Elle permettra de ne pas gêner le travail de balayage qui a lieu le matin L'appel d'offres pour la gestion de la nouvelle décharge sera lancé en octobre prochain. C'est décidé, à Casablanca, la collecte des ordures se fera désormais la nuit. Tecmed, qui s'occupe de la plus grande partie de la ville, annonce qu'elle adoptera la nouvelle organisation du travail dès la fin du Ramadan. Les autres, à savoir Segedema et Sita Al Beida, suivront. En attendant, la décharge de Médiouna se met au diapason : elle fonctionne déjà 21 heures sur 24. La nouvelle organisation ne pouvait cependant pas être mise en pratique sans l'accord des syndicats. Ils exigent en effet le partage des gains qui seront réalisés, sachant que le travail de nuit permet notamment aux sociétés délégataires de réduire leur consommation de carburant. Du personnel recruté hors commune pour rester opérationnel en cas de grève Pour Tecmed, un accord sur les primes est quasiment trouvé avec ces syndicats. Elles sont fixées globalement à 910 DH/mois, dont 790 pour le travail de nuit et 120 pour le transport. A ces primes s'ajouteront les gratifications mensuelles prévues dans le contrat. Le montant était de 600 DH en 2004, 690 DH en 2005 et sera porté à 765 DH en 2006. Actuellement, il arrive que cette prime atteigne 1 800 à 2 000 DH, en fonction du rendement de l'employé et de son niveau de responsabilité, alors que le salaire moyen est de 2000 DH. Cet accord est très important d'autant que, pour un ramassage parfait des ordures, le matériel roulant et autres équipements ne suffisent pas. Il faut aussi des agents en nombre suffisant. A ce niveau, Tecmed s'appuie sur les 1 060 agents de la commune et ses 400 employés qu'elle a directement recrutés. Et ce personnel propre lui est très précieux. Pour Luis Manuel de la Campa, directeur d'exploitation de Tecmed Maroc, il permet d'assurer la continuité du travail en période de crise. De manière plus prosaïque, il considère que la collecte des ordures est un service public et qu'en cas de grève, il faut maintenir un service minimum à effectuer par 200 agents au moins sur le territoire concédé. De plus, l'emploi d'agents propres permet aux sociétés de collecte de diffuser plus rapidement les nouvelles valeurs de travail, dont l'augmentation du rendement. Il s'agit d'inciter les employés à ne plus perdre leur temps à collecter certains matériaux destinés à la revente. Une pratique que l'on cherche à éradiquer définitivement. La ville gère, la wilaya contrôle Par ailleurs, la généralisation de la collecte de nuit offrira la possibilité aux délégataires de mieux gérer le balayage le jour car celui-ci sera plus aisé lorsque la collecte sera terminée à 7 heures du matin. En effet, il s'avère que la pratique des deux simultanément n'est pas efficace : les poubelles peuvent être renversées, alors que le balayeur est déjà passé par là… Après des débuts difficiles, il semble que les sociétés délégataires maîtrisent aujourd'hui leur sujet. Par ailleurs, la ville est mieux organisée. Pour veiller au respect du cahier des charges, des comités de suivi, constitués d'un représentant de la préfecture et d'un technicien de l'arrondissement, sont créés au niveau de chaque préfecture. Les réclamations sont traitées au niveau local et les doléances remontent au niveau de la commune lorsque le problème est insoluble. L'ensemble de ces réclamations est centralisé au niveau d'un service de suivi des concessions de collecte et de nettoiement. En somme, chacun sait désormais à qui s'adresser en cas de problème. Au départ, raconte Philippe Glain, directeur des exploitations de Segedema, «j'avais des difficultés à situer mon interlocuteur : commune ou wilaya». Aujourd'hui, il sait que les responsables de la commune de Casablanca sont les donneurs d'ordre et ceux des préfectures des contrôleurs de l'exécution du travail de collecte et de nettoiement, au même titre que les représentants des arrondissements. M. Glain se félicite de cette clarification et souligne que les sociétés délégataires «ont la conviction que la commune veut instaurer de réelles relations de partenariat». Seul hic, selon Jean-Pierre Salzmann, DG de Sita Al Beida : parfois, les demandes d'interventions ponctuelles sont très nombreuses, avec