Le ministère des Finances estime la population cible à 3,2 millions de personnes Douze associations ou ONG travaillent dans le secteur. Né dans les années 1990, avec un essor fulgurant dès 1995, le microcrédit affiche une excellente santé. Depuis cette époque et jusqu'au 30 septembre 2005, les 12 associations ou ONG spécialisées dans le domaine ont distribué un peu plus de 7, 7 milliards de DH de crédit. En tête de peloton, Al Amana, Zakoura et la Fondation BP, avec des montants respectifs de 3,45 milliards de DH, 1,83 milliard et 1,7 milliard. A la date d'arrêté de ces chiffres, l'encours des crédits octroyés totalise près de 1,18 milliard de DH, dont 91 % reviennent aux trois grandes structures déjà citées. Le reste des engagements est partagé entre diverses autres structures, en l'occurrence le Fondep (44,5 MDH), la Fondation Crédit agricole (17,4 MDH), l'AMSSF (20 MDH), l'Inmaa (11,2MDH), Al Karama (7,1 MDH), Ismaïlia (7,5 MDH) et Atil (5,5 MDH). Au total, le nombre de clients actifs se monte à près de 575 000, dont 68 % de femmes. Parmi les bénéficiaires (terme préféré par les professionnels à celui de client), 60 % résident en milieu urbain, 20,6 % en zone périurbaine et 42,4 % en zone rurale. A en croire les associations interrogées par La Vie éco, la marge de progression est encore très importante. Par conséquent, elles espèrent atteindre très rapidement un million de bénéficiaires. 10 % des bénéficiaires estiment avoir augmenté leur patrimoine Cet objectif est parfaitement réalisable, étant entendu que le ministère des Finances estimait, en 2003, la population ciblée à 3,2 millions de personnes. Les associations, qui font figure de fer de lance en matière de lutte contre la pauvreté, ne ménagent donc pas leurs efforts pour conquérir de nouveaux bénéficiaires. Certaines d'entre elles fixent même des objectifs à leur personnel. Par exemple, à Zakoura, on parle de 90 à 110 personnes par semaine, alors qu'à Al Amana la barre est fixée entre 7 000 et 8 000 emprunteurs par mois. La quête du volume n'occulte guère les préoccupations de sécurité. Du coup, les risques sont limités au minimum. D'ailleurs, le taux de remboursement peut même faire pâlir de jalousie les établissements de crédit, même s'il est vrai qu'avec des prêts moyens de l'ordre de 2 000 DH, la comparaison risque d'être biaisée. Selon la FNAM (Fédération nationale des associations de microcrédit au Maroc), ce taux de remboursement était de 99,29 %, à fin septembre 2005. La ponctualité des emprunteurs n'est pas seulement due à la vigilance des organismes prêteurs, elle découle aussi du fait qu'ils arrivent, de manière générale, à faire fructifier les fonds reçus. Selon une étude d'impact commanditée en 2004 par le ministère des Finances et la FNAM, 10 % des clients estiment avoir augmenté leur patrimoine grâce au microcrédit. Il est important de noter à cet égard que seulement 5 % des bénéficiaires utilisent les ressources reçues pour lancer une nouvelle activité. Quoi qu'il en soit, ils reconnaissent majoritairement devoir au microcrédit une nette amélioration de leur alimentation ou, plus généralement, le renforcement de leur autonomie, ce qui est en rapport avec la santé et l'instruction de leur progéniture, par exemple. Bref, son rôle de filet social ne peut être remis en cause. Mais pour continuer à croître durablement, le secteur doit s'attacher à trouver des sources de refinancement pérennes. En effet, si la période de grâce pour la TVA vient d'être prorogée pour cinq autres années, l'interdiction de récolter l'épargne pour les AMC (Associations de microcrédit) est une grosse contrainte à gérer. La recherche d'alliances avec de grands bailleurs de fonds est donc une voie à prospecter rapidement. Les exemples à méditer sont nombreux, notamment en Amérique Latine.