visant la moralisation de l'action politique, la réhabilitation des nobles significations de la politique et de la confiance des citoyens dans l'édification institutionnelle et dans la participation positive et consciente aux processus électoraux. Le PAM auditionnera les présidences des conseils communaux relevant du parti sur le travail entrepris pour faire face aux pesanteurs héritées des précédents conseils afin d'arrêter le gaspillage des fonds publics, a indiqué M. Biadillah. Le président du groupe du PAM à la Chambre des représentants, Ahmed Thami a, de son côté, a indiqué que les étapes franchies par la Cour des comptes démontrent l'existence de la volonté de conférer à la justice financière le rôle qui est le sien, faisant remarquer néanmoins qu'il y a une certaine impunité. Dans son intervention sur les volets juridiques liés au travail de la Cour, M. Thami a passé en revue les différents types de contrôle des fonds publics appliqués au Maroc et les étapes de leur développement, les instances de la Cour et leurs prérogatives ainsi que les décisions judiciaires de la Cour. Le président du groupe du PAM à la Chambre des conseillers, Abdelhakim Benchemmass a, pour sa part, souligné que son parti accorde un grand intérêt au rapport de la Cour des comptes vu qu'il s'inscrit dans le cadre de l'effort collectif visant la généralisation et la propagation des valeurs de gouvernance responsable, retenues dans les recommandations de l'IER et dans le rapport du cinquantenaire. Il a noté que la gouvernance responsable est basée sur la transparence, le contrôle, l'évaluation, la critique et la reddition des comptes devant la justice. M. Benchemmass a aussi fait état des carences enregistrées dans le rapport 2008 de la Cour des comptes, notamment l'aspect sélectif des cas contrôlés et qui ont concerné six services publics, un seul ministère, trois offices publics, certains établissements et sociétés publics et des collectivités locales, critiquant l'adoption par la Cour de la méthode d'échantillonnage. Il a également critiqué les réactions et les déclarations du gouvernement suite à la publication du rapport, soulignant le manque d'empressement pour diligenter des poursuites judiciaires, le non respect des engagements souscrits dans la déclaration du gouvernement en matière de dynamisation des mécanismes du contrôle. L'organisation de cette rencontre a, selon les députés du parti, pour objectifs d'être au fait du contexte et du contenu du rapport de la Cour des comptes et par la suite de disposer d'une base objective et solide de leur position en tant qu'"opposition constructive loin des conflits politiciens d'une opposition mécanique et non productive".