Le torchon brûlait, depuis quelques mois, entre Sita El Beida et la municipalité d'El Jadida. Le bras de fer menaçait de dégénérer à un moment où la ville est en pleins préparatifs de la saison estivale. La société, chargée de l'assainissement de la ville et des cinq douars périphériques du côté de Haouzia, n'avait plus perçu les redevances de la part de la municipalité depuis huit mois et a été forcée de procéder à un dégraissage au niveau des effectifs, notamment saisonniers. Le montant dû s'élève à 10 millions DH. Les Echos quotidien a interpellé la société qui lui a décrit une situation alarmante en matière de trésorerie menant à un blocage en termes d'investissement et de gestion des charges. «Nous sommes confrontés à un manque de liquidités et nous avons été obligés de procéder à une compression du personnel dit intérimaire», reconnaît Vincent Roger, directeur d'exploitation de Sita El Jadida. Ce ne sont pas moins de 40 ouvriers qui ont été remerciés, faisant ainsi monter la pression au niveau de la ville, sachant que la population double, voire triple avec les vacances de l'été, amenant la société gestionnaire à traiter des volumes d'ordures ménagères et de déchets plus volumineux. Retard de 8 mois À en croire Sita El Jadida, le tonnage traité oscille entre 150 et 160 tonnes en moyenne mensuelle durant l'année avec un pic de 210 tonnes mensuellement pendant les trois mois de l'été. Auprès de la commune, les responsables admettent effectivement qu'il y a eu défaut de paiement depuis septembre 2010 avec un retard de 8 mois. «Le retard des payements est simplement dû à des problèmes administratifs internes», explique Mustapha Mahi, vice-président chargé du dossier à la commune d'El Jadida. Il y a lieu de noter que la situation s'est bloquée depuis l'arrestation d'élus et de fonctionnaires incriminés par le dernier rapport de la Cour des comptes. Pour rappel, 17 personnes ont été mises en garde à vue et 13 autres sont poursuivies en liberté provisoire. Depuis, les élus et les fonctionnaires sont devenus plus réticents à traiter les dossiers administratifs engageant une quelconque responsabilité, notamment financière. Aujourd'hui, les choses semblent entrer dans l'ordre. Preuve en est, «les décomptes viennent d'être signés pour débloquer la situation», déclare le vice-président de la commune d'El Jadida. Sita El Beida disposera donc de ses fonds dès cette semaine. Déjà, le PV de réception a été signé et des conteneurs neufs ont fait leur apparition dans la ville. Rassuré par l'arrivée des fonds, le directeur de Sita El Jadida pense déjà à trouver des solutions pour améliorer les services de la société et, surtout, à sensibiliser la population afin d'adopter des comportements citoyens. Que prévoit la concession ? Le contrat de 7 ans passé avec Suez Environnement comprend la collecte et le transport en décharge des ordures ménagères ainsi que les gravats et déchets verts, le balayage de la ville et le nettoyage des plages. La concession a été déléguée pour un montant de 16,4 millions de DH par an. Selon le cahier des charges, la société doit assurer la propreté de la ville en plus de cinq douars périphériques du côté de Haouzia. De plus, l'élagage des arbres d'alignement devra s'effectuer une fois par an. Sita doit aussi procéder au nettoyage à l'eau des places publiques (surtout les marchés et les souks). Ainsi que des alentours de l'ancienne décharge située actuellement à l'intérieur d'El Jadida. Sita aura à traiter quelque 46.000 tonnes de déchets par an. Le marché a été cédé pour le traitement de 49.000 tonnes/an en prévision de l'expansion de la ville.