Selon les estimations des Finances, il s'établira à 5,3%. Sans les recettes de privatisations, il serait monté à 7%. En cause, les charges de compensation des produits (7 milliards de DH) et les indemnités des départs volontaires (8 milliards). Mauvaise nouvelle pour les équilibres macroéconomiques si chers à Fathallah Oualalou, ministre des Finances. L'année 2005 s'achèvera avec un déficit budgétaire – recettes de privatisations comprises – supérieur à 5 % du PIB (5,3% plus exactement, selon les estimations établies par les Finances). En ne tenant pas compte des recettes de privatisations, d'un montant de 7 milliards de dirhams (l'autre moitié étant versée au Fonds Hassan II), le déficit avoisine les 7 % du PIB. Il faut remonter à l'année 2000 pour retrouver une pareille contre-performance. Il faut dire que les finances publiques, cette année, sont soumises à des contraintes très fortes, dans un contexte marqué par un ralentissement notable de l'activité. Les prévisions de croissance ayant été, comme on sait, revues à la baisse suite à la mauvaise campagne agricole et à l'envolée spectaculaire des cours du pétrole : 1,8% selon les Finances et 1,2 %, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP). La marge de manœuvre du gouvernement se trouve de ce fait substantiellement limitée. En réalité, les pressions qui s'exercent sur les finances de l'Etat procèdent moins de la problématique agricole que des autres contraintes qui relèvent, elles, à la fois du conjoncturel, comme la flambée des cours du pétrole, et du structurel, comme les dépenses de fonctionnement et de la dette. Dans une note qu'elle n'a pas encore rendue publique, la direction des Etudes et des prévisions financières (DEPF) du ministère des Finances, indique en effet que l'impact de la sécheresse sur les recettes fiscales devient de moins en moins important. La preuve, selon la DEPF, le manque à gagner des recettes a été évalué à 600 MDH en 2005, contre 900 millions lors de l'exercice budgétaire 1999/2000. «Ceci est imputable à la baisse de la volatilité de la croissance économique qui rend de plus en plus limité l'impact d'une mauvaise campagne agricole sur les autres secteurs d'activité et, partant, sur les recettes fiscales», explique la DEPF. A ceci près, néanmoins, que cette explication ne vaut que dans une situation où les pouvoirs publics n'interviennent pas pour soulager ce secteur lorsqu'il est en difficulté. Ce qui n'est pas le cas puisque l'Etat a mis en place un programme de soutien en faveur des ruraux, d'un montant de 3 milliards de dirhams, sans parler des mesures de réduction de la dette auprès du Crédit Agricole du Maroc. Passer du déficit budgétaire au déficit public En revanche, ce qui a sérieusement malmené les finances publiques c'est, d'une part, les dépenses exceptionnelles, comme les départs volontaires à la retraite, et, d'autre part, le renchérissement des cours du pétrole. Ainsi, pour l'année 2005, les dépenses à caractère exceptionnel ont consisté en l'apurement des arriérés de l'Etat à l'égard de la Caisse marocaine des retraites (CMR), pour 11 milliards de DH, et l'imputation à l'exercice budgétaire actuel d'une partie du coût de l'opération des départs volontaires, de l'ordre de 8 milliards de DH. Quant à l'impact de la hausse du pétrole, malgré les réajustements partiels des prix intérieurs intervenus en deux fois, le 16 mai et le 7 août, la charge de compensation à fin septembre s'est élevée à 4,3 milliards de DH; elle devrait atteindre 7 milliards à la fin de l'année (6,4 milliards en 2006, si la situation actuelle demeure inchangée). Cela dit, ces dépenses exceptionnelles, comme leur nom l'indique, non seulement ne se répéteront plus mais, en plus, elles pourraient se traduire, à terme, par des gains en termes de recettes fiscales puisque les fonctionnaires ayant choisi de partir devraient pouvoir se recycler en créant leur propre affaire. D'autre part, il est peut-être temps d'appréhender autrement cette problématique du déficit budgétaire. Comme cela se fait ailleurs, en France en particulier, il faudrait parler non plus de déficit budgétaire mais de déficit public (ce dernier incluant les comptes sociaux et les comptes des collectivités locales). Pour ce faire, il y a lieu de mettre en place un compte consolidé de l'Etat, ce à quoi travaille le ministère des Finances. Selon les experts, cette approche améliorerait sensiblement le niveau du déficit, du moins pour quelques années encore. La Banque mondiale, qui s'est essayée à ce calcul, a en effet estimé que le déficit public du Maroc en 2004 était seulement de 2 % (contre 3,5 % pour le déficit budgétaire). A long terme, cependant, les choses risquent de se gâter, car, on le sait, les comptes sociaux seront alors largement déficitaires.