A peine 450 unités devraient être écoulées d'ici fin décembre, alors que le marché enregistrait 1000 ventes par an il y a 7 ans. La baisse s'explique par l'intensification des importations de matériel d'occasion qui représentent aujourd'hui le triple des importations de machines neuves. Ça ne s'arrange visiblement pas pour le marché du matériel de BTP neuf. Les ventes de machines atteindront à peine 450 unités à la fin de cette année, selon les anticipations de l'Aim BTP, association qui rassemble l'essentiel des grands importateurs de matériel neuf, une vingtaine à l'échelle nationale. Ce volume marque une baisse de 10% par rapport à 2013 où 500 unités avaient été écoulées et l'on peut même parler d'effondrement par rapport à il y a 7 ans, où le marché enregistrait plus de 1 000 ventes annuelles. Le marché du neuf continue de sombrer principalement à cause de la montée en puissance des importations de machines d'occasion. On parle actuellement de près de 1 350 unités qui entrent annuellement au Maroc, selon les estimations de l'Aim BTP. Ce qui fait donc que les importations de produits de seconde main pèsent trois fois plus que celles du matériel neuf. A titre de comparaison, «en Algérie, en Tunisie ou en Turquie, l'importation du matériel d'occasion ne dépasse pas 15% du volume total importé», assure Jaafar Tahiri, président de l'Aim BTP. Il faut dire que ces pays ont fortement régulé, voire interdit les importations d'occasion. C'est une démarche similaire que réclament aujourd'hui les importateurs de matériel neuf des pouvoirs publics. En tant que filière organisée qui pourrait être profitable à l'économie, ils défendent l'idée que la prépondérance des produits de seconde main bride leur développement. La taille du marché national du matériel neuf reste en effet très en dessous de ce qui est constaté dans des pays à niveau de développement similaire. Les opérateurs réclament l'interdiction des importations de matériel d'occasion «Alors que le Maroc représente 5,6% du PIB du secteur du BTP en Afrique, il ne pèse que 2% du volume total de machines de BTP vendues sur le continent», illustre le président de l'Aim BTP. Les professionnels estiment que les volumes de vente du neuf sont actuellement trois fois inférieurs à leur potentiel théorique. Les importateurs du neuf avancent d'autres arguments pour défendre leur position contre les ventes de matériel d'occasion. «S'agissant de matériel vétuste, il provoque une plus grande pollution et constitue une menace pour la sécurité des conducteurs», explique M. Tahiri, sachant déjà que l'âge moyen du parc national est de 9 ans. Ces produits d'occasion causeraient en outre des retards de chantiers, entraînant des surcoûts pour la collectivité. Une lueur d'espoir s'est profilée pour les opérateurs avec l'introduction en avril dernier par l'Administration des douanes d'une procédure s'appuyant sur un décret d'application du Code de la route imposant l'homologation de tout engin de BTP à moteur importé âgé de plus de 5 ans. Sauf que cette procédure ne s'applique qu'au matériel roulant qui ne représente même pas 5% du parc utilisé au niveau national. «L'impact de cette mesure est resté extrêmement faible», assure le président de l'Aim BTP. C'est ce qui pousse l'association à réclamer aujourd'hui la mise en œuvre d'un décret interdisant purement et simplement l'importation de matériel de BTP dont l'âge dépasse 5 ans, ainsi que l'importation de matériel de BTP en admission temporaire dans le cadre des marchés publics. Pour donner de la substance à leur requête, les professionnels ont commandé une étude stratégique en phase d'être achevée qui vise à étayer le bien-fondé de la régulation de l'importation du matériel BTP d'occasion. «Les premières conclusions de l'étude démontrent que la prépondérance du matériel BTP importé d'occasion au Maroc a des conséquences économiques, sociales et environnementales néfastes», fait savoir M. Tahiri qui affirme par ailleurs que la démarche a été bien accueillie par la tutelle. Dans ce cadre, une rencontre est prévue avec Aziz Rebbah, ministre de l'équipement, durant ce mois de novembre. Parallèlement, l'Aim BTP s'est rapprochée de plusieurs institutions pour s'adjoindre leur appui. Des rencontres ont en effet déjà eu lieu avec l'Administration des douanes, l'Office des changes, la CGEM et la FNBTP. Le ministère du commerce devrait suivre.