Vingt agences ambulantes ont été lancées par le Crédit agricole, qui sillonnent douars et souks. L'essentiel des opérations courantes peut être traité grâce à une liaison satellite. Si le client ne peut pas aller à sa banque, c'est la banque qui ira à lui. Après avoir opéré sa mutation en société anonyme et s'être progressivement repositionné dans la famille des institutions financières du pays, le Crédit agricole qui table, à l'horizon 2008, sur 350 000 clients agriculteurs (contre 200 000 aujourd'hui), joue la carte de la proximité. Et c'est à leur adresse qu'il a mis sur pied un concept appelé «agence mobile». Une vieille idée revisitée et revue à l'aune des technologies de l'information. Il s'agit d'un guichet ambulant, qui traite des opérations bancaires courantes, en temps réel. Le véhicule est doté des équipements nécessaires et d'une liaison satellite avec le siège régional, qui permet aux clients d'effectuer leurs opérations courantes (dépôt, retrait…) en temps réel et de manière sécurisée. Au souk d'Ahermoumou, rebaptisé Ribat Al Kheir, à 60 km de Fès, l'accueil réservé à l' «agence mobile», ce lundi 5 juillet, est loin d'être folklorique. L'équipement de chaque véhicule revient à 180 000 DH En effet, la banque ambulante est parfaitement intégrée à l'environnement et les clients ne sont pas dépaysés en s'y présentant. Adnane Sidi Ali est agriculteur dans la région de Sefrou et dispose d'un compte dans une agence de cette ville. Il va dans les souks des alentours à la recherche d'opportunités, qu'il s'agisse d'achat de bétail ou de produits sanitaires. Pour lui, la mobilité de l'agence est une aubaine : «Dans un souk, il est toujours dangereux de traîner avec de l'argent en poche. Avec la banque qui me suit, je fais des retraits ou des dépôts, selon la nature des opérations que je traite sur place. Et très souvent, je saute sur des opportunités car je peux solliciter ma banque au moment du souk, qui est un moment privilégié pour faire des affaires». Achibane Aamar, lui, a une boutique d'alimentation générale au village où se tient le souk, chaque lundi. Selon lui, ce souk est important car on y vend aussi bien du bétail que des produits pesticides ou encore des fruits et légumes. Sa clientèle s'élargit ce jour-là et il verse ses grosses recettes le jour même. Sans cela, il serait obligé d'attendre un autre jour ouvrable pour aller à son agence de Sefrou (à 40 km) effectuer l'opération. Moulay Ahmed Belghiti est une vieille connaissance du Crédit agricole et gère les espaces où se tiennent plusieurs souks de la région, qu'il a loué aux communes. Il s'agit de Ras Kabouda, Khemis Sefrou et Menzel. La collecte des recettes provenant du stationnement ou de la location des stands de commerce se fait à plusieurs moments de la journée. Ce jour-là, vers 11 h, il avait versé 15 000 DH à l'agence mobile. Et comme il connaissait les employés de l'agence mobile, il n'avait même pas réclamé son reçu sur le champ et était allé vaquer à ses occupations, après avoir nonchalamment tendu la liasse de billets au responsable de la banque mobile. Selon M. Belghiti, au souk Ribat Al Kheir, le total des transactions doit se situer entre 700 000 DH et 1 million de DH. Et comme pour expliquer que son estimation n'est pas fantaisiste, il étaie ses affirmations : «Vingt camions ont déposé leurs cargaisons depuis ce matin et il faut compter que la valeur de leurs marchandises est de l'ordre de 20 000 DH pour chacun, au bas mot. A cela, il faut ajouter la valeur du bétail, les produits d'alimentation générale, les produits phytosanitaires qui transitent par ce souk et on a les chiffres que je vous ai annoncés…». De plus, l'agence mobile ne limite pas sa prospection au seul souk, mais visite toute la clientèle sur sa trajectoire vers le souk du jour, à 100 km à la ronde. En effet, stations- services et commerces des douars sont soit des clients à visiter pour les dépôts ou les retraits soit des clients à démarcher pour leur expliquer les avantages qu'ils peuvent tirer de la «banque ambulante». L'expérience actuelle n'en est qu'à ses débuts. En effet, au Crédit agricole, on envisage de mettre en circulation des véhicules plus spacieux, mieux agencés et plus conviviaux, où les clients seraient reçus comme dans une agence ordinaire. Aujourd'hui, une bonne vingtaine de voitures sont opérationnelles sur le pays. Chaque engin, hors véhicule, embarque quelque 180 000 DH d'équipements Une vingtaine de véhicules du Crédit agricole est en circulation dans le pays. On envisage à l'avenir des véhicules plus spacieux pour un accueil plus convivial.