Les avoirs bancaires des ménages et des entreprises non financières ont fortement progressé. Une tendance qui s'explique par le ralentissement des dépenses et l'amélioration des réserves de change. Les dépôts des entrepreneurs individuels stagnent. Les dépôts bancaires ont enregistré une croissance notable en 2015. Ils ont atteint 815,2 milliards de DH à fin décembre, en hausse de 6% par rapport à 2014, selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib. Cela traduit-il une amélioration des revenus des déposants, qu'ils soient des personnes physiques ou morales ? Pour les analystes, c'est principalement le tassement des dépenses de consommation et d'investissement qui explique cette tendance. L'évolution du crédit bancaire le prouve. Son encours n'a progressé que de 2,7% l'année dernière, à 784 milliards de DH, en raison du ralentissement économique que connaît le pays et la prudence des banques en réaction à la montée des créances en souffrance (voir encadré). Une situation qui pousse les agents économiques à rationaliser leurs dépenses, parfois par simple prudence en attendant un rétablissement de la confiance et la reprise de l'activité. Autre facteur expliquant l'augmentation des dépôts: l'amélioration des finances extérieures du pays et la reconstitution des réserves en devises suite à la baisse du déficit de la balance commerciale résultant de la progression des exportations et de la baisse de la facture énergétique du pays. En tout cas, quasiment toutes les catégories de dépôts se sont appréciées en 2015, et cela concerne les principaux déposants, à savoir les ménages et les entreprises non financières privées. Pour les particuliers, qu'ils soient résidents au Maroc ou à l'étranger, les dépôts à vue ont crû de 7,1% en 2015, à 323 milliards de DH. Ils constituent le gros des avoirs de cette catégorie de déposants, suivis des comptes d'épargne dont l'encours a progressé de 6,7%, à 136,4 milliards de DH, et des comptes à terme et bons de caisse qui totalisent 108,8 milliards de DH, en amélioration de 4,4%. Les dépôts en devises arrivent loin derrière avec 9,1 milliards de DH, mais enregistrent une forte augmentation de 13,2%. S'agissant des entreprises non financières privées, les dépôts à vue ont augmenté de 6,6%, à 93,5 milliards de DH. Les comptes à terme et bons de caisse ont connu une forte expansion de 19,4%, à 28,3 milliards. De même que les dépôts en devises ont progressé de 38,8%, à 7,8 milliards de DH. A noter que les entreprises détiennent un portefeuille de titres d'OPCVM monétaires, assimilés à de la liquidité bancaire, conséquent totalisant 33,8 milliards de DH. Il est en hausse de 10% par rapport à 2014. Les autres déposants du système bancaire sont, entre autres, les entrepreneurs individuels, les sociétés financières et le secteur public hors administration centrale (entreprises et établissements publics et collectivités locales). Les premiers ont un total dépôts de 31,5 milliards de DH, en quasi-stagnation sur une année. Il est constitué en majorité de dépôts à vue, soit à hauteur de 25,6 milliards de DH. Les sociétés financières ont, elles, un encours de dépôts à vue de 9,3 milliards de DH, en amélioration de 23%, et des dépôts en devises pour un montant de 20 milliards de DH, en appréciation de 8,3%. Leurs comptes à terme et bons de caisse sont par contre en baisse de 8,2%, à 13,5 milliards de DH. Enfin, le secteur public affiche un stock d'actifs monétaires de 38,6 milliards de DH, en hausse de 3,2%. Il est constitué principalement de dépôts des sociétés non financières publiques qui totalisent 23,2 milliards, en hausse de 21% sur un an. [tabs][tab title ="Plus de 7% des crédits bancaires sont compromis"]Les créances en souffrance détenues par les banques sur leur clientèle continuent de croître. En 2015, elles ont progressé de 6,9%, à 56,1 milliards de DH. Cette hausse est certes moins importante que celles enregistrées ces dernières années, mais il faut savoir que désormais le poids des impayés dans le crédit bancaire total a dépassé les 7% (7,15% plus précisément). Ce sont surtout les entreprises non financières privées qui continuent de doper l'encours des créances en souffrance. Leurs impayés ont crû de 11,3% l'année dernière, soit un stock de 32,6 milliards de DH représentant 58% du total. Les ménages, constitués des particuliers, des MRE et des entrepreneurs individuels, pèsent aussi beaucoup dans l'encours total (40%, soit 22,8 milliards de DH), mais la tendance de leurs impayés est à la stagnation avec une hausse limitée à 1,3% en 2015.[/tab][/tabs]