pour conséquence la perturbation de la programmation de l'entreprise. Il cite la collecte de gravats déposés dans des terrains vagues ou encore la récupération des déchets suite aux travaux d'élagage des arbres. Des solutions sont trouvées au cas par cas. Lorsqu'il s'agit de la collecte de gravats, qui ne fait d'ailleurs pas partie du contrat, Tecmed par exemple a obtenu d'être rémunérée à 50 % du prix de la tonne des déchets ménagers. «Ce tarif ne couvre même pas les coûts engendrés par la collecte, mais nous le faisons volontiers», expliquent les responsables de l'entreprise qui fait tout de même d'une pierre deux coups puisqu'elle évite la création spontanée de décharges sauvages. Dans le même sens, il a été créé courant août des mini-dépotoirs dans des terrains vagues qui étaient voués à recevoir les déchets d'élagage et les gravats. Certains de ces terrains vagues sont clôturés et gardés et des bacs prêts à recevoir les déchets sont mis en place. Projet de réaménagement de la décharge de Mediouna Cette volonté de faire de Casablanca une ville propre se traduit également par le projet de réaménagement de l'actuelle décharge de Mediouna. Une étude de réhabilitation est lancée et les résultats seront connus début octobre mais cette décharge aura encore une durée de vie d'une année ou deux. Par conséquent, les études pour l'aménagement d'une nouvelle décharge mitoyenne à l'actuelle sont lancées. Les résultats de l'étude d'impact sont déjà connus. Les responsables de la commune effectuent une présélection des entreprises qui participeront à l'appel d'offres prévu pour fin octobre. Les trois délégataires, qui ont d'ailleurs tous répondu à l'appel à manifestation d'intérêt, attendent avec impatience l'ouverture de cette nouvelle décharge de 75 ha prévue pour la fin de l'année prochaine, l'état de l'actuelle décharge leur posant des problèmes d'accès notamment en cas de pluie. Luis Manuel de la Campa, DG de Tecmed, pense toutefois qu'il serait plus économique que la commune introduise dans son appel d'offres la réhabilitation de la décharge de Sidi Moumen, qui n'est plus opérationnelle depuis près de 10 ans. Selon lui, cette ancienne décharge pose des problèmes environnementaux sérieux. Quoi qu'il en soit, Mehdi Berradi, secrétaire général du conseil de la ville de Casablanca, est satisfait. Il considère que la délégation de la collecte des ordures et de nettoiement compte au moins deux points forts. Tout d'abord, elle consacre l'unité de la ville et a permis de traiter de la même manière tous les quartiers de la ville, aussi bien les quartiers périphériques que ceux du centre. Ensuite, la délégation à trois sociétés différentes permet de créer une émulation. En outre, le fait que ces sociétés relèvent de pays différents permet de profiter d'expériences variées en matière de gestion des ordures ménagères Ancienne médina, avant/après. Aujourd'hui, la collecte des ordures tend à traiter de la même manière tous les quartiers de la ville, du centre ou de la périphérie. Casa a-t-elle les moyens de ses ambitions ? L e patron de Sita El Beida soulève la question des retards de paiement, qui n'est pas évoquée par les autres délégataires. Pour autant, M. Salzmann affirme que seules les factures de mai ont été réglées, alors que celles de juillet devraient l'être aussi, sachant que le contrat prévoit un paiement 30 jours fin de mois. Interrogés sur ce point, les responsables de la commune précisent que les factures de juin ont été bel et bien réglées. D'ailleurs, les deux autres délégataires ayant des expériences dans d'autres villes du pays citent plutôt la commune de Casablanca comme un bon payeur. Toutefois, ils craignent que la ville ne soit à court de ressources du fait qu'elle doit continuer à payer les salaires du personnel des communes autrefois employé au ramassage des ordures et qui a refusé de rejoindre les délégataires. Cette crainte est renforcée par les expériences des délégataires dans d'autres villes du pays rattrapées par des difficultés de gestion budgétaire notamment en fin d'année. C'est la raison pour laquelle on encourage les récalcitrants à rejoindre les délégataires. Cela alors que la Segedema, par exemple, emploie 540 agents dépendant de la commune et 450 qu'elle a recrutés