La compétitivté des villes a besoin d'une planification plus stratégique, notamment quant aux dépenses d'infrastructures et à l'emplacement des activités industrielles et commerciales. L'économie d'une nation se fonde sur le fait que les richesses et les compétences tendent à se polariser dans quelques points du territoire mais pas n'importe lesquels, plutôt dans des villes métropoles offrant des coûts et des facilités d'intermédiation particulièrement compétitifs. Nos villes suivent des processus complexes de développement économique déterminés par des forces et mécanismes dont le nombre et la variété sont infinis. Un point fait consensus, à savoir que l'urbanisation engendre une forte demande d'équipements et d'infrastructures, qu'elle émane des besoins des catégories sociales ou des entreprises en quête de localisation bénéficiant d'externalités positives. La compétitivité de l'économie nationale est de plus en plus déterminée par la performance et la compétitivité des villes. Et de la manière dont les villes jouent un rôle moteur dans la croissance économique propre et dans l'hinterland rural. Ce rôle risque d'être contraint par l'impact des retards dans la fourniture des infrastructures et services de base sur la compétitivité des villes et des entreprises. Les contraintes qui pèsent sur la capacité des villes marocaines à porter la croissance économique (aménagement du territoire, mobilité urbaine, efficience énergétique) conduisent à repenser les outils de planification urbaine. Aujourd'hui, moins des 2/3 du PIB national est produit dans des villes, surtout les métropoles régionales et les villes de grande taille. Face aux enjeux de la croissance économique, les villes marocaines sont confrontées à de nombreux défis : un processus d'urbanisation intense, une amélioration des conditions de vie urbaine, la promotion d'un modèle de ville durable, le soutien aux activités économiques et à l'emploi local, une politique de décentralisation qui doit répondre aux besoins d'équipement et de gestion des tissus urbains. Ces défis appellent la construction d'une stratégie de développement urbain. Actuellement, la politique urbaine est concentrée sur le rattrapage des besoins et la mise à niveau des tissus urbains. Les collectivités locales focalisent leurs interventions sur l'offre des services et d'équipement de base. La déclinaison urbaine des politiques sectorielles de l'Etat se fait au travers de l'offre et de l'aménagement du foncier et de l'intégration a posteriori des programmes dans le schéma et plans d'aménagement existants. Il en est de même des grands projets structurants non prévus initialement dans ces plans. Cette intégration se fait en fonction des réserves foncières publiques disponibles ou à coup de dérogations. La mise en œuvre de ces stratégies sectorielles fait appel à des modalités de gouvernance collaboratives ponctuelles entre l'autorité locale, les services de l'Etat, les collectivités locales et les acteurs socioéconomiques.... De cette pratique de l'urbanisme, il ressort que les outils classiques de la planification urbaine (schémas et plans d'aménagement, plans d'occupation des sols..) sont peu efficients pour booster la compétitivité des villes et leur attractivité dans des environnements nationaux ou internationaux extrêmement concurrentiels. Le doute sur leur capacité à traiter des enjeux actuels de développement urbain est de plus en plus largement partagé. Ces outils de planification ont en effet été conçus, d'une part, pour organiser la croissance démographique des agglomérations, et, d'autre part, pour établir des équilibres dans l'occupation du sol en termes de constructions résidentielles et niveau des équipements publics. Ils apparaissent, aujourd'hui, peu adaptés lorsqu'il s'agit de gérer la transformation des espaces urbains dans un contexte d'ouverture de l'économie nationale et de son insertion dans une compétition mondiale entre les territoires. De nouveaux outils de planification urbaine doivent être inventés. Pour différentes raisons les schémas et plans d'aménagement actuels continuent de privilégier l'occupation des sols sans prendre suffisamment en compte les dynamiques économiques et sociales des villes; l'aménagement urbain finit par ne suivre aucune stratégie, sous l'effet des coups-parties des grands programmes structurants. La nouvelle planification urbaine doit intégrer d'autres principes, notamment celui de la compétitivité des territoires. Cela exige une meilleure prise en compte de la mobilité des biens et services, des capitaux et des hommes, de la logistique. Tout en restant attaché aux principes de la cohésion sociale, la planification urbaine est appelée à se préoccuper de la durabilité environnementale et du cadre de vie. Dans cette perspective, la planification urbaine doit aussi se doter d'une nouvelle démarche. L'approche par le haut a perdu de sa pertinence, en raison de son formalisme, de son inefficacité à gérer la dynamique du développement territoriale et à assurer une intégration efficiente des projets structurants dans l'espace. Le système de planification devrait également évoluer en se dotant d'une réglementation moins détaillée, d'une planification plus indicative, d'une structure plus flexible. En somme, la compétitivité des villes a besoin d'une planification plus stratégique, notamment quant aux dépenses d'infrastructures et à l'emplacement des activités industrielles et commerciales. Une planification qui s'appuierait davantage sur une démarche partenariale construite entre les principaux acteurs publics et privés locaux, sur une collaboration plus poussée entre les différents acteurs de l'administration et une plus grande latitude accordée aux élus locaux et aux citoyens.