Bridées par les importations de matériel d'occasion, le ralentissement des investissements des entreprises de BTP et le développement de la location d'engins, les ventes de matériel neuf restent orientées à la baisse. Les professionnels demandent des mesures de régulation pour arrêter l'importation de matériel d'occasion qui pèse trois fois le marché du neuf. Les ventes de matériel neuf de BTP ne devraient pas se redresser de sitôt. D'après quelques professionnels, l'année 2015 se situera au mieux sur le même volume que 2014, autour de quelque 450 unités vendues. Au cours de l'année dernière, l'activité du secteur avait déjà décroché d'environ 10%. Il faut dire à ce titre que depuis 2008, les ventes se réduisaient de 10 à 15% par an, ramenant le volume écoulé aujourd'hui à la taille du marché il y a une décennie. Rien que pour les cinq dernières années, le secteur à vu son chiffre d'affaires amputé de moitié à environ 3 milliards de DH. Trois raisons principales expliquent ce tassement chez les vendeurs de matériel neuf de BTP. D'abord, le marché est inondé de matériel d'occasion importé qui génère naturellement un important manque à gagner pour les distributeurs de machines neuves. D'après les opérateurs, une grande partie de ces importations émane de sociétés de financement espagnoles qui ont saisi le matériel d'entreprises ibériques en crise, souvent en bon état, et l'écoulent à prix bradés au Maroc. Aussi, une bonne partie de ces importations de matériel d'occasion sont-elles réalisées par des entreprises étrangères de BTP qui décrochent des marchés publics au Maroc et ramènent, leurs propres machines en admission temporaire au lieu d'acheter du matériel localement. Ce matériel d'occasion est également très courtisé par des acteurs effectuant des opérations ponctuelles ( le plus souvent dans l'informel).Tous ces facteurs font qu'actuellement plus de 70% du marché est constitué de matériel d'occasion. La deuxième raison avancée par les opérateurs pour expliquer le tassement de leur activité est le développement de la location. Plusieurs sociétés proposent du matériel à des prix très abordables et avec toutes les prestations annexes d'entretien et de maintenance, permettant ainsi aux professionnels du BTP de se concentrer sur leur métier de base. En troisième lieu, dans un contexte de ralentissement économique, plusieurs entreprises de BTP se sont trouvées obligées de ralentir voire d'annuler leurs investissements en matériel neuf, aussi bien dans l'extension que le renouvellement de leur moyens d'exploitation. A ce titre, la moyenne d'âge du parc d'engins utilisé dans les chantiers de BTP dépasse neuf ans selon les estimations des professionnels. Mais si les deux dernières causes sont liées à la dynamique du marché, c'est surtout le niveau des importations de matériel d'occasion qui préoccupe au plus haut degré la vingtaine de vendeurs du matériel neuf en exercice sur le marché. Rassemblés sous la houlette de leur association Aim BTP, ils continuent leurs pourparlers avec le ministère de l'équipement pour trouver une solution à ce phénomène qui leur porte préjudice et en même temps représente, d'après eux, un manque à gagner énorme pour les caisses de l'Etat en termes de rentrées fiscales. Aussi, ils estiment que ce matériel d'occasion est généralement vétuste, provoque une plus grande pollution et constitue une menace pour la sécurité des conducteurs. Sans parler des retards de chantiers, et des surcoûts entraînés par les éventuelles défaillances. Face à cette situation , l'Association des importateurs de matériel neuf est montée au créneau pour interdire l'entrée sur le territoire national de produits d'occasion ou du moins la réguler au même titre que ce que font déjà des pays voisins. En avril 2014, les opérateurs ont bien accueilli la mise en place par l'Administration des douanes de la procédure imposant l'homologation de tout engin de BTP à moteur importé âgé de plus de 5 ans. Sauf que cette procédure ne s'applique qu'au matériel roulant qui représente 5% à peine du parc utilisé au niveau national, selon les professionnels. Du coup, l'impact de cette mesure est resté extrêmement faible. En conséquence, l'association réclame aujourd'hui la mise en œuvre d'un décret interdisant l'importation de matériel de BTP dont l'âge dépasse 5 ans, ainsi que l'importation de matériel de BTP en admission temporaire dans le cadre des marchés publics. Notons que pour ressortir le bien-fondé de leur requête, les professionnels ont commandé une étude stratégique en phase d'être achevée et dont les premières conclusions ont été bien accueillies par la tutelle, selon l'Aim BTP.