Le taux de pénétration de la contrebande s'établit à 7,46% à fin mai contre 14,02% une année plus tôt. Marlboro, American Legend, Gauloises Blondes, Camel… demeurent les principales marques commercialisées dans ce circuit. Les opérateurs estiment que cette baisse est conjoncturelle. La contrebande de cigarettes a fondu de moitié en 2016. Selon une récente étude réalisée par le cabinet LMS-CSA pour le compte de l'Administration des douanes et des impôts indirects et communiquée en exclusivité à La Vie éco, le taux de pénétration pondéré des cigarettes de contrebande était de 7,46% à fin mai 2016, contre 14,02% une année plus tôt et 12,48 % en 2014. Cette régression donne une lueur d'espoir aux opérateurs du secteur qui prévoient une progression des ventes des cigarettes, en stagnation depuis trois ans déjà. Les recettes de l'Etat ne sont pas en reste. La taxe intérieure de consommation générée par la vente de cigarettes est en hausse de 17% sur la même période. Cette étude révèle que le taux de pénétration de la cigarette de contrebande a fortement chuté dans les zones urbaines, passant de 17,98% à 9,25%. Dans le rural, ce taux est tombé à 3,89% contre 6% pour l'année écoulée. L'oriental est la région la plus touchée par le phénomène avec 54,6% des cigarettes qui y sont consommées. Les quantités écoulées dans cette région représentent également 49% du total des paquets de contrebande écoulés au Maroc. Dans la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra et Oued Eddahab-Lagouira, l'informel ne représente plus que 51,5% de la consommation au lieu de 75% une année plus tôt. L'étude révèle que 12,3% des paquets illégaux de cigarettes écoulés sur le marché national ont été commercialisés dans le Sud du pays. La région de Guelmim-Essmara en est à 20,9% de taux de pénétration contre 46% en 2015. Dans le Nord (Tanger et Tétouan), ce taux a été réduit de moitié pour s'établir à 12%. Les fumeurs de la région consomment 11,6% du total des produits illégaux écoulés dans le pays. Les opérateurs expliquent cette baisse enregistrée dans les régions frontalières par le renforcement des contrôles. «Pour des raisons d'ordre politique, les autorités ont resserré le contrôle dans ces régions, principalement dans le Sud du pays. Ces mesures ont eu un impact très positif en matière de lutte contre la contrebande», explique un opérateur du secteur. Cette vigilance s'est également traduite par une baisse des quantités écoulées dans les autres régions du pays. Preuve en est que dans le Grand Casablanca, le taux de pénétration est désormais de 5,9% alors qu'il était à plus de 12% en 2015. Toutefois, les habitants de la région consomment 8% du total des quantités introduites illégalement au Maroc. La région Fès-Boulemane considérée comme le point névralgique de la distribution des cigarettes de contrebande au Maroc a également enregistré une forte baisse du taux de pénétration qui passe de 13,4% à 3,1%. Ce taux ne dépasse pas les 2% dans le reste des régions contre 4% en 2015. Marlboro représente 59% du volume écoulé Marlboro, American Legend, Gauloises Blondes, Camel, Mikado, Empire Royals et Winston demeurent encore les principales marques commercialisées dans le circuit illégal. L'étude révèle que «90% des paquets de contrebande vendus sont de quatre marques, en l'occurrence Marlboro, American Legend, Gauloises Blondes et Winston». «Marlboro reste la plus commercialisée avec 59%». Cependant, la part de cette marque a régressé de 3 points suite aux efforts engagés par Philip Morris Maroc à travers une campagne de sensibilisation intitulée «Tous contre le commerce illicite». La société a aussi changé le design du paquet Marlboro et celui du sigle gravé sur les tiges. L'objectif était, explique un dirigeant, de permettre aux fumeurs qui consomment «involontairement» ces produits de faire la distinction entre les produits légaux et ceux de contrebande ou contrefaits. Malgré tous ces efforts, sa marque phare reste la plus vendue dans le circuit illégal. Dans la région du Sud, elle occupe 77% du marché. Ce pourcentage est évalué à 73% dans l'Oriental, 60% à Fès-Boulemane et 41% dans le Grand Casablanca. De par son prix très accessible (entre 8 et 10 DH), American Legend est la deuxième marque la plus demandée dans l'informel avec 16% de part de marché. Les consommateurs de cette marque se trouvent principalement dans les zones rurales, notamment dans les régions de Chaouia-Ouardigha, Souss-Massa-Draa, Gharb-Chrarda-Bni Hsen, Tadla-Azilal et Marrakech-Tensift-El Haouz. La marque Gauloises blondes (appartenant à la Société marocaine des tabacs) occupe la troisième place avec 12% de part de marché. Elle est distribuée principalement dans les régions de Taza-El Hoceima-Taounate, Tanger-Tétouan et Marrakech-Tensift. Winston et Camel appartenant à Japan Tobacco International occupent respectivement la 4e et 5e place avec 5% de part de marché illégal. De l'avis des opérateurs du secteur, le reflux de la contrebande se traduira par une hausse des ventes au titre de l'exercice en cours. Néanmoins, cette tendance est conjoncturelle, puisqu'elle s'explique par le renforcement temporaire du contrôle aux postes frontières et l'augmentation des prix des cigarettes en Algérie due à la révision à la hausse de la taxe sur les tabacs manufacturés. A ces deux éléments s'ajoute également la commercialisation des marques de tabac mixte à un prix bas, en l'occurrence Next et Fox, respectivement à 15 et 12 DH. Or, suite à la décision du ministère de reclasser Next dans la catégorie des tabacs jaunes, une mesure qui s'est traduite par l'augmentation du prix de la marque à 20,50 DH, ainsi que la possibilité d'alignement de la taxe sur les tabacs bruns sur celle des tabacs jaunes à partir de janvier 2017, le taux de pénétration de la contrebande pourrait probablement repartir à la hausse d'ici fin 2017, prévoient ces opérateurs.