Les préparatifs sont presque bouclés. Le dimanche 16 mai, la mission commerciale s'ébranlera vers le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. Comme sa précédente, cette deuxième mission de prospection commerciale affiche également de bonnes perspectives. Celles-ci se constatent à différents niveaux. D'abord à travers la liste des participants qui connaît un allongement important. Un témoignage fort de l'intérêt que suscite le voyage auprès des entreprises et des institutions marocaines. Ensuite, par le nombre d'activités B to B programmées et la sérénité avec laquelle Maroc Export gère son agenda. Pour revenir au nombre des participants, celui-ci est passé de 71 entreprises et institutions lors de la première caravane à 117 pour la deuxième. Ce nombre inclut la presque totalité des organisations ayant participé au premier voyage, ce qui, selon Maroc Export, est un signe de la satisfaction de ces entreprises et de leur envie de poursuivre leur «épopée» africaine. C'est également un indicateur de réussite, se réjouit Saâd Benabdallah. Au programme, environ 3.000 rendez-vous B to B sont prévus et chaque entreprise aura droit, en moyenne, à cinq à dix rendez-vous. Ce qui constitue une occasion indiquée pour d'éventuelles négociations de partenariats ou signatures de contrats commerciaux. Le reste des rendez-vous sera consacré aux séminaires et débats thématiques permettant d'échanger des vues sur les environnements d'affaires des pays concernés. Témoignant à ce propos, Mohamed Ahmadi, directeur général de SICLA, une société spécialisée dans la fabrication de biens d'équipements et de fournitures de bureau, partant pour la première fois en terre africaine, nous explique ses attentes : «Nous constatons qu'il y a de plus en plus d'opportunités en Afrique dans notre secteur. Notre participation à ce voyage nous permettra donc d'y faire nos premier pas et d'entrer en contact direct avec des partenaires potentiels avec lesquels nous pourrons à court terme développer des points de vente dans leur pays». Secrets de fabrication Dans cet engouement, l'approche marketing développée par Maroc Export y est aussi pour quelque chose. Selon Benabdallah, ces opérations sont étudiées de façon minutieuse. La démarche consiste à faire, pour chaque voyage, une analyse «SWOT» pour identifier les points forts, les axes d'amélioration, les opportunités et les menaces existant dans les relations politiques et commerciales entre le Maroc et les pays cibles. Objectif: savoir ce que le Maroc peut exporter ou importer et zoomer sur l'évolution de chaque pays pour étudier les possibilités d'implantation. La deuxième étape consiste, quant à elle, à identifier les participants par secteur, en tenant compte de l'analyse déjà dressée, sur la base de critères tels le chiffre d'affaires réalisé par l'entreprise en Afrique, sa croissance, le nombre de pays avec lesquels l'entreprise traite... Il y a aussi un volet organisation des voyages orchestré. Pour ce déplacement, des membres de l'équipe de Maroc Export sont déjà sur place dans les différents pays depuis près d'une semaine pour préparer la venue de la délégation. Une autre recette du succès de Maroc Export réside dans la mise à contribution à la fois des autorités marocaines et de celles des pays visités. En faisant diriger ses voyages par un ou plusieurs ministres, Maroc Export a ainsi trouvé l'astuce pour donner un caractère plus officiel aux missions de prospection qu'il organise. Les entreprises se bousculent Pour cette deuxième caravane, Maroc Export s'est aussi relativement heurté au revers de son succès. L'engouement est tel qu'il a eu du mal à arrêter la liste définitive des participants, tant les entreprises continuent à se «battre» pour faire partie du voyage. À ce propos, nous confie Lamia Bouzbouz, responsable communication de Maroc Export, lors de notre passage au siège de cet organisme le vendredi 7 mai dernier, «les opérateurs se bousculent pour faire partie du voyage. Jusqu'à présent, il y a des entreprises qui continuent à appeler pour demander à déposer leur dossier». Le mercredi 12 mai, lors d'une interview, Saâd Benabdallah nous a également confirmé qu'il y avait au total quarante-deux entreprises qui ont déposé leur dossier et payé leur ticket de voyage mais, pour des raisons logistiques, celles-là ne pourront pas partir avec le vol spécial dédié à la délégation. «Nous préférons faire un travail qualitatif bien géré que de faire dans la quantité», souligne également le directeur de Maroc Export. Commentant cette euphorie, un chef d'entreprise nous explique qu'en effet, le fait de partir en prospection avec Maroc Export est un atout, car il permet d'ouvrir des portes qu'on aura autrement beaucoup de peine à ouvrir. «La promotion des exportations n'est pas un événement»Saâd Benabdallah : Directeur général de Maroc Export Les Echos quotidien : La caravane Maroc Export semble désormais l'une de vos activités phares. Quelle en est la philosophie ? Saâd Benabdallah : La caravane est une opération commerciale à 100%. C'est une initiative visant à consolider les acquis et à donner une impulsion aux échanges et aux partenariats existants entre le Maroc et l'Afrique. Elle s'articule autour de trois axes. Le premier, c'est la vision de notre coopération. Celle-ci consiste à faire du partenariat Sud-Sud un des éléments clés de notre développement et de nos relations commerciales avec les pays d'Afrique. Les deux autres axes sont la stratégie et la démarche de Maroc Export. L'idée est d'exporter, d'importer et de s'implanter. Mais la promotion des exportations n'est pas un événement, c'est un processus. L'objectif est aussi d'avoir de la complémentarité de la complicité et de la continuité. L'initiative semble connaître du succès et les chefs d'entreprises se disent satisfaits. Quels sont les ingrédients de cette réussite ? Nos opérations sur l'Afrique sont des missions bien étudiées, suivant différentes étapes. La première a consisté en une analyse SWOT. S'agissant des points forts identifiés, on peut citer l'existence de lignes aériennes entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne et la présence d'institutions financières et d'entreprises marocaines dans ces pays. Mais le point le plus fort reste les relations historiques (culturelles, politiques et diplomatiques). Concernant les axes d'amélioration relevés, l'un des plus importants serait de penser à établir des liaisons maritimes et à diversifier les débouchés à l'export comme à l'import. Un autre axe à améliorer concerne la balance commerciale du Maroc avec le continent. Celle-ci est encore relativement déficitaire. Les opportunités, elles, résident d'abord dans le fait que la majorité des pays d'Afrique sont en train de se développer avec dans certains cas des taux de croissance à deux chiffres. De plus, tous les pays africains ont aujourd'hui des plans de développement, que ce soit au niveau humain, économique ou celui des infrastructures. La deuxième étape correspond au ciblage des participants à la caravane, qui obéit lui aussi à la même logique. Dans cette approche, quels objectifs vous fixez-vous habituellement en organisant vos missions de promotion ? Maroc Export est un outil marketing. Et dans cet outil, il y a un positionnement, donc tout doit être calculé. Notre objectif principal est de faire en sorte qu'il y ait un retour sur investissement pour les entreprises que nous accompagnons et leurs partenaires. Notre ambition, c'est donc de voir que les exportateurs qui nous suivent une première fois sont satisfaits et reviennent avec nous dans d'autres missions.